La société à l'origine de cette initiative, InterviewStreet, proposait jusqu'à maintenant une plate-forme en ligne de tests de compétence pour les candidats à l'embauche de quelques startups plus ou moins connues (AirBnB, DropBox, Facebook...) de la Silicon Valley et d'ailleurs. Elle ne s'intéresse cependant qu'à des profils bien particuliers, de développeurs de logiciels, et les tests dont il est question sont exclusivement des exercices de programmation ou de conception d'algorithme. Au fur et à mesure des challenges qu'ils résolvent, les participants accumulent des "points", qui leur permettent de se faire repérer par leurs entreprises préférées.
Poussant sa logique un peu plus loin, la société lance maintenant des "CodeSprints", sortes de campagnes de recrutement "flash", prenant la forme de "hackathons" en ligne. En pratique, pour l'édition qui commencera le 6 janvier prochain, les internautes du monde entier seront invités à se pencher, pendant 48 heures, sur une série de problèmes algorithmiques et de programmation (dérivés de cas réels soumis par les recruteurs). Les "meilleurs" développeurs, jugés par le nombre et la qualité des solutions apportées, seront ensuite contactés, pour des entretiens d'embauche, par les startups de leur choix parmi les 63 qui participent à l'opération.
Pour les candidats, l'avantage du CodeSprint est de concentrer une partie de leurs efforts de recherche d'emploi sur une courte période (2 jours), dans une approche concrète et pragmatique, tout en ciblant un nombre conséquent de recruteurs (attractifs) potentiels. Pour ces derniers, le bénéfice sera de pré-filtrer rapidement les jeunes développeurs sur leurs compétences de programmation sur un mode aussi objectif que possible, quitte à devoir faire valoir leurs qualités propres (par rapport à leurs concurrents) dans la suite du processus de sélection.
En France, malgré l'importance de l'informatique pour la banque ou l'assurance, il est difficile d'imaginer de telles méthodes pour le recrutement de développeurs dans ces organisations, n'est-ce-pas ? Et il me semble tout autant irréaliste de l'envisager dans les SSII (sociétés de service) qui fournissent désormais une grande partie des troupes des DSI modernes.
Je crains en effet que les qualités de programmation ou d'algorithmique soient bien peu valorisées dans l'hexagone : sans aller jusqu'à un hackathon, combien d'entreprises ont-elles encore recours à des exercices pratiques pour juger des candidats ? Et tous les débutants n'aspirent-ils pas à devenir chef (de projet) le plus rapidement possible ? En prolongeant ce raisonnement, on pourrait même se demander si le déficit de startups françaises à succès ne serait pas aussi (un peu) du à cet état d'esprit...
Pourtant, le succès des grandes entreprises comme de celles émergeant tout juste passe de plus en plus souvent par une maîtrise des technologies, qui devrait donc être considérée à sa juste valeur...