L’ avenir n’ est pas totalement imprévisible. Les réalités d’ aujourd’hui annoncent la suite. Mais qui veut bien les voir, lors qu’ elles contredisent le « consensus » ambiant ? Cassandre a toujours politiquement tort. Une belle carrière se fait aussi par la soumission aux règles, dont la 1ère est d’ approuver les idées du chef . Et tous les chefs ne prennent pas modèle sur Churchill. Ils préfèrent bêler la vieille chanson de 1937: « tout va très bien, Madame la Marquise… ». C’est plus utile pour les élections. C’est vrai aussi dans les grandes organisations.
Ici, nous n’avons pas cette contrainte de la politique maison ni du « sell side ». Notre rôle,dans la gestion des avoirs de nos clients, est de crier au fou et au risque alors que tout le monde s’ accorde pour dire le contraire. Vous trouverez la pensée unique dans tous les media; elle s’ assimile à de la propagande. Notre but: la réflexion. Elle peut se tromper, mais elle s’ appuie sur des faits que chacun peut vérifier. Et 2+2 finissent pas faire 4. …
Quelques faits de 2011 à analyser pour en comprendre les conséquences: paniques boursières à répétition, marchés obligataires en perdition, fermeture des marchés interbancaires, gouvernements démocratiques remplacés par celui de technocrates et manifestations de masses vaines et désespérées, profits gigantesque de la sphère financière, chômage massif dans la zone € (sauf en Allemagne), et aux USA . Enfin rôle de décideur pris par la zone Asie Pacifique contre le monde Atlantique dans les grandes affaires économiques.
Relisez nos posts de 2011. Sur l’ horizon de gestion d’une fortune privée, nous demeurons négatifs, comme fin 2010. Mais il peut y avoir des aller/retours fructueux quand les marchés s’ affolent. Car ses propres forces de rappel vont permettre de faire un profit rapide à court terme. Pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas s’y risquer, l’ abstention est quand même une sage solution.
Pour faire une synthèse: il y a pléthore de bonnes nouvelles fondamentales. Enfin. Mais la cure sera pénible.
1ère bonne nouvelle : la prise de conscience par les peuples européens de la crise financière. Mais peut-être pas encore en France.
Surendettements public et privé, frais financiers ruineux, méfiance des prêteurs asiatiques et Moyen orient devant nos demandes de prêts nouveaux, hausse des taux par une prime de risque. Ce n ‘était pas nouveau mais politiquement incorrect; » il ne fallait pas le dire ! ». D’ excellents professionnels le clamaient à leurs risques et périls depuis longtemps. Tel Mr. Pébereau ou notre Premier ministre. Ils demandaient le retour à l’ équilibre du budget de fonctionnement des Etats. Ainsi que le contrôle du crédit bancaire depuis 2006 et le début de la débâcle financière US avec Bear Stearns et d’ autres. Débâcle cachée par la Fed qui n’ était pas encore obligée de publier ses interventions (on ne les a connues qu’ en 2011 !) . Bonne nouvelle: les peuples de l’ Europe ont accepté la remise en ordre. Mauvaise nouvelle: il faudra attendre les élections US pour que les américains en fassent autant. Entre temps, risque de panique sur le $ et les marchés.
En Europe tout le monde sait que la situation est intenable. Sauf chez nous ? Le rejet éventuel du Président sortant ammènerait au pouvoir des politiciens qui n’ ont clairement pas encore compris. Notre PS national refuse la règle d’or qui conditionne le maintien de l’ Allemagne en zone Euro. Un risque : s’ il gagne, il faudra une grave crise pour l’ y contraindre. Elle sera donc (inutilement) coûteuse. Son schéma a été traçé par les malheurs des PIIGS: refus des prêteurs de financer le déficit public, hausse des taux, banques en déconfiture , retards dans le versement des pensions et salaires publics, manifs désespérées autant que vaines; installation d’un gouvernement de technocrates. Ils se substitueront aux élus qui n’ont pas osé faire face. Pour réduire les déficits publics et le pouvoir des lobbyes. On aura perdu du temps et de l’ argent pour rien. Avec risque imprévisible d’extrémistes comme lorsque Mr. Chevènement réclamait notre sortie du Marché Commun en 1983 après 40% de dévaluation/DM en 18 mois .
Le risque français est donc supérieur à celui des autres pays de la zone Euro; déjà EDF et Areva sont dégradées. On y verra plus clair après Avril.
2 : Fonds propres des banques reconstitués par leurs clients.
Les refinancements apportés par la BCE la semaine dernière leur permettent d’ emprunter à 1% (et bientôt moins ?) pour reprèter à 4 ou 5. Sur plusieurs centaines de milliards d’ € : le calcul de leurs profits est vite fait. Elles les porteront en fonds propres et se hisseront ainsi au niveau requis par les accords de Bâle. Le consommateur paiera et non pas le contribuable comme dans l’ urgence de 2008. C’est politiquement plus correct. Mais le résultat est en vue. Bonne nouvelle. La crise financière se résorbe.
3 : Nous l’avons indiqué dans notre post du 18 Avril: les vrais décideurs US ont été sauvés de la déconfiture par la Fed (leur filiale), et par les QE . Il s’ agissait surtout de Wall Street et de la sphère financière. Certes aucun dirigeant n’ a été inquiété (au contraire de l’ époque Reagan qui a mis en prison un millier de dirigeants de banques et de caisses d’épargne en 1984). Mais le résultat est là. Aucune grosse banque ne sautera. Donc plus de raisons de paniquer. D’ailleurs l’ or baisse fortement et son analyse technique est franchement négative pour les prochains mois. Bonne nouvelle.
4 : Même si la méfiance mutuelle des banques les empêche de se prêter au marché monétaire, ces refinancements de la Fed et de la BCE assurent le retour à une liquidité normale pour les gros. Bien sur, l’ inflation suivra. Mais elle est désirée pour amoindrir le stock de dettes publiques. Pour les privés, ils épargnent: c’est la bonne résolution de l’ année à New York d’ après Bloomberg (www.bloomberg.com)de ce jour ! Bonne nouvelle.
Il faudra encore du temps pour que ces bonnes nouvelles produisent leurs effets. Le retour à la raison financière entraînera inévitablement des réajustements douloureux. Ex: l’ arrêt des financements publics d’ associations plus ou moins bidonnées dans les banlieues ( la masse déversée pour y maintenir le calme a été soulignée par la Cour des comptes), va faire disparaître des emplois. C’est la destruction créatrice de Schumpeter. Ne plus l’ entraver est positif, mais pas immédiat.
Les profits des entreprises locales, sauf bancaires risquent de souffrir de la baisse de la consommation qui suivra inévitablement. Mais elle n’ est pas aussi grave qu’ on ne devrait l’ anticiper si on en croit les chiffres Grecs publiés ce jour: seulement 5% de baisse. Inespéré, et qui montre que la corruption (les revenus au noir) était assez élevée pour pallier la baisse des dépenses publiques. Sommes nous en France, plus vertueux ?
Et les profits de nos multinationales demeureront boostés par l’ Asie, sauf si les bilans des banques chinoises sont aussi truqués que ceux du Japon en 1989. Et avec eux les taux de croissance officiels. De grands professionnels le disent déjà. La conséquence en serait le retour de la Chine au réalisme … et à au respect des autres. Et un ralentissement mondial que rien, à part ça, n’ annonce puisque 2011 se termine sur le chiffre historique de la croissance moyenne depuis 1815 dans le monde industriel : 3% par an . Permanence de l’ histoire….
Dans tous les cas, c‘est l’ inflation qui démarrera dès que le poids des dettes se fera moins pressant. Comme toujours. Et ce sera une bonne nouvelle financière. Raison de plus pour ne pas acheter de titres à revenu fixe. Et de rester sur les titres industriels de fort rendement. Seule une fiscalité accrue les handicapera. Ce n’ est pas encore sur.