Le 20 décembre 2001, le poète-président sénégalais, Léopold Sédar Senghor disparaissait à l’âge de 95 ans. Dix ans plus tard, son nom demeure associé à l’émancipation de l’Afrique et à la réhabilitation de l’image du Négro-Africain.
” Premier président de la République du Sénégal en 1960 et académicien français élu en 1984, homme d’État et de lettres, intellectuel brillant, politicien controversé, Senghor est certainement, aux côtés de Kwame Nkrumah, Gamal Abdel Nasser, Félix Houphouët-Boigny et Nelson Mandela, l’un des Africains les plus célèbres du siècle.” C’est en ces termes que, il y a dix ans, débutait la nécrologie publiée par Jeune Afrique (www.jeuneafrique.com).
Léopold Sédar Senghor en quelques dates
• Octobre 1906 : naissance à Joal, village sérère situé au sud-est de Dakar
• 1913 : le petit Léopold est envoyé à l’école à la mission catholique de Djilor où il se prend de passion pour la langue française avant d’aller chez les Pères Spiritains à Ngazobil pendant six ans, puis à Dakar au collège-séminaire François Libermann et au cours secondaire de la rue Vincens où il passe le bac en 1928.
• 1928 : le jeune bachelier est admis au Lycée Louis-le-Grand puis à la Sorbonne à Paris. Trois ans plus tard, il est licencié en lettres. Après avoir échoué au concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure, Léopold Senghor devient citoyen français pour pouvoir se présenter à l’agrégation. En 1935, il est agrégé de grammaire.
• 1939 : il est mobilisé dans un régiment d’infanterie coloniale. Fait prisonnier par les Allemands en juin 1940, il passe près de deux ans en captivité. C’est là qu’il écrit son premier recueil de poèmes, Hosties noires, dédié à ses compagnons de captivité.
• 1945 : Léopold Sédar Senghor, lors d’un bref passage au Sénégal, se fait élire député de la circonscription Sénégal-Mauritanie à l’Assemblée nationale française où les colonies viennent d’obtenir le droit d’être représentées.
• 1948 : il fonde la Bloc Démocratique Sénégalais (BDS), parti qui remporte les élections législatives de 1951. Léopold Sédar Senghor devient un des ténors de la vie politique sénégalaise.
• 1955 : Léopold Senghor est nommé secrétaire d’Etat à la présidence du conseil d’Edgar Faure. Il y reste près d’un an mais échoue dans sa tentative de créer une fédération réunissant les anciennes colonies autour de la République française, une sorte de ”Commonwealth à la française”.
• 1958 : De retour à Dakar, Senghor crée avec les socialistes l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS) et fait voter ”oui ” au référendum constitutionnel initié par le Général de Gaulle.
• 1960 : après une tentative avortée de création d’un état fédéral avec le Soudan français (le Mali actuel), le Sénégal proclame son indépendance le 20 août. Le 5 septembre, Léopold Senghor est élu président de la République. Il a 54 ans.
• 1970 : Réélu à chaque élection, Senghor rétablit la fonction de Premier ministre (fonction supprimée en 1963) et la confie à Abdou Diouf.
• 1978 : Senghor est réélu avec 82 % des suffrages le 26 février. Avec une presse libre et un régime tripartite, c’est le premier chef d’Etat africain élu dans des conditions réellement démocratiques.
• 1980 : le 1er décembre, le président Senghor annonce qu’il cède sa place le 1er janvier 1981 à son dauphin constitutionnel Abdou Diouf.
• 1983 : Sa retraite est politique pas littéraire ni diplomatique. Jouissant d’un très grand prestige à l’étranger, il collectionne les titres de Docteur honoris causa de nombreuses universités. Et, immense honneur, il est le premier Africain élu à l’Académie Française.
A partir de 1989, malade, Léopold Senghor passe la plus grande partie de son temps à Verson, en Normandie. Et c’est dans ce village normand qu’il s’éteint le 20 décembre 2001.
Outre son œuvre poétique chargée de symbolisme et son combat pour faire reconnaître la culture « nègre », Léopold Sédar Senghor a su donner à ses compatriotes la fierté d’avoir eu pour président un si grand homme.
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