Avec Mbemba Ndoumba la gare d’Austerlitz retrouvera en 2020 son âme lumineuse. Celle d’une gare humaine et d’hospitalité légendaire. Une analyse futuriste fondée sur le saisissant constat du présent alarmant que l’excellent auteur Congolais aux talents multiples nous présente dans son nouvel ouvrage assez laconique, lapidaire et fort éclatant. Intitulé « LA GARE D’AUSTERLITZ dans les yeux d’un Africain », apparu chez Editions Bénévent.
Gaston Mbemba-Ndoumba
Une vue synoptique d’une gare en ébullition.«Ouverte en 1840 au terminus d’une ligne allant de Paris à Corbeil, la gare d’Austerlitz est inaugurée en 1843 avec le prolongement de cette ligne jusqu’à Orléans» (page.17).Qui verra agrandir son trafic habituel au rythme hallucinant de 40 millions de voyageurs en 2020. Un record énorme et un pari fou ! Mais bien réalisable qui fera de cette gare historique foncièrement ancrée dans un quartier réputé pour faire de lui un parc d’attraction du nouveau traçon Sud-est et Atlantique. Un trafic très influent qui viendra activer et développer en plein essor un mouvement évolutif des voyageurs qui remplissent la capitale Parisienne.
Ces prévisions de croissance sans précédent du trafic «voyageurs» vers le sud-est n’est qu’une lecture anticipative et rationnelle de l’éventuelle saturation que pourrait connaitre la grande gare de la ville lumière de Lyon. Cette surabondance des voyageurs que la gare d’Austerlitz pourra éponger sans difficulté aucune. Au regard de cette vision moderniste activée par ce dessein environnemental titanesque que les politiques, les économistes, les experts, les urbanistes et architectes français envisagent de mettre sur pied pour rebâtir demain un nouveau trajet TGV. Ce considérable projet de transfert d’une partie des TGV Sud-est et Atlantique vers l’historique gare d’Austerlitz.
Ainsi le projet gigantesque du Sud-est à la lecture et à la vision lointaine des futurologues présents montre à suffisance une ouverture d’Austerlitz vers un univers contemporain, vers cet avenir verdoyant. Que les voyageurs de tous bords pourront bénéficier et faire de ce centre millénaire un phare mondial: «une lumière du présent et du futur» pour satisfaire les touristes, les locaux…bref tous les étrangers et provinciaux férus de la beauté parisienne attrayante et affriolante par ses sites pittoresques. Car « la ville de Paris veut faire de la gare d’Austerlitz un pole de vie ouvert sur le quartier » (page. 38) et sur le monde. Autrement dit, « la gare d’Austerlitz du futur devra être le lieu de vie en relation avec le quartier et avec l’extérieur.(page.59).
Une bonne nouvelle qui viendra à point nommer alimenter et enrichir en termes de flux et reflux des visiteurs à la quête de mieux et de farniente parisienne. Cette nouvelle ouverture constitue l’élément essentiel de l’évolution radicale du site, passant du statut d’impasse à celui d’articulation urbaine à l’échelle de la ville et des transports.(page. 33).
Cet ouvrage écrit au présent symbolise une vision réaliste d’un africain urbaniste. Et littéraire qui nous donne une analyse dépouillée, recherchée d’une gare qu’il connait dans tous ses recoins d’hier et d’aujourd’hui. Et qu’il propose de présenter sa vie de demain à travers un plan ou programme monumental prévu d’ici 2020. Sur quatre projets principaux. Une projection dans le futur que le singulier écrivain développe dans cet opus qui renvoie à ses propres souvenirs lointains d’un africain qui a foulé cette gare à peine arriver de la terre congolaise. Une mémoire activée et remise à jour par l’auteur devenu parisien d’adoption pour rendre un hommage vibrant à cette gare de cœur qui a marqué à vie ses premiers pas dans l’hexagone.- Comme tout voyageur qui garde en soi une image scintillante d’un lieu visité ou d’un rencontre fortuite en terre inconnue.- C’est ce lieu magnifique que l’urbaniste congolais assermenté à garder joyeux dans l’autel de son cœur. Et qu’il voulait partager pour immortaliser à jamais cette gare qui aura fait de lui un africain auréolé, accueilli dans l’allégresse par les esprits vivants des lieux et des âmes parisiennes imbues d’hospitalité inoubliable.
A ce propos, il écrit allégrement:« il faut dire que la gare d’Austerlitz fut mon premier monument, mon premier contact avec la France. J’arrivais du Congo et j’ai atterri à la gare d’Austerlitz, pour prendre un train de nuit en direction de Toulouse où je me rendais pour mes études universitaires» (page.9).
Gaston M’bemba-Ndoumba(G.M.N), professeur de littérature au lycée municipal d’adultes de Paris, en rédigeant ce livre lumineux, se situe dans l’étude spatiale et environnementale qui touche la thématique non fictionnelle communément admise dans le jargon de l’école romancière mondiale. Mais, elle est plutôt réaliste, matérialiste et utilitariste dans cet ouvrage aux accents singuliers d’une écriture non passéiste et ahistorique. Elle est l’antipode de la tradition esthétique et exalte le monde moderne notamment la civilisation urbaine. Une étude d’inspiration du mouvement littéraire et artistique européen dénommé «le futurisme». Elle dérive de ce courant de pensée dans le vivier du sujet dominant et dans le non personnage global choisi par l’auteur pour illustrer les éléments saillants et caractériels envahissants de cette gare phare en perte de sa plus grande partie de son trafic Grandes-Lignes avec le Sud-ouest.
A lumière du projet promoteur et novateur, l’auteur photographie avec ses yeux africains avertis cette gare mythique en travaillant de concert avec la mairie de Paris pour nous présenter de manière exhaustive les grandes lignes de ce magnifique plan de réaménagement, de construction, de développement et d’agrandissement de cette gare. Et ses perspectives d’avenir qui se profilent à l’horizon. Grace au lien d’avec l’initiative du programme d’aménagement de la ZAC « Paris Rive Gauche » et à son projet « l’urbanisation issue de la volonté de rééquilibrage économique de l’est de Paris »(page 27).
C’est ce regard photographique emprunt d’optimisme contagieux que l’essayiste et professeur Congolais projette à dessein et à travers cet écrit programmatique et visionnaire. Oui, c’est à cette image en gestation qu’il fonde son édifice littéraire. Encore que, c’est sur cette dynamique constructive et si bénéfique du traçon moderniste du futur TGV Sud-est et Atlantique que l’auteur vante dans son livre pour sortir la vétuste gare d’Austerlitz, la vieille dame, de ses vertigineuses chutes de flux de voyageurs d’environ 25 millions par an. Soit la moitié de celui de la gare Montparnasse.
En somme il reste à saluer vivement l’œuvre accomplie. Et à donner à cette étude prévisionnelle, si anticipative développée par Gaston M’bemba-Ndoumba(G.M.N) dans cet ouvrage qualifié de pionnier dans le riche monde de la littérature congolaise, une concrétisation réelle dans un proche futur. Une lecture que nous espérons prolifique pour redonner à la gare d’Austerlitz, longtemps figée dans le siècle passé, par le biais cette opportunité de réhabilitation, sa gloire, son prestige. Ou, pour lui redonner ses lettres de noblesse. (page. 9). Et d’être une gare futuriste grand public, un lieu incontournable et emblématique de la vie quotidienne, de rencontre, de rassemblement, de retrouvailles, de joie, de partage. Et de transit vers Paris, ses banlieues, les provinces et d’autres directions étrangères qui viennent peupler, envahir, agrandir la rayonnante capitale française.
Yves Makodia-Mantseka
Du même auteur
- Ces Noirs qui se blanchissent la peau : la pratique du « maquillage » chez les Congolais.
Ed. L’Harmattan, Paris 2004.
- Les Bakongo et la pratique de la sorcellerie : ordre ou désordre social.
Ed. L’Harmattan, Paris 2006.
- La femme, la ville et l’argent dans la musique congolaise : regard sociologique sur l’imaginaire urbain.
Ed. L’Harmattan, Paris 2007.
- Un coup de théâtre : histoire du théâtre congolais.
Ed. L’Harmattan, Paris 2008.
- La folie dans la pensée Kongo
Ed. L’harmattan, Paris 2010.
- Ma première colo
Ed. Bénévent, Nice 2010.
- Transports Urbains Publics et Privés au Congo : Enjeux et pratiques sociales.
Ed. L’Harmattan, Paris 2010.
- La Gare d’Austerlitz dans les yeux d’un Africain
Ed. Bénévent, Nice 2011.