- Presque toujours dans les jeux de rôle, l’on trouve, des elfes, des nains, des trolls… Et aussi de l’Or, du Mithril, et parfois de l’Adamanthium… Pourquoi donc aller chercher si loin, alors que ce minéral si banal, si classique, ce sel présent sur nos tables, dans nos aliments, dans nos artères fut il n’y a pas si longtemps l’objet de toutes les convoitises.
Nous vous proposons donc un petit article sur : Le Sel de Table !
En lisant l’histoire du sel ci-dessous vous constaterez à quel point il peut être une source potentielle de multiples scénars.
Histoire du sel, sur Wikipédia…
Le sel est connu depuis la Préhistoire pour ses caractéristiques d’assaisonnement et de conservation des aliments.
Il fut probablement précocement utilisé dans les rites religieux. On connait de tels usages chez les Hébreux, les Grecs et les Romains de l’Antiquité. Cet élément naturel a revêtu une grande importance stratégique et économique et a fait l’objet d’un commerce important, parfois sur de grandes distances.
- une vue rapprochée du sel
Les routes du sel furent les grandes voies de communications et d’échanges depuis l’Antiquité pour l’acheminement du sel, transporté depuis les régions productrices vers les régions qui en étaient dépourvues.
Le contrôle de l’approvisionnement en sel fut l’une des clefs de l’expansion militaire de l’Empire romain qui s’en est attribué le monopole. Les armées de conquête de César emportaient avec elles des salaisons qui assuraient une partie de leur approvisionnement. Sans ces salaisons, les armées n’auraient pu avoir recours qu’au pillage des territoires conquis. Cette stratégie limita les résistances et assura une implantation durable de la civilisation romaine.
Le rôle du sel comme clef de l’approvisionnement militaire perdura jusqu’à l’invention, à la fin du XVIIIe siècle, de nouvelles techniques de conservation des aliments. Il joua donc un rôle crucial dans les grandes conquêtes maritimes, autorisant le transport de vivres pour des voyages d’exploration aux escales aléatoires.
Inspi Med-Fan ?
A moins que vous ne fassiez jouer vos scenars dans des univers où la magie permet de remplacer aisément les réfrigérateurs et les boites de conserve… hein ? Le sel est un enjeu stratégique ! La découverte de lieux où le sel est présent en abondance (lac asséchés, mines de sel, etc…) est de la première importance. Tout comme la protection des routes du sel, avec ses caravanes d’aventuriers marchands protégés par des soldats ou des mercenaires.
Inspi pour des jdr historiques ?
De Würm, à L’Appel de Cthulhu, en passant par Miles Cristi ou De Cape et d’Epée…
Tous les jeux de rôle qui ont une toile de fonds historique peuvent prétendre à avoir le sel pour source d’inspiration.
- Protéger un convoi, ou attaquer un convoi de sel.
- Découvrir une nouvelle route ou s’emparer d’une route du sel.
- Pourquoi l’accès à la mer est-il si important pour une nation, une ville ? A cause de l’accès au sel !
Dès l’âge du bronze (2e millénaire avant J.-C.) apparurent des itinéraires de transhumance, comme celui qui relie la Ligurie maritime avec les alpages, bien avant toute routes construites, permettant de relier les riches provinces pourvues de sel et d’alimenter celles dépourvues de sel.
En Europe
Les routes du sel furent également des cours d’eau navigables de l’Europe, dès l’époque médiévale où les expéditions de sel utilisaient des radeaux chargés de sel vers l’amont et redescendaient en convois de bois, expédiés vers l’aval. D’autres itinéraires longeaient les côtes européennes. Quand le commerce de longue distance fut relancée au 11esiècle, les régions sud chaudes et ensoleillées naturellement exportèrent vers le nord humide. À la fin du Moyen Âge, l’expansion des flottes de pêche des Pays-Bas nécessita plus de sel que ne pouvaient produire ces régions localement, et le sel arrivait depuis la péninsule ibérique : Fernand Braudel nota que “Les Provinces-Unies qui auraient pu être à genoux si leurs livraisons de sel avait été bloquée à la fin du XVIesiècle. L’Espagne ne rêvait que de cela“.
Les ports ne sont pas nécessairement des lieux alimentés en sel. En Europe centrale, l’ancienne route du sel, d’environ 100 km de long, reliait Lüneburg au port de Lübeck (Allemagne), la ville de Lüneburg, mentionnée pour la première fois au 10e siècle, s’est enrichie sur les marais salants entourant la cité. Via Lauenburg le sel fut transporté à Lübeck et de là, expédié vers tous les ports de la mer Baltique. Lunebourg et son sel ont été les principaux facteurs de puissance et de richesse de la Ligue hanséatique. Après une longue période de prospérité, son importance a diminué au XVIIesiècle. La dernière des mines de sel fut fermée en 1980, mettant fin à la tradition millénaire.
Le vaste territoire intérieur de la Pologne est dépourvu en sel. Au XIVesiècle, à Wieliczka, près de Cracovie, Braudel rapporte que des paysans extrayaient le sel de saumure évaporées dans les hauts-fonds marins. Cette technique fut concurrencé par l’industrialisation de l’exploitation minière du sel. Des galeries furent creusées à une profondeur de 300 mètres, et d’énormes treuils motorisés. Des chevaux tiraient les blocs de sel vers la surface. À son apogée, la production s’élevait à 40.000 tonnes par année et les mines employaient jusqu’à 3000 travailleurs.
En France
Les marais-salants d’autre part, furent exploitées par des méthodes artisanales: les marchands prirent le contrôle seulement du transport du sel et de sa commercialisation. En Camargue entre Provence et Languedoc. Le commerce du sel fut probablement une très grande activité commerciale le long de l’océan Atlantique ainsi que dans la vallée du Rhône. Ce fut une source majeure de production de sel marin ayant de plus un accès à un vaste arrière-pays. Des convois de bateaux de sel pouvaient ainsi transporter jusqu’au Rhône à Seyssel, où il était débarqué et transportés à dos de caravanes de mules à l’intérieur des terres jusqu’à Genève, où il était transporté de nouveau par voie navigable.
Au Moyen Âge, d’autres caravanes de mules transportaient le bois produit en Rouergue vers les ports de la Méditerranée puis revenaient en Rouergue chargées de sel nécessaire à la conservation des aliments.
Dans d’autres régions, la route du sel fut un long chemin terrestre que celui du portage entre rivières navigables. Le sel déchargé dans les ports de Nice et de Vintimille pouvaient voyager par deux routes du sel menant hors de la zone côtière, de Nice jusqu’à la vallée de la Vésubie, en passant par Saint-Martin-Vésubie, à la tête de la vallée, ou à l’intérieur des terres par le biais de la vallée de Vintimille de la Roya, le Col de Tende pour passer dans le Piémont.
En Chine
Dans la Chine des Ming, le sel ainsi que le riz a été expédié du sud au nord, le long du Canal Impérial comme Jusqu’à Pékin.
Au Tibet et au Népal
Il y a plus de 200 millions d’années, des océans recouvraient de vastes parties de l’Asie. Les lacs saumâtres du haut plateau tibétain sont encore une source de revenus pour les Tibétains et les Népalais qui s’y rendent en caravanes avec des yaks, voir Nomade du sel.
En Afrique
Les routes du sel mythiques traversant le désert du Sahara continuent à voir passer de longues caravanes de dromadaires chargés de ce précieux ingrédient. Aux frontières du désert, dans les méandres du Niger, c’est sur la Route du sel qui serpente depuis le Mali. Au 14esiècle Tombouctou “la ville aux 333 saints” accueillait 25.000 étudiants et 100.000 habitants avant d’être ensevelie par le voile du désert et de l’oubli. Elle était un carrefour important sur la route du sel. Le commerce transaharien du sel remontant le Niger a marqué un passé brillant du commerce malien. Le Mali s’enrichit de cet or traversant Tombouctou et Bamako. Sa position centrale fait du Mali un pays de rencontres et d’échanges.
La ville d’Agadez demeure également un important carrefour d’échanges et de commerce notamment du sel. Les transports caravaniers chargés de ballots de sel traversent les montagnes du Ténéré vers les oasis (telle que celle de Bilma) et les destinations les plus lointaines, parfois à plus de 500 km de distance.
Le Sel c’est de l’argent !
Il a aussi été un moyen d’échange une monnaie ou un impôt, dont en Chine et en Europe comme en témoigne l’étymologie commune des mots « sel » et « salaire » (en latin salarium, somme donnée aux soldats pour l’achat du sel). Le sel sous le nom de « salignon » fut une monnaie d’échange au Tibet et en Éthiopie. Le sel était en France stocké dans des greniers à sel puis des « Dépôts des sels » définis par l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers comme « chambres où le sel est mis en dépôt, dans les pays où il est marchand. La chambre des dépôts est aussi une jurisdiction établie pour connoître des contestations qui peuvent s’élever par rapport à la vente & distribution du sel. Le premier juge de cette chambre s’appelle le président des dépôts ».
En France, le sel a été exploité dans des marais salants sur les littoraux méditerranéen et atlantique, peut-être dès la Préhistoire, et à l’aide de fours à sel dans les sauneries gauloises puis gallo-romaines des rivages de la Gaule du nord (ce pourrait être une des origines du nom des saliens) d’où il était acheminé sous forme de pains de sel jusqu’à Rome par les voies romaines, ainsi qu’un jambon ménapien salé ou fumé, fort réputé chez les Romains.
Il a été taxé pendant plusieurs siècles via un impôt spécifique appelé gabelle apparue sous Louis IX. Cette taxe devenue permanente, variable suivant les provinces et croissante au point de rendre le prix du sel élevé, est devenue si impopulaire qu’elle a entraîné des exodes ruraux massifs, déclenché des guerres et a participé au déclenchement de la Révolution française. Une route du sel avec l’Italie est encore dans la géographie de la Provence. Les contrebandiers en sel étaient appelés « faux sau(l)niers » et les agents chargés de les traquer, les « gabelous ». Les litiges liés au sel et aux « greniers à sel » pouvaient relever des « cas royaux » (causes juridiques relevant de la seule souveraineté royale et donc «réservées à la connaissance des seuls juges royaux, privativement à tous autres juges» (seigneuriaux ou ecclésiastiques, et parfois prévosts qui n’étaient des « juges royaux inférieurs »).
En 1930, la Marche du sel initiée par Gandhi, pour protester contre le monopole britannique sur le sel, est une étape importante de la marche vers l’indépendance de l’Inde.
Parfois, la toponymie rappelle la présence de sel dans le sol comme dans Lons-le-Saunier ou Salins-les-Bains.
Pour en savoir plus :
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http://www.tribunes.com/tribune/sel/ivan.htm
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http://freeriders2.over-blog.com/article-un-musee-a-ciel-ouvert-la-route-du-sel-episode2-48909130.html
- http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/geologie/d/la-route-du-sel-historique-geologie-alimentation_645/c3/221/p9/