Encore une année écoulée durant laquelle l'actualité économique fut riche en rebondissements ! J'avais tenté d'en rendre compte au travers des nombreux billets de mon blog. Souvenez-vous :
* janvier d'eau chiche fait le paysan riche. Certainement, mais la richesse semble avoir désormais d'autres origines que la terre. Ainsi, la direction du Trésor avait publié un panorama du patrimoine des ménages français à destination de quelques parlementaires. La conclusion était sans appel : le patrimoine des ménages français a doublé en 10 ans, essentiellement grâce à l'immobilier et aux placements financiers ! Cerise sur le gâteau : les 10 % des ménages les plus riches concentrent 25 % des revenus totaux et 48 % du patrimoine privé...
* en février, le plus court des mois, est de tous le pire à la fois. Je n'irais pas jusque là au vu de ce que les mois suivants nous ont réservé. Néanmoins, tandis que Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez publiaient leur livre pour une révolution fiscale, la France organisait son premier Gvain de l'année suite à sa prise de présidence du G20 le 12 novembre 2010 et du G8 le 1er janvier 2011. Résultat : néant un joli communiqué, plus proche de l'amphigouri que de la prose diplomatique, pour afficher une pseudo-unanimité entre les grands argentiers du monde... et moi je parlais de blanchiment de capitaux.
* ce que mars couve, on le sait après son trente et unième jour. C'est vrai, le mois d'avril fit parler de lui... Mais en mars, ce sont surtout les prix des carburants qui firent parler d'eux en suivant une tendance haussière qui affolait les ménages et les entreprises... et la BCE puisque Jean-Claude Trichet, gouvernator pas encore retraité, évoquait une possible remontée des taux directeurs de son institution parce que l'inflation avait dépassé depuis trois mois le seuil de 2 %. Depuis, son successeur s'est (r)avisé qu'il y avait une crise et qu'il valait certainement mieux les baisser... Et moi je parlais déjà du prétendu modèle économique vertueux allemand et je venais de publier les grands mécanismes de l'économie en clair, un petit livre de 160 pages qui présente de manière abordable, avec de nombreux exemples, schémas et graphiques, le fonctionnement de l’économie.
* en avril, ne te découvre pas d'un fil tant les euros vont devenir rares... En effet, l'État irlandais venait de ravir le titre de champion du renflouement public en Europe en déboursant 46 milliards d'euros pour sauver le secteur bancaire (près de 30 milliards d'euros rien que pour l'Anglo Irish Bank, qui a perdu 17,7 milliards d'euros en 2010) ! Sa dette publique a ainsi bondi de 64,8 % du PIB en 2009 à 100 % du PIB fin 2010, tandis que le déficit a littéralement explosé passant de 11,6 % du PIB en 2009 à 32 % en 2010 ! Pendant ce temps, la France était secouée par le populisme de la prime à 1 000 euros dont il ne reste aujourd'hui que quelques poussières... Et moi je parlais des conséquences des plans de rigueur suite notamment au marasme de l'économie portugaise.
* en mai, fais ce qu'il te plaît. C'est certainement pour cela que j'ai commencé la promotion de mon dictionnaire révolté d'économie, répété à l'envi que les plans de rigueur mèneront à la catastrophe, expliqué que les citoyens avaient été trompés par les théories néolibérales et que l'égalité devant l'impôt était un leurre, montré que les cotisations sociales ne pèsent pas sur les profits des entreprises.
* au mois de juin, quand les ânes se secouent l’oreille, c’est signe qu’il pleuvra à merveille. C'est surtout signe que la presse se passionnera pour la fuite au bac S, qui virera au psychodrame, alors que la question fondamentale de l'égalité des chances était à peine évoquée correctement... Au même moment, ECEH (Escherichia coli entérohémorragique) était en passe de devenir aussi célèbre que H1N1 l'année dernière, et prenait la forme d'une nouvelle hystérie collective.
* soleil de juillet donne la fortune. Comme l'été n'a vraiment commencé qu'au mois d'août, on peut comprendre l'infortune connue au mois de juillet. Cela commence par la mascarade des "stress tests " auxquels l'Autorité bancaire européenne avait soumis les banques et qui concluaient que le système bancaire européen était en bonne santé... les deux mois qui suivront achèveront de nous convaincre de l'inconsistance de ces tests ! On poursuivit également avec un nouveau-sommet-de-la-dernière-chance pour sauver la Grèce. Enfin, en France, on croyait un peu trop vite que la crise était finie...
* s'il tonne en août, grande prospérité partout, mais des maladies beaucoup. Grande prospérité, pour certains qui peuvent bénéficier des niches fiscales oui, pour les autres assurément non puisqu'ils n'héritent que d'un plan de rigueur qui risque bien de faire beaucoup de "maladies" ! Selon les 6 000 pages du rapport de l'Inspection des finances, 470 niches fiscales et 68 niches sociales coûtent plus de 100 milliards d'euros par an aux finances publiques ! C'est pourquoi, je me suis fendu d'une tribune dans le quotidien Le Monde, où j'expliquais en quelques mots comment le financement de l'État par l'endettement sur les marchés avait déplacé le centre de gravité du pouvoir économique vers la finance, au détriment de la majorité des citoyens. La preuve en était donnée par l'Espagne qui se retrouvait alors en difficulté. Enfin, dans le gloubi-boulga des solutions envisageables pour sortir de la crise, je présentais le concept de démondialisation avancé par Jacques Sapir dans son excellent livre intitulé la démondialisation.
* en septembre si tu es prudent achète grains et vêtements. On ne peut mieux dire lorsqu'on pense à ce qui va arriver ensuite au sein de la zone euro... Pour ma part, je prenais mes nouvelles fonctions d'enseignant en économie et gestion à l'IUT de Moselle-est et donnais le coup d'envoi des deux cafés économiques que j'anime à l'Université Populaire de Sarreguemines depuis plusieurs années. Enfin, en partenariat avec la médiathèque de Forbach, je proposais la diffusion de debtocracy, un documentaire à contre-courant de la doxa officielle en économie et très proche dans l'esprit de mon dictionnaire révolté d'économie. Sur planète banque, la situation s'était largement dégradée durant l'été et l'on s'interrogeait sur l'avenir du système bancaire français pourtant longtemps présenté comme plus sûr que les autres...
* en octobre, qui n’a pas de manteau, doit en trouver un bientôt. Il est en effet conseillé de se couvrir lorsque Dexia s'effondre et appel à l'aide l'État, tandis que la zone euro sombre inévitablement toujours plus vite vers l'abîme... ce qui donne droit à un nouveau-sommet-de-la-dernière-chance sur fond de crise sociale aiguë puisque l'on voit apparaître des mouvements d'indignés qui refusent dorénavant les diktats néolibéraux. De mon côté, je reprenais à nouveau la coordination de l'atelier d'aide aux devoirs créé par l'Université Populaire Transfrontalière (UPT) de Forbach pour les collégiens et les lycéens de la ville de Forbach.
* novembre est un bien mauvais mois pour les brebis tondues. De fait, le mouton a bien été tondu comme en témoigne le vague espoir de retour à la démocratie que laissait entrevoir le référendum voulu et saboté ensuite par le Premier ministre grec Papandréou. Bien entendu, sous d'autres latitudes, l'objectif de maintien de la note AAA continuait à être l'alpha et l'oméga de toute politique économique, notamment en France. Pour ma part, je m'étais lancé dans un véritable "road show" sur la crise de la zone euro... et à mon retour j'ai constaté que la zone euro allait toujours aussi mal et que nous allions avoir droit à un nouveau-sommet-de-la-dernière-chance, après un nouveau Gvain !
* en décembre froid, si la neige abonde, en une année féconde le laboureur a foi. Il faudra à mon avis avoir une
grande foi en l'année 2012 pour l'espérer féconde, car nous venons d'entrer en récession dans le cadre d'un scénario de double dip, c'est-à-dire d'un retour en récession après une brève reprise (mais vraiment très brève pour la
France...) ! Je montrais dans un billet que
tandis que l'on parlait beaucoup des prochaines annonces que pourraient faire Nicolas Sarkozy et Angela Merkel dans le cadre d'un nouveau-sommet-de-la-dernière-chance, on en oubliait que les
différents volets du plan de sauvetage du mois d'octobre n'avaient toujours pas été appliqués... et ce n'est
pas l'accord intergouvernemental - imposé par la France et l'Allemagne - engageant les 17 États-membres de la zone euro et quelques
volontaires kamikazes qui apportera des solutions.
Tout le problème réside en effet dans le mauvais diagnostic fait par les dirigeants européens influencés par l'idéologie néolibérale. J'ai ainsi rédigé une tribune dans le quotiden Le Monde, où je démontre que des solutions existent, mais qu'aujourd'hui on semble croire que la seule échappatoire à la crise serait une réduction rapide de l'endettement public et la convergence des modèles économiques et sociaux des États de la zone euro vers celui de l'Allemagne. Enfin, la chaîne de télévision TV8 m'avait invité sur le plateau de son émission studio 8 pour parler de la crise de la zone euro et du prétendu modèle vertueux allemand.
Pour finir, je tiens à remercier tous mes lecteurs pour leur fidélité et vous présente, malgré la crise, mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année ! Merci pour
vos commentaires, liens et encouragements qui me touchent...