L’ECOUTE DE MA TERRE
Je mets l’oreille à terre
à ma terre
enfouie sous terre
je n’entends rien
sauf tout d’un coup tout près
comme un chuchotement
muet
le silence de mon voisin, de mon prochain
il ne souffle plus
il ne souffre plus
il ne s’amuse plus
à me croiser sur la piste cyclable
alors que j’enfourche le vélo d’ado
de mon fils
il ne m’encourage plus
« il faut tenir jusqu’au bout, en tout cas
on n’a pas le choix »
il s’est tu
peut-être traverse-t-il maintenant le Gange
sur les ailes d’un ange
perdu
pour aller se fondre ensuite sur la grande voie
quelque part nulle part dans le nirvana
Oui l’oreille à terre
à ma terre enfouie sous terre
j’écoute j’écoute l’appel du vide
fraternel
Dana Shishmanian.