Le vrai visage de la Turquie d’Erdogan, c’est celui du totalitarisme islamiste. Les hackers ont « défacé » le site Internet de mon éditeur, Jean-Cyrille Godefroy, en insérant dans certaines pages un texte en turc, accompagné de deux photos de propagande. Sur celle de gauche, surplombant le drapeau turc, le Premier ministre Recep Tayipp Erdogan et son épouse, coiffée du foulard islamique, tiennent des enfants noirs dans leurs bras. Sur celle de droite, des soldats brandissent deux têtes coupées et un drapeau français où le rouge éclabousse la bande blanche figure dans le coin droit. Il est fait mention, en turc, de la répression menée par la France en Algérie en réponse aux sanglantes émeutes du 8 mai 1945, avec « SARKO » écrit en gros caractères. Les hackers ont appliqué ce procédé à tous mes essais dont le dernier en date, “De la crise à la guerre“, et bien sûr “10 questions sur la Turquie et 10 réponses qui dérangent” (2005). Ils s’en sont pris aussi à d’autres ouvrages des éditions Jean-Cyrille Godefroy ayant un rapport avec la géopolitique, tels « Eurabia » de Bat Ye’or et « Frères musulmans dans l’ombre d’Al-Qaeda » d’Emmanuel Razavi.
La Turquie continue à nier le génocide arménien
Ce piratage s’inscrit dans la campagne de sabotage de sites Internet déclenchée par les Turcs à la suite du vote par l’Assemblée nationale de la proposition de loi de Valérie Boyer, député UMP des Bouches du Rhône, pénalisant la négation de tout génocide. Donc du génocide arménien de 1915 qui fit 1,5 millions de morts. Parmi les sites piratés, celui de Valérie Boyer, qui a été injuriée et menacée de viol et de mort sur ses réseaux sociaux. Ses enfants et ses parents ont également été menacés. Dimanche dernier, le site du Sénat, qui devra se prononcer à son tour sur cette loi, a été paralysé. Dans la page des commentaires de son blog, le hacker turc Iskorpitx a revendiqué le piratage du site du Sénat. Iskorpitx s’est rendu célèbre dans son pays pour avoir piraté un demi-million de sites Internet. Il n’a pu le faire qu’avec l’assentiment du gouvernement Erdogan, sans quoi il aurait vite été neutralisé par les services secrets turcs. Il en va de même pour ses actions de piratage en France.
Les Akincilar attaquent la France
Iskorpitx se dit proche du groupe islamo-nationaliste de hackers turcs qui se fait appeler Akincilar, du nom de la cavalerie légère ottomane. Le 21 décembre, le leader de ce groupe a lancé un appel depuis Konya, en Turquie : « Une seule cible : la France ». En novembre dernier, Akincilar a revendiqué le piratage du site de « Charlie Hebdo », survenu au même moment que l’incendie probablement criminel des locaux de l’hebdomadaire satirique. Akincilar avait laissé un message dénonçant l’irrespect à l’égard de Mahomet dont a fait preuve le numéro spécial « Charia Hebdo » consacré aux intégristes islamistes.
Les Akincilar sont basés sur le territoire turc. Ils y opèrent en toute impunité. Début 2011, ils avaient bloqué le site de Penguen, un hebdo satirique turc tournant la religion en dérision. Ils n’ont pas été poursuivis. C’est Pengen qui a eu des ennuis : une cour d’Istanbul a ouvert une procédure contre ce journal. Le gouvernement Erdogan soutient les Akincilar, qui sont des extrémistes islamistes, tandis qu’il réprime les tenants de la laïcité kémaliste.
Le gouvernement Erdogan soutient les hackers islamo-nationalistes
Il est évident que les services secrets turcs, riches en moyens humains et matériels, sont en mesure de mettre un terme aux agissements d’Akincilar. Et à ceux d’autres groupes de hackers turcs, qui sévissent aussi en France : par exemple Grayhatz, qui a revendiqué le détournement du site de Valérie Boyer. Ou bien Millikuvvetler, qui a revendiqué le piratage d’une centaine de sites Web. En fait, les services turcs les encadrent. C’est ainsi qu’en 2010 Akincilar avait revendiqué de nombreuses offensives contre des sites israéliens après l’assaut donné par Tsahal contre la flottille de Gaza. Les services turcs manipulaient cette expédition navale destinée à briser le blocus de la bande de Gaza. Ils exacerbèrent la violence lors de l’interception par l’armée israélienne.
Le mythe de l’islamisme “modéré” d’Erdogan
La proposition de loi de Valérie Boyer a provoqué une grave crise diplomatique avec la Turquie. L’intransigeance de cette dernière devrait faire réfléchir les Européens, de moins en moins nombreux il est vrai, qui souhaitent l’intégration de la Turquie à l’Union européenne, dont elle occupe la moitié d’un pays membre : Chypre. Et qui voient en Erdogan l’incarnation de l’islamisme « modéré ». Le Premier ministre turc s’est voué à un grand dessein : réislamiser la Turquie et restaurer le califat ottoman aboli par Kemal Atatürk en 1924.