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2012 : basculement des pays émergents dans la crise

Publié le 29 décembre 2011 par Laurentarturduplessis

L’illusion que l’économie mondiale serait sauvée de la catastrophe par les pays émergents commence à s’évanouir. À la mondialisation de l’économie succède celle de la crise. « L’économie mondiale est dans une situation très dangereuse », a dit Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire internationale (FMI) dans une interview publiée par le Journal du Dimanche le 24 décembre dernier. Elle a évoqué le ralentissement des pays émergents, comme la Chine, le Brésil, la Russie, « où les prévisions de croissance sont revues à la baisse ». Comme celles de l’ensemble de l’économie mondiale : fin janvier, le FMI les annoncera en diminution par rapport aux 4% sur lesquels il tablait.

La Chine commence à faiblir

Trop souvent présentée comme invincible, la Chine, vaisseau amiral des pays émergents, commence à faiblir. Le 1er décembre dernier, elle annonçait le premier recul de sa production manufacturière depuis deux ans et demi. L’indice PMI (Purchasing Managers’ Index) des directeurs d’achat, qui est un baromètre de l’activité manufacturière, est passé de 50,4 en octobre à 49 en novembre, selon la Fédération chinoise de la logistique et des achats. Une dizaine de secteurs industriels (dont la chimie, les équipements pour les télécommunications et les ordinateurs) se sont contractés.
La Chine subit le contrecoup de la diminution de la consommation occidentale. Ses exportations vers les États-Unis sont passées de 30,11 milliards de dollars en septembre à 28,6 milliards en octobre. Celles vers l’Union européenne ont chuté encore plus fortement, de 31,61 milliards de dollars en septembre à 28,74 milliards en octobre.

Les émergents se tournent vers le protectionnisme

Il y a encore peu de temps, les pays émergents s’imaginaient en mesure de remplacer l’Occident, « usé et dépassé », dans le rôle de locomotive de l’économie mondiale. À ce triomphalisme naïf a succédé l’inquiétude. Et son corollaire : la tentation douanière. Exemple : l’Amérique latine. Réunis ce mois-ci à Montevideo, les dirigeants des pays du Mercosur (union douanière réunissant le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay) ont décidé de taxer jusqu’à 35% – qui est le maximum autorisé par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) – une centaine de produits, pendant un an. La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a expliqué que cette mesure visait à compenser « les déséquilibres commerciaux provoqués par la conjoncture économique internationale ». Elle a stigmatisé « une avalanche de produits prédateurs qui mettent en danger la croissance et l’emploi. » Le ministre des Finances chilien, Guido Mantega, a critiqué la politique monétaire des États-Unis… et de la Chine.
Au cours des mois précédents, l’Argentine avait pris les devants en matière de protectionnisme douanier, en limitant les importations de produits chinois. Le Brésil aussi qui, en septembre, avait annoncé une hausse de 30% sur les taxes des véhicules importés ne provenant pas au moins à 65% de lui-même ou du Mercosur.
À la tentation douanière des pays émergents fait écho celle de l’Occident, que ce soit au Parlement des États-Unis ou dans la campagne présidentielle française. La démondialisation s’accélère, au diapason de la crise. Celle-ci entrera dans sa phase paroxystique en 2012 avec l’explosion des taux d’intérêt.



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