On fit place aux nouveaux venus et, deux heures ayant sonné, ils se firent servirent le robuste menu du pèlerin proposé par la maison. Le solide bouillon galicien, les grillades et la crème qu’on leur servit, ainsi, il faut le dire que les larges rasades de vin « tinto » qui les accompagnait achevèrent de les rasséréner et, quand ils se présentèrent à l’albergue, ils étaient toujours aussi mouillés mais beaucoup plus souriants qu’à leur arrivée.
L’hospitalier, un homme entre deux âges qui gardait perpétuellement au bec un cigarillo éteint, les installa dans les deux dortoirs à peu près chauffés, en leur récitant un règlement qu’ils connaissaient parfaitement pour l’avoir lu et entendu à maintes reprises depuis leur entrée en Espagne. Toutefois, ajouta-t-il, comme on était la veille de Noël, le refuge ne fermerait pas ses portes à dix heures. Ils pourraient ainsi assister à la messe de Minuit. Mieux, le lendemain, on les laisserait dormir un peu plus longtemps qu’à l’ordinaire et ils ne seraient pas obliger de vider les lieux à huit heures comme le prescrit le code pèlerin.
Tanguy pénétra à la suite des mages, dans l’église déjà bondée. Quand Melchior lui avait proposé de les accompagner à la veillée de Noël, il avait hésité avant d’accepter. Depuis longtemps, cette fête n’était plus pour lui qu’un rituel un peu machinal, offrant, dans le meilleur des cas, une occasion de passer une soirée agréable avec l’une ou l’autre de ses amies du moment. Il se décida pourtant, en se donnant pour prétexte qu’en cette lointaine Galice, la fête devait présenter des côtés folkloriques qu’il serait plaisant d’évoquer quand de retour chez lui, il parlerait de son voyage