Tu te fous des élections présidentielles comme de ta première console de jeu. Tu rigoleras bien dans quelques années en apprenant que ton vieux père a courru (manque un r, là ? Je sais plus. Dans le doute j'en ai rajouté un. Ben merde, non, finalement, y en a qu'un. Comme mouru...) sous le soleil ardent de l'été austral pour s'inscrire à temps sur les listes électorales. Parce que, mon petit garçon, je veux voter. Pour toi. Pour ta grande soeur, née en une année maudite, il y a presque 10 ans, année où j'ai eu envie, très envie, de vous emmener (pas toi, tu n'étais pas né, mais l'idée y étais) à Madagascar, Maurice, à Chypre, ou même en Suède, malgré le climat, pour fuir un pays qui se reniait.
Mon petit garçon, je ne veux pas que tu vives dans un pays pour qui le fric et la posture sont des valeurs absolues. J'ai essayé de t'apprendre la compassion, le partage, bon, bref, des valeurs à la con... Mais aussi le coup de boule au petit garçon qui t'emmerde dans la cour de récréation. Tu en feras ce que tu voudras. Moi, je vais faire ce que je peux pour que tu puisses choisir plus tard. Pour qu'on vous respecte. A défaut de vous aimer.
François GILLET