Avec une voix douce et quelques traits d’humour, Cédric Andrieux nous emmène dans la mémoire des gestes que peut enregistrer le corps, dans l’immédiateté du mouvement (ici et maintenant), dans le dépassement non seulement des possibilités physiques du danseur mais aussi des situations. Ainsi, ce regard de quatre minutes sur le public, un sourire, une attention.
C’est avec une pièce de Merce Cunningham que j’ai pu entrer, spectateur, dans la danse contemporaine, au début des années 1980. A cette époque, la veille de ce spectacle, j’avais vu un reportage sur le travail du chorégraphe où il disait tout ce que Cédric Andrieux dit ce soir : le mouvement, rien que le mouvement. C’est sans doute pour cela que ce solo me touche, portrait de l’artiste en danseur, occupant tout l’espace du plateau nu, traversant l’histoire de la danse contemporaine, inscrivant en moi le mouvement, rien que le mouvement, celui des pieds, des jambes, du bassin, du torse, des bras, de la tête, des yeux, de la bouche, le plus souvent sans musique, en silence, « seul luxe après les rimes » (pour citer Mallarmé).