24 novembre 2011, premier meeting de la campagne présidentielle de Philippe Poutou à la bourse du travail de Saint-Denis
La campagne présidentielle, dont Sarkozy voudrait avoir planté le décor lors de son discours de Toulon et à travers les sommets de crise européens où il se dresse sur ses talonnettes pour prendre la pose du sauveur de l’Europe, s’annonce d’ores et déjà comme un concours de démagogie, de faux-semblants et d’hypocrisie.
Sarkozy a donné le ton. En 2008, il prétendait que « le marché tout puissant qui décide de tout, [c’était] fini » ! Aujourd’hui, il est obsédé par le AAA, complaire au marché en se pliant aux agences de notation. Et au nom de la lutte contre les déficits et la dette publique, lui et Merkel engagent l’Union européenne dans la fuite en avant de l’austérité durable. Pour, dans le même temps, déclarer sans sourciller : « dans la situation où se trouve l’économie, je ne conduirai pas une politique d’austérité qui aggraverait la récession » !
François Hollande vient de s’autoproclamer « candidat de la justice » face au « président qui a été celui des inégalités ». Quelle justice ? Il ne s’engage même pas à revenir sur les réformes de Sarkozy, même pour la retraite à 60 ans. Il veut donner du « sens à l’austérité » et, à peine Bayrou a-t-il annoncé sa candidature qu’il s’est dit prêt à l’intégrer à sa « majorité présidentielle ». Bayrou qui s’affiche comme le candidat des entreprises, le plus virulent contre les 35 heures et qui trouve que Sarkozy n’en fait pas assez… « Il appartient à la famille », a certifié Guéant, ce qui n’a pas empêché Eva Joly de saluer en lui un « homme de constance et de courage » !
Tout ce petit monde s’agite en vase clos. Chacun essaie aussi de trouver son originalité pour exister en prenant « le peuple » à témoin. Difficile à l’heure où les banques dictent leur volonté aux États. À ce cynique petit jeu, la gagnante pourrait être la plus cynique, Marine Le Pen.
Le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon, disent, selon Patrick Le Hyaric dans l’Humanité, se mettre « à la disposition de la majorité de nos concitoyens, qui, aujourd’hui, sont déterminés à chasser M. Sarkozy du pouvoir pour construire avec eux un rassemblement majoritaire pour faire reculer l’austérité, le chômage, la pauvreté, sortir de la crise et changer l’Europe ».
La candidature de Philippe Poutou se situe dans une perspective différente. Notre camarade Philippe Poutou, l’ouvrier candidat, veut révéler l’hypocrisie des discours des candidats du monde politicien face à la réalité de la vie de la majorité de la population pour donner une crédibilité à nos propres réponses. Philippe défend des mesures d’urgence face à la crise en proposant de les financer en prenant l’argent là où il est, chez les financiers et les gros actionnaires, les riches, et, d’abord, en refusant de payer la dette. Il aspire à bousculer le jeu institutionnel, à interpeller du point de vue des exploitéEs les autres partis et les responsables de la crise.
Nous ne postulons pas à un rassemblement majoritaire fait de combinaisons parlementaires. Notre démarche démocratique vise à construire un rassemblement majoritaire dans les mobilisations et les luttes en travaillant à l’unité, l’unité du monde du travail pour faire face à l’offensive des banques, du grand patronat, de leur État, l’unité aussi des anticapitalistes pour construire une force capable, au cœur même de ces mobilisations, d’offrir une perspective globale pour en finir avec le pouvoir de l’argent, la dictature des marchés, conquérir les moyens de contrôler la marche de la société, par en bas, une réelle démocratie pour et par les travailleurs.