L’on parle beaucoup de l’Allemagne ces temps-ci et nombreuses sont les idées qui circulent notamment d’en copier le modèle, si modèle il y a. Pour ma part je prétends que la langue précède la pensée et qu’elle la modèle ; qu’un peuple se distingue d’abord par sa langue, puis par sa culture et non par son modèle économique ou politique. Certains prétendent que l’Allemagne serait une jeune nation issue des campagnes napoléoniennes tandis que d’autres la voient comme le modèle indépassable.
Pourquoi tant d’imbéciles aux commandes des démocraties ? Ah si seulement Aristophane n’avait pas vu aussi juste : ‘’Mener le peuple n’est pas le fait d’un homme instruit et de bonnes mœurs, mais cela demande un ignorant, un coquin’’.
Laissons la parole à Friedrich Schiller en 1797 : "L’Empire allemand et la Nation allemande sont deux choses distinctes. La majesté de l’Allemagne jamais n’a reposé sur la tête de ses princes. Restant à l’écart du politique, l’Allemand s’est construit sa propre valeur, et, quand l’Empire sombrerait, la dignité allemande ne serait pas touchée. Sa grandeur est une grandeur morale (sittlich), elle réside dans sa culture."
Hugo von Hofmannstahl à propos de la langue allemande qui transmue constamment de l’esprit en corps, le corps en esprit : "La langue allemande est un grand mystère. Elle est votre destin, celui du peuple allemand et de celui de chaque individu. Goethe a souffert d’elle et quiconque n’est pas Goethe et veut s’exprimer en elle véritablement court le danger d’être dévoré par elle".
Peut-on dire que la France et l’Allemagne soient si proches l’une de l’autre ?
Pourquoi Schiller a-t-il raison deux siècles plus tard tandis que les idéologues aveugles voient leur mécano européen s’effondrer avant que d’exister ailleurs que dans la mémoire des Nations.
Remerciement à Philippe Barthelet pour sa rafraichissante chronique dans la Revue des Deux Mondes de Décembre 2011.
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