Accord franco-allemand sur l'Union pour la Méditerranée
La chancelière allemande Angela Merkel aux côtés du président français Nicolas Sarkozy à l'occasion du CeBit de Hanovre.
(c) Reuters Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont annoncé, hier soir dans à Hanovre, être parvenus à un compromis sur le projet français d'"Union pour la Méditerranée" tout en affichant une entente retrouvée.Lors d'un dîner de travail, la chancelière allemande a obtenu que ce projet, initialement conçu par le président français pour renforcer la coopération entre les pays riverains de la Méditerranée, soit étendu à l'ensemble des États membres de l'Union européenne, riverains ou non.
Faire évoluer le processus de Barcelone
"Nous sommes convenus qu'en ce qui concerne la coopération entre l'Union européenne et la Méditerranée, nous voulions faire évoluer le processus de Barcelone", a déclaré Angela Merkel lors d'un point de presse commun. "Cela s'appellera Union pour la Méditerranée. Ce sera un projet des 27 États membres de l'Union européenne."
Angela Merkel a admis que le processus de Barcelone, lancé en 1995 pour rapprocher l'UE et les pays de la Méditerranée, avait des "faiblesses".
Participation de tous les Etats européens
Nicolas Sarkozy a, pour sa part, affirmé que la chancelière n'avait "jamais été opposée au principe de l'Union pour la Méditerranée", mais que son souci était de faire en sorte que tous les États européens puissent y participer.
"Naturellement, nous devons en parler avec les autres États membres pour ne pas placer tout le monde devant un fait accompli", a souligné Angela Merkel.
Elle a précisé que Paris et Berlin évoqueraient le projet d'"Union pour la Méditerranée" lors du dîner du prochain Conseil européen, les 13 et 14 mars à Bruxelles. "Nous demanderons à la présidence (slovène) de mettre ce point à l'ordre du jour."
"L'Union pour la Méditerranée se fera. Ce sera un projet européen", a renchéri Nicolas Sarkozy. "Nous ferons une proposition franco-allemande au prochain Conseil européen."
Des concessions
Le président français a admis avoir fait des concessions sur un sujet qui avait passablement tendu les relations bilatérales, au point d'être cité par des responsables allemand comme la cause du report au 9 juin d'un sommet informel Sarkozy-Merkel, prévu initialement ce lundi en Bavière.
"Forcément pour y arriver, on a fait un effort l'un vers l'autre", a-t-il déclaré.
Ni la chancelière allemande ni le président français n'ont voulu donner des précisions sur les concessions faites par les deux parties et sur l'accord conclu.
"Dans les jours qui viennent, vous verrez qu'on a trouvé un compromis autour de cette Union pour la Méditerranée que nous voulons tous les deux et qui n'exclura personne", a souligné le chef de l'État français.
Autres projets
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont aussi parlé d'autres projets de la future présidence française de l'UE, au second semestre 2008.
"De même que la France nous a soutenus pendant la présidence allemande, nous allons étroitement soutenir la France pendant sa présidence", a souligné la chancelière.
Elle a cité la lutte contre les paradis fiscaux. Sur la politique de sécurité et de défense, le climat, l'immigration et de l'agriculture, Paris et Berlin vont mettre en place des groupes de travail.
Un accord franco-allemand est en vue sur les objectifs européens de réduction des émissions de CO2 des voitures - auxquels s'opposent jusqu'ici Berlin -, ont indiqué Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, qui ont décidé là aussi de créer un groupe de travail de l'Elysée et de la chancellerie.
En ce qui concerne la séparation patrimoniale des réseaux d'énergie, la France et l'Allemagne présenteront une proposition commune, ont-ils également dit.
Partenaires économiques
"La France et l'Allemagne, l'Allemagne et la France regardent l'avenir de l'Europe et de ces différents dossiers dans la même direction, sur le même rythme et avec la même volonté", a conclu Nicolas Sarkozy.
"Ce qui va de soi entre nous depuis neuf mois, c'est que nous nous mettons toujours d'accord quand c'est important", a renchéri Angela Merkel.
Nicolas Sarkozy avait reconnu auparavant, lors de l'inauguration du Salon international des technologies de l'information (CeBit) dont la France est l'invitée d'honneur, des divergences dans le domaine économique avec l'Allemagne.
"Le paradoxe c'est que chacun de nos deux pays est le premier partenaire économique de l'autre. Et pourtant, nos cultures économiques demeurent extrêmement différentes et cela suscite des malentendus ou des incompréhensions", avait dit le président français.
Les deux pays, partenaires dans de nombreux secteurs comme l'aéronautique, n'arrivent notamment pas à s'entendre sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE).
Nicolas Sarkozy avait invité les Allemands à prendre en compte son action actuelle pour réformer la France. "On essaye de faire les réformes que vous en Allemagne vous avez faites depuis des années", avait-il dit.
Il avait proposé que la France et l'Allemagne réfléchissent à des projets économiques communs concrets et s'associent pour développer des calculateurs géants.
Il avait également proposé de travailler sur l'intégration des deux réseaux électriques français et allemands.
"Pour que ces partenariats réussissent, je pense qu'il faut qu'on se comprenne mieux et qu'on accepte nos différences de cultures économiques", a cependant ajouté Nicolas Sarkozy.