S’inscrire et voter la bonne résolution avant 2012

Publié le 29 décembre 2011 par Forrestgump54

Plus que quatre jours pour s’inscrire sur les listes électorales afin de pouvoir voter en 2012 pour la présidentielle et les législatives. Les mairies ont mis en place des dispositifs pour absorber les dernières demandes, en dépit de toute campagne nationale de sensibilisation, contrairement à 2006.
À sonder la file d’attente dans le hall de la mairie de Saint-Denis (93), on comprend mieux pourquoi le pouvoir fait le service minimum sur l’inscription sur les listes électorales. Car, pour Sophie, trente-six ans et première inscription en poche, cette fois, «il faut que ça change», ça suffit la galère pour cette secrétaire médicale, «ces dernières années j’ai vraiment senti que ma situation se détériorait». Envolées ses préventions à l’égard des «politiques» rangés auparavant dans le même sac. Elle veut du changement mais tempère aussitôt : «Enfin, j’en espère.» Sophie sait en tout cas pour qui elle va voter ; ainsi, la démarche d’inscription n’est pas le préalable à l’intéressement à la vie politique, elle en est le prolongement. Entre les simples retardataires pour cause de déménagement en cours d’année (les plus nombreux) et les jeunes passés au travers du système d’inscription automatique (qui suppose de s’être fait recenser pour la journée défense et citoyenneté), c’est de 130 à 140 inscriptions quotidiennes qui sont réalisées dans ces tout derniers jours à Saint-Denis.
À l’heure de l’abstention galopante, de grands mots résonnent pourtant dans ce hall de mairie ; s’inscrire et voter, c’est un «devoir moral», dit Kalidou (vingt-deux ans), comme une évidence oubliée. «Un droit auquel je tiens depuis que je suis française», poursuit Kea, vingt-sept ans. Qui n’a pas encore arrêté son choix, mais laisse volontiers entendre que ce ne sera pas pour renouveler le bail du locataire de l’Élysée.
le poids des jeunes

Chacun pris individuellement dément ainsi l’idée d’une plus grande indifférence des plus jeunes à l’égard des scrutins. Quand 11 % des Français se déclaraient «certains» de participer à la primaire socialiste, ils n’étaient que 4 % dans ce cas parmi les 18-24 ans (sondage Ifop, 8-9 septembre 2011).

Anne Muxel, sociologue spécialisée dans les comportements électoraux de la jeunesse, notait en septembre dernier que les 18-24 ans, qui représenteront en 2012 entre 13 et 15 % du corps électoral, peuvent peser significativement sur le scrutin. «Plus abstentionnistes, plus hésitants, poursuivait la chercheuse, mais aussi plus mobiles et plus inconstants dans leurs choix» lors de toutes les élections intermédiaires qui se sont déroulées sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, «ils ont encore amplifié la tendance au retrait de la décision électorale exprimée par les Français».
"Les 18-24 ans sont clairement à gauche"
Frédéric Dabi Directeur Opinion de l'Ifop
Qu’en sera-t-il en 2012 ? «Les 18-24 ans sont clairement à gauche», estime Frédéric Dabi, directeur du département opinion de l’Ifop. «Au premier tour de 2007, rappelle-t-il dans un entretien accordé au JDD, Nicolas Sarkozy était devancé par Ségolène Royal et François Bayrou dans cette catégorie. Au second tour, les 18-24 ans avaient choisi Royal à 63 %.» Mais, contrairement à leurs aînés qui ont pu se «forger des habitudes de vote sur le long terme, les jeunes électeurs ne disposent pas de repères ni de grilles de lecture aussi structurées pour faire leurs premiers choix», note Anne Muxel.
S’il est encore trop tôt pour savoir si cette fin 2011 aura connu l’affluence de la fin 2006, l’absence d’une campagne nationale de sensibilisation, comme il y a cinq ans avec spots télé et cinéma, se fait sentir. La traditionnelle campagne a bien été mise en place par le Cidem (Civisme et Démocratie), mais d’une ampleur bien moindre qu’en 2007, et axée sur les nouveaux médias. Le travail repose sur le 
milieu associatif, tel AClefeu, et localement des initiatives sont prises pour accueillir jusqu’à la toute fin, samedi. Ce qui n’est cependant pas le cas dans toutes les villes. Saint-Denis a édité une affiche pour inciter à l’inscription par Internet. À Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), une camionnette stationne dans les différents quartiers pour favoriser les inscriptions. Si l’on décompte ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales et les abstentionnistes à la citoyenneté intermittente, «c’est une petite moitié seulement des jeunes en âge de voter qui se rend régulièrement aux urnes», calcule Anne Muxel. S’ils témoignent d’un taux de participation de dix points inférieurs en moyenne à celui de l’ensemble du corps électoral, ils font aussi une exception : le scrutin présidentiel.

la nouveauté internet Le site www.mon.service-public.fr permet depuis cette année d’effectuer en ligne les démarches d’inscription. Quelques contraintes toutefois, vérifier d’abord que votre commune soit partenaire du dispositif ; ensuite, s’inscrire avec une adresse e-mail en quelques clics, et disposer enfin des versions numérisées d’une pièce d’identité et d’un justificatif de domicile. Dans tous les cas, il est possible de télécharger simplement le formulaire de demande d’inscription et de l’envoyer par courrier.

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