La Piel que Habito // De Pedro Almodovar. Avec Antonio Banderas, Elena Anaya et Marisa Paredes.
Pedro Almodovar a le chic pour surprendre. Alors que la bande annonce du film m'avait fait renifler un film pas vraiment intéressant, finalement j'en ressors conquis. Il faut dire que le cinéaste
espagnol est tout sauf mauvais. Il a toujours atteint une certaine perfection derrière ce côté très lisse. En effet, ses films lèchent les images d'une manière très inventive que l'on ne retrouve
nul par ailleurs. Je n'ai jamais trouvé un scénariste qui ait pu l'imité. C'est réellement impressionnant de voir à quel point Pedro arrive a manier sa caméra, mais également tout ce qui entoure
le film, aussi bien le jeu des acteurs toujours atypiques de ce que veux le réalisateur et la musique, très importante et toujours gérée au diapason. Le réalisateur retrouve donc Antonio Banderas
dans un film assez personnel, et très touchant, racontant l'histoire d'un chirurgie esthétique devenu fou après la mort de sa femme. Il livre ici un film fascinant qui captive son spectateur du
début à la fin sans que l'on puisse jeter un regard ailleurs, sans compter que ce côté captivant nous envoute petit à petit.
Depuis que sa femme a été victime de brûlures dans un accident de voiture, le docteur Robert Ledgard, éminent chirurgien esthétique, se consacre à la création d’une nouvelle peau, grâce à
laquelle il aurait pu sauver son épouse. Douze ans après le drame, il réussit dans son laboratoire privé à cultiver cette peau : sensible aux caresses, elle constitue néanmoins une véritable
cuirasse contre toute agression, tant externe qu’interne, dont est victime l’organe le plus étendu de notre corps. Pour y parvenir, le chirurgien a recours aux possibilités qu’offre la thérapie
cellulaire. Outre les années de recherche et d’expérimentation, il faut aussi à Robert une femme cobaye, un complice et une absence totale de scrupules. Les scrupules ne l’ont jamais étouffé, il
en est tout simplement dénué. Marilia, la femme qui s’est occupée de Robert depuis le jour où il est né, est la plus fidèle des complices. Quant à la femme cobaye…
L'histoire de ce film est très sombre, sûrement l'une de plus sombre que j'ai pu voir du réalisateur (et il me semble avoir vu toute sa filmographie, sans conteste). Le scénario arrive petit à
petit à nous plonger dans un univers glacial, et purement fou. Car c'est aussi ça ce film, c'est de la folie à l'état pure, de la violence également, sans compter sur cet état d'exaltation et de
rapport unique avec les femmes. Car Almodovar est fasciné par les femmes, ça se voit, ça se sent et ça se ressent. D'ailleurs, le réalisateur existe au travers de sa caméra, avec son côté vicieux
et presque pornographique. Car le regard de chacun des films d'Almodovar l'est plus ou moins. Cassant avec brutalité les codes du cinéma, ce film apparaît comme l'une des plus belle oeuvre du
réalisateur à mon avis. Surprenant, époustouflant et surtout ébouriffant. La Piel que Habito a même réussi a me faire pleurer pendant de nombreuses minutes après son visionnage.
Mais c'est aussi un film dépressif, lumineux et également jouissif. On se laisse prendre au jeu et petit à petit, on plonge. Voilà un film audacieux qui ne se laisse pas avoir par son histoire ni
même par ses personnages et ce qu'il veut transmettre. Une folie passagère sûrement mais en tout cas, quelque chose qui n'a pas d'égal. Almodovar ne pourra jamais être imité, ce réalisateur est
unique, et une fois de plus sa caméra sublime son oeuvre. Une histoire qui apparaît cruelle mais qui est au fond l'une des plus touchantes. Au final, je suis conquis et j'aurais presque aimé que
le film ne s'arrête pas aussi tôt. Et dire que j'ai loupé ça au cinéma, je m'en veux terriblement (mais la bande annonce m'avait tellement fait douté du réalisateur que j'avais eu peur). Mais
aucune raison d'avoir peur, j'espère que le prochain film du réalisateur sera tout aussi bon et effrayant.
Note : 10/10. En bref, une fois de plus le réalisateur m'a emporté. Presque violé.