Angela Merkel est vraiment au coeur de l’actualité et de la crise grecque, avec le vote attendu au Bunderstag récemment, sur fonds d’aide à la Grèce. La chancelière allemande s’était démenée ces derniers jours, pour tenter de convaincre sa majorité, qui est sur le fil du rasoir. C’était donc l’heure de vérité, pour Madame Merkel, ces derniers temps, jusqu’au récent compromis bruxellois.
Parfois, elle a la nostalgie de la RDA. Elle y menait sa petite vie d’ingénieur modeste, mais tranquille, certes surveillée par la redoutable Stasi et « les grandes oreilles du parti », mais une vie sans surprise, prise en charge du berceau à la mort, « le bon vieux temps ». Aujourd’hui, les journaux américains la qualifie de femme la plus influente du monde. Mais que laissent-ils aux autres ? Angela Merkel a passé et passe encore son temps, à négocier avec les élus de son parti, la CDU et son allié libéral, avec les grands barons des länders. Nous sommes dans un régime fédéral. Récemment les syndicats l’ont exhorté à sauver l’Europe et l’euro, au nom de l’histoire, de la paix en Europe. Merkel a longtemps hésité. Outre-Rhin, la cour constitutionnelle veille strictement à ce qu’elle ne brade pas la souveraineté allemande. Une majorité d’Allemands ne veulent pas payer pour les Grecs, qui ne payent pas d’impôts, qui trafiquent leurs comptes, qui se sont gavés de subventions européennes. Les Allemands de l’ouest payent encore pour les Ossis de l’est, « ces Prussiens qu’ils méprisent, presqu’autant que les cultivateurs d’olives ».
Angela Merkel perd les élections locales, une à une. Parcequ’elle est accusée de céder à Sarkozy, qui est accusé de suivre Merkel qui suit elle, le patronat allemand. C’est ainsi depuis l’après-guerre, les milieux patronaux traumatisés par les folies destructrices d’Hitler, tiennent la bride serrée au élus. Ils ont imposé au social-démocrate Schroeder le fameux plan de rigueur de 2001, qui donne de si beaux résultats aujourd’hui. La démocrate chrétienne Merkel a suivi à la lettre, la feuille de route laissée par son adversaire social-démocrate. Il y allait de la survie… En dix ans, ils ont transformé l’Allemagne, en petite Chine, une véritable machine à faire du cash. Le prix à payer est élevé. Mais le chômage se voit moins en Allemagne, grâce à une démographie très faiblarde. L’Allemagne est un pays vieillissant, un pays de vieux « qui veut en garder sous le pied, pour continuer à faire des croisières en méditerranée ». Ce sont les patrons allemands qui expliquent à Merkel, qu’il faut sauver l’euro, car 80 % des excédents commerciaux de l’Allemagne, se font sur les pays de la zone euro. Pas si mal, cet euro, qui a créé des clients captifs, la France et l’Italie, et même les Grecs, qui ne peuvent dévaluer comme avant, pour s’arracher des griffes de la redoutable concurrence allemande. « Merkel a l’interdiction de libérer les captifs ». C’est trop tôt, pas encore mort. La Chine et les pays émergeants n’ont pas encore pris le relais. Mais bientôt.
La Chine est l’établi du monde, et l’Allemagne lui vend les outils. Et les nouveaux riches chinois aiment tellement les Bmw et les Mercedes. Un jour, Nicolas Sarkozy lui a dit, avec sa brutalité habituelle, et en s’inspirant d’une célèbre réplique du général de Gaulle sur les rapports franco-allemands : « Je suis la tête, tu es les jambes » ; et Angela lui ayant répondu : « Non, tu es la tête et les jambes, je suis le carnet de chèques ». Angela ou les états d’âme d’un carnet de chèques….
J. D.