7 décembre 2011 - évacuation par la préfecture d'immeuble squatté. Seul les familles avec enfants sont relogés. (Photothèque Rouge/JMB)
Après les expulsions de Rroms et la chasse quotidienne aux sans-papiers, la politique anti-immigréEs et anti-pauvres du gouvernement Sarkozy continue toujours plus fort. En Seine-Saint-Denis, c’est le préfet Lambert, proche de Sarkozy, qui officie et, à l’approche de la campagne électorale, il a décidé de taper de manière musclée. À Saint-Denis, depuis le début de la trêve hivernale, quatre immeubles frappés d’un arrêté préfectoral d’insalubrité ont été vidés de leurs habitantEs. Soit une expulsion d’immeuble par semaine ! Ces expulsions se font en plein hiver et sans proposition de relogement durable. Une centaine de personnes se retrouvent ainsi jetées dehors. Les familles avec enfants sont envoyées aux quatre coins de l’Île-de-France dans des hôtels « sociaux » pourris. Leurs enfants, scolarisés à Saint-Denis, ont toutes les peines à venir à l’école. Pour les célibataires et les sans-papiers, c’est la rue ! Comble du mépris : la préfecture refuse de restituer aux familles d’un immeuble (le 11, rue Dézobry) les affaires et les papiers laissés dans l’immeuble lors de l’évacuation.
L’État prend prétexte de l’incendie du squat de Pantin le 28 septembre dernier et de l’insalubrité des immeubles pour expulser. Expulser pour protéger ? Certainement pas. D’une part, la plupart de ces familles se retrouvent à la rue sans hébergement, même d’urgence (le 115 est saturé). D’autre part, cela fait des années que les autorités connaissent la situation de ces immeubles sans avoir rien fait. La raison des expulsions est bien ailleurs. À quelques mois de l’élection présidentielle, le gouvernement tape sur les travailleurEs immigréEs, faisant ainsi la politique du FN. Calcul électoral donc. Mais il s’agit aussi d’accélérer la politique de « requalification » des quartiers dégradés et les opérations immobilières juteuses qui vont avec. Les immeubles vidés sont en effet situés dans le centre-ville de Saint-Denis, où le parc de logement privé est dégradé depuis longtemps, et les autorités espèrent pouvoir y installer des populations plus « aisées ».
Face à l’offensive de l’État, la mairie de Saint-Denis (dirigée par le PCF) ne cesse de tergiverser. D’un côté, elle se déclare opposée à ces expulsions et solidaire des familles, de l’autre, elle refuse d’engager la bataille politique contre les sbires de Sarkozy. Pourtant, face à un préfet qui refuse toute discussion, nous disons qu’il n’y a qu’une issue : la mobilisation populaire. Les familles expulsées se sont rassemblées pour lutter. Celles du 76, rue Gabriel-Péri occupent le parvis de la mairie, malgré le froid et la tempête des derniers jours. La population de Saint-Denis a elle aussi décidé de ne pas laisser faire. Cinq manifestations (200 à 300 personnes) se sont déroulées depuis fin novembre. Un comité de soutien et de mobilisation a été créé et regroupe des syndicats, des associations et des partis de gauche. Le NPA et ses militantEs se sont engagéEs auprès des expulséEs et participent au comité. Nous disons que c’est toute la politique du logement qui est à revoir dans ce pays. Face à des situations de mal-logement toujours plus dramatiques (presque 4 millions de mal-logés en France) il est temps de bloquer les loyers, de réquisitionner les logements et immeubles vides et de construire massivement des logements sociaux. Dans l’immédiat, nous exigeons la régularisation des sans-papiers de ces immeubles et le relogement des familles. Parce qu’un toit c’est un droit !