Une étoile et moi avait été créé auparavant par le duo qu'elle forme avec Frederik Steenbrink. Très applaudi aux Pays-Bas, en Angleterre et en Australie, le spectacle a été joué déjà plus de 500 fois, permettant d'ailleurs à Isabelle Georges de remporter le Fringe Report Award de la Meilleure chanteuse au Fringe Festival d’Edimbourg.
Le public français méritait bien de bénéficier de quelques représentations exceptionnelles qui se poursuivent jusqu’au 31 décembre au Théâtre Antoine. Dépêchez-vous, cette fois il n’y aura pas de reprise, du moins rien n'est prévu dans un proche avenir car les artistes, qui ont un magnifique cursus, murissent d’autres projets.
C’est par le biais d’un regard émerveillé de petite fille, qu’Isabelle a trouvé sa voix grâce à une figure mythique… celle de Judy Garland, ce qui valait bien un hommage. Elle explique en effet combien l'univers de la comédie musicale et en particulier l'énergie dégagée par Judy Garland lui a permis d'avoir la force de supporter une enfance passée à l'hôpital Necker, avec des tuyaux partout, mais qui n'a en rien entamé sa bonne humeur, se jurant, une fois grande, de devenir elle aussi "performer".
Le spectacle qu’elle a conçu avec Frederik Steenbrink entrecroise la danse et la musique pour restituer les plus grands airs des comédies musicales de la Metro Goldwyn Mayer : Over the Rainbow (Le Magicien d’Oz), The Trolley Song (Le Chant du Missouri), The Man That Got Away (Une étoile est née)...
On ne sait pas toujours quand Isabelle s'exprime en son nom et quand elle joue le rôle de la star américaine, mais peu importe. On comprend vite quelles similitudes et quelles divergences existent entre leurs deux parcours. La française ne prétend pas retracer une biographie exacte. Elle a choisi ce qui l'a le plus émue. La clé, pour comprendre la trajectoire tragique de Judy Garland, c'est sa quête d'amour qui, à chaque fois se brise sans pour autant l'anéantir ... enfin jusqu'à un certain point.
Comme tant d’autres qui sont trop tôt montés sur la scène, comme Mickael Jackson, Amy Winehouse … qui ont en commun de n'avoir pas eu de structure familiale assez solide, la jeune Frances Ethel sera un colosse aux pieds d’argile, fonctionnant à coups d’amphétamines et de barbituriques, se conformant aux exigences des producteurs pour assurer jusqu'à 5 représentations quotidiennes, maigrir quand il le fallait, et dormir quand on l'autorisait à le faire. Elle grandit bourrée de pilules, et sans bisous de sa mère. Ce qui n'a n'a jamais fait défaut à Isabelle. La différence est de taille.
Elle est très à l'aise pour chanter en anglais, dans une prononciation qui nous aide à comprendre les paroles. Elle passe de la gamine facétieuse dans une joyeuse interprétation de Be a clown en tutu à la femme fatale de By myself dont les paroles résonnent avec acuité. Elle dit clairement qu'elle poursuivra désormais sa route toute seule, privée d'amour, mais avec toujours la volonté de chanter.
Formidablement accompagnée par Frederik Steenbrink au piano, et dans quelques dialogues chantés, elle rend palpable la souffrance mais aussi le talent de Judy Garland. Elle évoque un seul de ses 5 maris, le plus important, Vincente Minelli, avec qui elle a eu Lisa dont la photo, bébé, s'affiche plein cadre sur l'écran de fond de scène.
Vincente et elle sont vraiment tombés amoureux malgré le penchant qu'il avait pour les hommes. Il l'a trouvé magnifique et le regard qu'il posait sur elle l'a effectivement rendue belle. Elle a été une des premières à défendre les droits des homosexuels mais réaliser concrètement que son mari la trompait change tout, ce qui est subtilement suggéré dans le spectacle. L'emblème du Rainbow Flag, choisi par la communauté LGTB est directement lié à son combat, en référence au Magicien d'Oz.
Les coïncidences de la programmation sont aussi étonnantes que les hasards de la vie. Le Théâtre Antoine propose à 21 heures Hollywood, une pièce de Ron Hutchinson, mise en scène par Daniel Colas où il est fait allusion plusieurs fois à Judy Garland ...
Isabelle et Frederik ont déjà au moins trois projets, dont une comédie musicale où, cette fois, il se pourrait qu'un violoncelle rejoigne le piano sur le plateau. Encore une belle histoire de femme un peu scandaleuse. L'année 2012 sera belle pour la compagnie Comme si. Nous reverrons donc prochainement les artistes sur scène.
Production de la Compagnie Comme Si / Production exécutive Josette Milgram-Todorovitch / Avec la complicité d’Éric Métayer - Chorégraphies : Victor Cuno - Costumes : Michel Dussarat - Lumières Fréderic Millot - Son : Eelco Coster - Adaptations françaises : Stéphane Laporte et Yves Lecordier
Du 1er décembre 2011 au 31 décembre 2011, du mardi au samedi à 19h - Les dimanches à 18h
Théâtre Antoine : 14 boulevard de Strasbourg 75010 Paris (M° Strasbourg Saint-Denis - Château d’eau)
Informations : réservations : 01 42 08 77 71 - theatre.antoine@wanadoo.fr
www.theatre-antoine.com
www.uneetoileetmoi.com
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Ron Tutten Baarn.