Et oui, Sarkozy a bien aggravé le chômage.

Publié le 30 décembre 2011 par Juan
Les derniers chiffres du chômage ont fait l'effet d'une bombe, en pleine période de vacances du pouvoir. Depuis quelques jours, le ministre du Travail s'exerçait à déminer le sujet, en suggérant toutes sortes de pré-annonces, y compris jusqu'à défendre le partage du temps de travail... 
Evidemment, le contexte économique n'est pas favorable. Les leaders européens ont cassé la reprise de plans de rigueur en mesures d'austérité. La France, la plus fragile des économies fortes, n'y coupe pas. Aux dires de l'INSEE, elle est en récession depuis quelques semaines.
Mais les facteurs exogènes ont bon dos. Les derniers résultats désastreux de l'emploi communiqués cette semaine sont aussi la conséquence de la politique de Nicolas Sarkozy:
 
L'ampleur du désastre
Mardi, la DARES a publié d'exécrables statistiques sur le nombre de demandeurs d'emplois inscrits à Pôle Emploi. Rappelons que tous les demandeurs d'emploi ne sont pas inscrits à Pôle Emploi. Et quelques 200.000 chômeurs quittent les statistiques de l'agence chaque mois pour défaut d'actualisation de leur statut.
Dans toutes les catégories, le chômage s'envole encore. « La forte dégradation de l'emploi marque l'entrée en récession de la France » résume le Monde. A fin novembre, Pôle emploi enregistrait 5,2 millions de demandeurs d'emploi inscrits, dont:
  • 2,84 millions sans aucune activité (catégorie A): +30.000  en un mois; +130.000 en un an...
  • 1,40 millions avec activité partielle (catégories B et C): +22.000 en un mois, +84.000 en un an...
  • 589.000 sans acte positif de recherche, avec ou sans une activité (catégories D et E): +7.000 en un mois, -16.000 en un an.
  • 369.000 dans les DOM-TOM (dont 265.000 en recherche active).
Dans le détail, on découvre que 703.000 touchent le RSA (+30.000 en un an); que seuls 39% des inscrits perçoivent une indemnité chômage (2,03 sur 5,20 millions); que 344.000 autres sont indemnisés par le régime de solidarité nationale (ASS, ATA, AER, etc). Les bonnes nouvelles sont rares: le nombre d'offres satisfaites a cru de 15% en un an, pour 252.000 sur le mois de novembre. Mais moins de la moitié (104.000) étaient pour des emplois durables.
... d'une triple incompétence
Nicolas Sarkozy aime se décrire (ou se faire décrire) comme un chef d'Etat pragmatique. La lecture de ces résultats de l'emploi est préoccupante. On y retrouve le signe d'un triple échec. Notre Monarque est incompétente.
1. La défiscalisation des heures supplémentaires aura été une erreur historique.
Il y a quelques mois, la DARES notait une progression du volume d'heures supplémentaires au second trimestre 2011 (derniers chiffres disponibles). Sur un an, la hausse s'est vue dans les entreprises de toutes tailles « et plus fortement dans les entreprises de 50 à 499 salariés ». Le volume moyen par salarié à temps complet est monté à 10,9 heures au 2ème trimestre 2011, en hausse de 6,9 % par rapport au 2ème trimestre 2010.
Il est frappant de comparer les deux courbes, celle de la progression du chômage et celles des heures supplémentaires déclarées depuis le 4ème trimestre 2007: depuis le 1er octobre 2007 et l'entrée en vigueur de la défiscalisation des heures supplémentaires, le nombre d'inscrits à Pôle emploi a augmenté, sans attendre la brutale dégradation de l'emploi de l'automne 2008.
2. La politique industrielle de Nicolas Sarkozy est une friche. L'industrie a été l'un des symboles de l'activisme sarkozyen face à la crise: suppression de la taxe professionnelle, prime à la casse automobile, encouragement au travail partiel, etc. Le Monarque a défendu de nombreux exemples de son action à chacun de ses déplacements en usine. Il ne voulait pas rester sur l'image de Gandrange, un site fermé malgré des promesses illusoires et contraires de Nicolas Sarkozy en février 2008.
Jeudi, les Echos publiait les résultats d'une étude de l'institut Trendeo sur la désindustrialisation du pays depuis 2008: 880 usines ont été fermées, moins de 500 ont été créés. 
Au final, entre les postes créés et ceux supprimés, près de 100.000 emplois industriels ont été perdus en France ces trois dernières années, indique Trendeo. Un décrochage qui rappelle la période de 1978 à 1985 et ses cataclysmes industriels comme Creusot-Loire ou Manufrance. « Alors que, dès 2010, l'économie française prise globalement a recommencé à créer des emplois, l'industrie continue d'en supprimer », souligne David Cousquer, le gérant de l'observatoire.
3. Le contre-coup de la réforme des retraites est enfin évident. Les plus de 50 ans sont particulièrement frappés par l'envolée du chômage: leur durée moyenne d'inscription à Pôle emploi était de 393 jours, contre 250 jours en moyenne (en hausse de ... 39 jours en un an!). En un an, quelque 115.000 cinquantenaires ou plus supplémentaires sont venus grossir les inscriptions de Pôle emploi, en majorité des femmes (+65.000). Au total, les plus de 50 ans représentaient 859.000 inscrits en recherche active d'emploi à fin novembre.
Coïncidence, la DARES publiait une autre étude qui n'était pas sans rapport: les départs en retraites dans les entreprises de plus de 10 salariés ont chuté de 32% en un trimestre. La DARES avance une explication, l’entrée en vigueur au 1er juillet 2011 des mesures de recul de l’âge légal de départ à la retraite (qui ajoute 4 mois dès cette échéance). « Cette baisse concerne les trois secteurs d’activité (industrie, construction, tertiaire) et les petits comme les grands établissements.» Moins de retraités, mais davantage de chômeurs... On applaudit !
Ami sarkozyste, où es-tu ?
Un malheur n'arrivant jamais seul, il fallait être attentif, comme Menilmuche, pour débusquer le cadeau d'après-Noël du gouvernement dans la loi de finances validée lundi par le Conseil constitutionnel. Pour faire face au ralentissement économique, prévisible depuis août dernier, 10% des économies de fin d'année ont porté sur la lutte contre la pauvreté.
Ami sarkozyste, vraiment... où es-tu ?