Je viens de recevoir le dernier numéro de la revue du 3me millénaire consacré à la mort:
Qu'est-ce que mourir? de la vie à l'après-vie?
N°102 - Hiver 2011
Thème: Mourir ? De la vie à l'après-vie
Sommaire
3e millénaire :Fil d'Ariane vers la mort : une porte sur l'après-vie
Michael Siciliano :Qu'est-ce qui meurt ?
Jean Bouchart d'Orval :Envisager la mort de façon saine
Robert Powell :On a peur de la mort parce qu'on ne la comprend pas
Michel Fromaget :Les deux morts de l'Ecriture et celle du ver à soie
Marianne Dubois :La fin de quoi ?
Christophe Yann :Un enseignement peu probable
Nicole Montineri :Un Océan cosmique
Marc-Alain Descamps :Qui dit que la mort est une fin ?
Joaquim :Face à l'inconnu
Betty :J'avais peur de la mort
Darpan :Aller à la racine de la vie et de la mort
Pierre Dupuis-Boissel :Les raisons du Soi immortel
Edouard Salim Michael :Se préparer à mourir
Shanti Mayi :Une constante transformation qui jamais ne meurt
Werner Ablass :La mort sale
Témoin d'éveil :
Pierre-Antoine Dujardin :Un nouveau monde
Documents :
Ramana Maharshi :Questions sur la réincarnation
Sultân Valad :Mort et croissance du grain de blé
Angelus Silesius :Les deux morts
Jacques de Marquette :L'avenir de l'individualité
On y trouve notamment de belles citations d'Angélus Silésius sur la mort comme celle-ci :
"Meurs avant de mourir, afin de ne pas mourir quand tu devras mourir : ou bien il te faudra périr"
Sur le thème de la mort, Douglas Harding a écrit un des meilleurs livres que je connaisse : Le petit livre de la vie et de la mort, dont j'avais fait un compte rendu enthousiaste pour une revue.
Voici ce que j'en avais écrit:
"Dans sa préface au « Petit livre de la vie et de la mort », Ram Dass dit de cet ouvrage que c’est un régal. Pour ma part, je dirais que ce livre de Douglas est génial, génial au sens premier, c’est-à-dire œuvre de génie, œuvre qui innove, qui rend évident ce qui était caché. Cet ouvrage est révolutionnaire :
Tâche difficile donc de résumer en quelques pages cette percée et tout ce livre de Douglas si riche et si dense.
Car ce livre innove dans tous les domaines : en théologie (Dieu n’est pas là-bas au loin, mais au centre de soi-même ; la résurrection est maintenant), en philosophie (l’homme n’est pas un individu mental, mais la Source Non-chose - Toutes-choses du monde), en science (la conscience ne vient pas de la matière, la science nouvelle est à venir), en biologie (la conscience n’est pas le résultat de l’évolution biologique mais Sa Source), en linguistique (le langage crée une illusion en transformant la première personne en troisième personne), en psychologie (le mental changeant n’est pas la véritable essence de ce que Je Suis)... et bien sûr en ce qui concerne la vision de la mort. Non que toutes ces vérités soient nouvelles - les vérités sont éternelles - mais la forme de leur expression est entièrement originale.
C’est le problème de la mort qui guide le lecteur au travers de toutes ces découvertes. Parce que pour Douglas (88 ans maintenant) la mort est une question urgente, il décide de se poser les questions essentielles : qu’est-ce que la mort ? La mort est-elle un passage obligé ? (P8) La mort est en effet le moment fondamental de la vie :
Ainsi la mort apparaît paradoxalement comme le chemin même qui mène aux mystères les plus profonds de la vie, et nier la mort comme nous le faisons en Occident, cacher les mourants, abandonner les vieillards dans les hospices est en réalité aveuglement devant la vie.
Mais Douglas ne va pas mener son enquête en partant des croyances religieuses ou des on-dit, mais bien par « une approche scientifique et rigoureuse ». Or ce qui « distingue un fait scientifique, c’est qu’il est vérifiable maintenant, par n’importe qui, et à volonté. »
L’originalité de l’auteur ici est, fort de cette méthode scientifique, de se demander directement qui est censé mourir. C’était là déjà la philosophie de Ramana Maharshi : quand un disciple venait auprès de lui se plaindre de mille problèmes, Maharshi demandait : qui a la problème ? Douglas demande ici : qui meurt ? qui êtes-vous ?
La première réponse (P30 à 42) est intellectuelle et Douglas, à l’aide d’arguments irréfutables, démontre que ce que je suis n’est pas ce que je parais être. Ce que je pensais être est un humain mental, mais mon identité véritable est « le Mystère Ultime », « le Non-chose - Toutes-choses » (P37), « la Source du Monde », « l’Un », « le Corps Total et l’Absence de corps » (P42). Mais ces découvertes stupéfiantes - car elles sont prodigieusement stupéfiantes - demandent à être vérifiées par l’expérience.
A travers neuf expériences que Douglas nous propose de faire avec lui, nous découvrons et nous vérifions qu’en inversant notre regard de 180°, et en nous tournant vers l’intérieur de nous même alors l’Evidence éclate : Je Suis l’œil infini, l’Espace immobile, la première personne éternelle, la Capacité Pure et Vide. Ma vraie nature n’est jamais née et ne mourra jamais.
Cette vision de Soi que Douglas appelle l’Envol vertical est la prise de conscience que : P117 « Je suis déjà libéré de la vie et de la mort et établi dans l’éternité. »
Là est le secret de l’enseignement inouï que la Source Non-chose - Toutes-choses nous révèle à travers Douglas.
Pour Douglas, pas de vie individuelle après la mort physique (sauf peut-être précise-t-il dans le cas de morts violentes), pas de réincarnation (la conscience n’est déjà pas maintenant incarnée), mais l’Evidence qu’ici et maintenant, je peux, et je dois faire l’expérience présente de la mort (E.P.M) qui me révèle à moi-même comme l’Eternel. L’E.P.M me fait découvrir immédiatement la vraie vie après la mort. Douglas remarque que cette E.P.M est très proche de ce que les gens, ayant vécu des expériences au seuil de la mort (E.S.M) à la suite d’accidents, racontent : expériences de sortie du corps, vision d’une lumière, paix, félicité. Mais « L’E.S.M frappe à la porte du Ciel et y jette un coup d’œil. L’ E.P.M y entre. » (P150)
Ainsi pour entrer dans le Royaume des Cieux vraiment il faut mourir à soi-même maintenant.
Et le Royaume des Cieux s’ouvre alors pour vous, et l’éternité, et ses richesses. Il s’agit simplement de faire faire un tour de 180° à son regard et
Grâce à ce chef d’œuvre de Douglas, c’est la mort elle-même qui est morte. Lisez ce livre. Faites-le lire à vos amis, à vos parents pour que chacun puisse également dire :