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Idylle avec chien qui se noie

Par A_girl_from_earth

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IDYLLE AVEC CHIEN QUI SE NOIE

   traduit de l'allemand par Stéphanie Lux

Quel roman étrange et soufflant. Je crois que je n'ai rien lu de tel encore, ni d'aussi surprenant. Quelle drôle d'expérience, aussi drôle et étonnante que le titre qui a attiré mon attention à la bib'.

Une écriture et une atmosphère qui m'ont un peu évoqué Les braises de Sandor Marai, quelque chose de fin, de dentelé, et de percutant en même temps.

Rentrer dans ce livre, c'est comme être aspiré dans une autre dimension, et on en ressort toutefois aussi indemne qu'avant d'y entrer, sauf que notre esprit est encore hanté par la bizarrerie de ce qu'on vient de lire, qui n'a rien de fondamentalement bizarre en même temps. Enfin, c'est particulier...

Intriguée par ce livre à la bib', j'ai jeté un oeil sur la 4ème de couv', chose que j'évite de plus en plus mais à laquelle je résiste mal, surtout quand je n'ai jamais entendu parler du livre ni de l'auteur, et que pourtant, quelque chose me pousse vers lui.

Me voilà obligée de résumer le résumé tel que je l'avais compris (trop fort) pour tenter d'expliquer ce qui m'a attirée dans ce livre improbable:

Déjà, ce roman parle d'un écrivain et de son éditeur. Tous deux sont plongés dans une discussion sur la littérature au cours d'une promenade le long du Rhin quand ils aperçoivent un grand chien noir qui court à leur rencontre sur la glace (oui c'est l'hiver), celle-ci cède sous son poids et il tombe à l'eau. L'écrivain tente alors de le sauver en mettant sa propre vie en danger. Ce qui m'a encore plus intriguée, c'est cette suite dans le résumé. Pourquoi ne renonce-t-il pas, pourquoi refuse-t-il, au mépris de sa vie, de laisser le dernier mot à la mort?

Ensuite j'ai lu la phrase de trop dans les 4èmes de couv', celle qui éclaire le sens et le pourquoi de ce récit, ce qui ne m'a pas dissuadée pour autant de le découvrir car elle ne révèle pas tout non plus et éveille elle-même la curiosité, intrigant davantage. Le résumé n'est par ailleurs lui-même qu'une portion de l'histoire.

Et au final quelle réussite en tout point, quelle oeuvre formidable, pleine de pudeur, mais violente dans les non-dits que l'on peut décrypter et interpréter à l'infini dans le contexte général. Une histoire qui semble si banale, mais rien n'est anodin dans ce qui est rapporté. L'écriture est savoureuse, pleine de subtilité, dans sa démarche cathartique.

J'ai adoré les rapports entre l'écrivain et son éditeur, il y a un humour inattendu aussi. Et cette jungle! Et ce chien!

"C'était mon texte; il lui faisait confiance, mais ne me faisait pas confiance à moi, son auteur. Quant à moi, je faisais confiance à mon éditeur, mais je perdais confiance en mon texte. "

"... nous rappeler que nous étions en train de devenir amis - pour peu qu'une telle chose fût encore possible à notre âge. Si une telle chose est encore possible à notre âge, elle n'est certainement pas le fait d'un abandon à la force juvénile des émotions, mais le résultat d'une décision, celle de tracer, après mûre réflexion, un signe égal entre deux positions. On est obligé de l'exprimer de façon aussi compliquée et indirecte."

Si ce n'est pas de l'écriture qui tue ça!

Encore une très bonne surprise côté allemand. Décidément!

L'auteur

Michael Köhlmeier est né en 1949 à Hard, au bord du lac de Constance, et vit aujourd'hui à Hohenems et à Vienne. Il s'est fait connaître par des récits inspirés des légendes antiques et régionales ou des textes bibliques. L'un de ses romans, Ta chambre à moi, a été publié chez Maurice Nadeau en 2000.  


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