Sarkozy le catholique se prend pour Jeanne d'Arc.

Publié le 27 décembre 2011 par Juan
Vendredi soir, l'une des accréditées élyséennes du Figaro, Solenn de Royer, confiait que Nicolas Sarkozy avait reçu à dîner quelques jeunes prêtres catholiques pour discuter de foi et d'engagements. A quelques heures du réveillon de Noël, ce « dîner catholique de Nicolas Sarkozy » n'était évidemment pas le fruit du hasard.
L'actualité d'un weekend de Noël est toujours, sauf évènement extra-ordinaire, marquée par de multiples messages chrétiens, de messes de minuit ou déclarations papales. Au Nigéria, une trentaine de personnes ont été tuées lors d'attentats à la bombe qui visaient expressément des chrétiens. A l'Elysée, Nicolas Sarkozy  exprima sa « solidarité » et ses « condoléances ».
Le même jour, invité d'Europe1 dimanche dernier, jour de Noël, Dominique de Villepin s'est voulu oecuménique. « J'ai tourné la page, j'ai pardonné à Nicolas Sarkozy ». L'homme s'imagine toujours au-dessus des partis: « ce n'est pas à l'UMP de choisir le président de la République, ce n'est pas au Parti socialiste, pas plus qu'au MoDem ou au Front national, c'est aux Françaises et aux Français ! Je ne veux pas que cette élection présidentielle soit kidnappée par les partis politiques ».
Jeudi dernier, Nicolas Sarkozy a donc reçu une dizaine de prêtres à dîner. Le Figaro devait s'en faire l'écho. Sinon, ce dîner n'aurait servi à rien ou presque. L'un des proches conseillers, Camille Pascal, lui aurait organisé la chose. On dit cette « plume » du Monarque très pratiquante. Il y avait « un aumônier de prison, un aumônier militaire, des curés de campagne ou de banlieue. L'aumônier de l'Assemblée nationale, le P. Rougé, ainsi que le fondateur du cercle Léon XIII (qui organise des rencontres avec des responsables politiques ou économiques), le P. Pierre-Hervé Grosjean ».
Le président français a toujours un attachement particulier à la religion et au sacré. Et un manque de retenue laïque que pourtant sa position de président lui impose.
Rappelez-vous.
On se souvient de sa réception du pape Benoît XVI à Paris, en septembre 2007. Il avait défendu un fumeux concept de laïcité positive, comme si la République souffrait de trop de laïcité négative. En décembre 2007, son discours de Latran, à Rome, provoqua les applaudissements enthousiastes des dignitaires catholiques présents dans l'assistance. Et pour cause. Nicolas Sarkozy, pourtant président élu d'une République laïc qui sépara les affaires religieuses des affaires de l'Etat en 1905, avait lâché cette formule incroyable: « L'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé ». Quelques semaines plus tard, fin janvier 2008, le même Sarkozy s'exclamait à Ryad, en Arabie Saoudite - un pays où la loi religieuse règne encore douloureusement : « Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme. Dieu qui n’asservit pas l’homme mais qui le libère. Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes. »
En juillet 2010, son discours de Grenoble puis la traque des Roms avaient heurté l'Eglise catholique. L'archevêque d'Aix-en-Provence et d'Arles avait des mots très durs, fin août 2010, « Les discours sécuritaires qui peuvent laisser entendre qu'il y a des populations inférieures sont inacceptables. Ces personnes, citoyens européens, vivent pour la plupart paisiblement ici, un certain nombre depuis de longues années ».
Depuis, Sarkozy a multiplié les gestes de bonne volonté. Il drague comme il peut. Il a multiplié les références aux « racines chrétiennes » de la France. En octobre 2010, il a rendu visite au pape, au Vatican. Certes, il a commis la grossièreté d'arriver en retard d'une trentaine de minutes. Mais au moins, devant les photographes, il s'est signé dans l'Eglise. En mars dernier, il a ainsi longuement visité la cathédrale du Puy-en-Velais, le « fief » de Laurent Wauquiez. Il est parvenu à passer deux heures avec des bonnes soeurs, « dans le plus grand secret ». 
Jeudi dernier lors de son dîner, un conseiller anonyme confia combien le Monarque avait « redit » son attachement aux «racines chrétiennes de la France», et déploré la disparition des «grandes voix catholiques». Il fallait que cela se sache. La journaliste du Figaro qui relaya l'affaire eut droit à quelques citations du Monarque. Ainsi aurait-il déclaré aux prêtres présents « Au nom de quoi faudrait-il ignorer ce que vous représentez? Vous offrez une espérance. Les gens ont besoin d'espérance.» Et encore:  « Dites ce que vous avez à dire à la société, pas seulement à vos fidèles. À l'heure où l'on écoute ces experts en tout, pourquoi ceux qui défendent une religion n'auraient-ils pas le droit à la parole?»
On apprit que les participants discutèrent de « la jeunesse, l'éducation, la finalité de l'art, ou encore les souffrances des chrétiens d'Orient ». Ont-ils parlé de la chasse aux Roms ?
Mieux, quelques-uns de ces religieux questionnèrent Nicolas Sarkozy sur sa propre « vocation ». Evidemment... Quelle mise en scène ! Après les « courriers de soutien spontané» demandés aux sympathisants de l'UMP par Jean-François Copé, voici l'interview du Monarque par un Saint Homme sur le sens du devoir ! Goûtez donc la réponse de Nicolas Sarkozy, telle qu'elle nous est fidèlement retranscrite par le Figaro:
«La politique a sa part de sacrifice. Il faut accepter le regard des autres. Assumer une différence, des choix. Vous faites le sacrifice d'une vie de famille, d'un confort de vie. Avez-vous du mérite? Moi, ai-je du mérite à faire ce à quoi je me suis senti appelé? Je ne crois pas. La politique s'est emparée de moi, pas l'inverse.»

Il fallait, ensuite, reprendre son souffle, calmer son émotion, et remercier Dieu et la Sainte Miséricorde de nous avoir donné un si Grand Homme pour Sauver la France.
Ami sarkozyste, as-tu prié ?