L’âne et l’éléphant, par French Fry
Le marathon des primaires prend son premier virage en épingle. Aujourd’hui, mardi 4 mars, le Texas, l’Ohio, le Vermont et Rhode Island, votent pour élire 370 délégués. Mr Smile et Lady H se font face du côté démocrate. Ralph Nader, en candidat réchauffé, ne pèse pas vraiment. Et quant à notre Captain Botox (McCain évidemment), il s’installe tranquillement dans le rôle du candidat républicain officiel.
Depuis le 5 février, onze élections se sont déroulées, toutes remportées par Barack. Depuis le Super Tuesday, Hillary n’a cessé de perdre du terrain face à la « Rock Star ». Tempus fugit depuis les derniers bons sondages hillariens, le momentum obamesque a mis à bas la stratégie Clinton. Espérant la victoire par KO le 5 février, ils vivent depuis un cauchemar ! Quelques noms d’oiseaux, deux duels télévisés à haute tension, des clips et flyers contestés, et mille ruses après (petite larme, respect poli, colère froide, grande offuscation, humour à la cool…), rien n’entame la totale baraka.
Obama = 1 383 / Clinton 1 276. Questions pépettes, Barack a dépensé, en moyenne, le double d’Hillary en publicité télévisée (son retard de notoriété était très important). Il en a aussi levé deux fois plus… des pépettes… dans tous les sens du terme.
« Must win », ces élections sont le jugement de Dieu pour Dame H. Son gros Bill a même avoué (une boulette ?) qu’elle devait les remporter pour continuer. Les stratèges hillariens tentent désormais de trouver une pirouette pour lui permettre de rester en piste en cas contraire. En raison de la répartition à la proportionnelle, Hillary ne peut pas se contenter d’une victoire à l’arraché. Elle doit battre Mister Change largement pour relancer sa campagne. Toute la stratégie d’Obama est donc de coller à son adversaire. Mais il reste fragile. Sa victoire au Texas n’a pas que le gain de délégués pour seul enjeu : il doit prouver qu’il ne gagne pas que dans les petits états, qu’il n’est pas le candidat de l’intelligentsia, mais aussi celui de tous les rats des villes et des champs, des stetsons comme des cols-bleus, de la sueur et du pétrole.
Si d’aventure les résultats ne tranchent pas, les partis et ses juristes vont commencer à plancher frénétiquement… Qui mérite de représenter les démocrates : Celui qui a le plus d’états ? Celui qui a le plus de voix ? Celui qui a le plus de délégués, celui qui a les états les plus peuplés ? Tout cela sur fond de « coming out » de super délégués en faveur d’Obama, et des récentes déclarations de responsables (John Kerry, Bill Richardson …) qui suggèrent à Hillary d’abandonner en cas de défaite demain.
Pendant ce temps-là, chez les éléphants, ça boume. McCain (1014 délégués) devrait être officiellement intronisé mercredi, en ralliant les délégués manquant à sa couronne (1191). Si nos ânes ne parvenaient pas à trouver un accord dans la foulée, Captain Botox partirait alors avec 6 mois d’avance. Comble de décontraction : il s’exprime déjà sur des grands axes de politique générale.
Cet affrontement « primaire » est inédit dans l’histoire des Etats-Unis. Il a permis aux citoyens de participer au débat, de peser sur les partis, de s’exprimer, et aura ramené un très grand nombre d’américains sur le chemin de la politique. C’est son aspect le plus positif. Mais il fait sourdre aussi les thèmes de la VRAIE campagne : nouvel isolationnisme US par crainte de la crise économique, des délocalisations, protection face aux immigrants, obsession sécuritaire. Il pousse aussi de nouveaux topiques qu’on n’attendaient plus : nécessité de recréer un lien solidaire inexistant (health care), implication environnementale… Viendront aussi les orientations internationales et la question pressante de la guerre, celle d’Irak et toutes les autres… Souterraines ou en devenir. Je suis curieux d’entendre les premiers débats sur ces thèmes. Pour la bonne blague, je rappelle qu’en décembre dernier, McCain pensait que Vladimir Poutine était le Président de… l’Allemagne ( ! ).
See Ya !