L'Invention de Paris
Il n'y a pas de pas perdus
Eric Hazan
Ed, Seuil 2004
Des places royales aux faubourgs brumeux, c’est la trame serrée des
quartiers parisiens qui organise cette déambulation proposée aux
flâneurs des rues et des livres. On y voit naître, au rythme des
enceintes successives, l’éclairage public, l’enfermement des pauvres et
des fous, le numérotage des maisons, les terrasses de café et la police
de proximité. Du Marais des Précieuses au XIe arrondissement des branchés, on assiste à l’apparition de microvilles dans la ville,
celles de Scarron, de Des Grieux, de Desmoulins, de Rubempré et de
Lucien Leuwen, celles de Gavroche, de Baudelaire et de Manet,
d’Apollinaire, celles encore de Nadja, de Doisneau ou d’Anna Karina.
Mais les vrais héros du livre, ce sont des anonymes, les architectes du
désordre qui se sont transmis l’art d’empiler les magiques pavés :
au faubourg Saint-Antoine en prairial an III, au cloître Saint-Merri en
juin 1832, au clos Saint-Lazare en juin 1848, à Belleville en mai 1871,
au Quartier latin en mai 1968, démontrant à chaque fois – et plaignons
ceux qui croient la série close – la force de rupture de Paris.
Éric Hazan.../... chirurgien... n'a pas son
pareil pour disséquer le développement de la Ville Lumière.... en ouvrant le ventre de
Paris... Il nous raconte la transformation
des quartiers, le déplacement des limites successives de la ville
jusqu'à sa forme actuelle. Louis XIV, Gambetta y côtoient Hugo, Balzac…
Gavroche, Rastignac… fantômes
ressuscités, pour redonner vie à une place, à une rue, à un jardin ou à
un bâtiment. Ces flâneries parisiennes, à la manière de Walter
Benjamin, nous révèlent un Paris insolite, hanté, mutant. À la fois un
document d'histoire et un roman à dévorer pour tous les amoureux de
Paris. --Franck Mimar