Beaucoup de fans de la sous-culture japonaise rêvent de partir au Japon, voire d’y vivre. D’autres rêvent d’avoir la plus grosse collection de manga possible. Certains désirent plus que tout vivre de leur passion : c’est le cas de Nicolas Noell qui a franchi le pas l’année dernière et qui est devenu libraire spécialisé, concrétisant son « Rêve de manga » en ouvrant sa propre petite boutique. Et « Rêve de manga », c’est un jeu de mots pour ceux qui ne s’en seraient pas rendu compte puisqu’il s’agit du nom de son enseigne. Je suis balaise pas vrai ? Bref, c’est parti pour l’interview d’un véritable passionné qui mène un combat quotidien à l'Etat.
Yomigues : Salut Nico ! Tout d’abord, merci d’avoir accepté cette interview ! Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Nico : Salut Yomigues, merci à toi de ton intérêt pour les librairies indépendantes. Je suis avant tout un vieux fan de manga et d’animation japonaise. Comme beaucoup de ‘grands enfants de la « Génération Club Dorothée », Goldorak, Nicky Larson et Sailor Moon ont bercé mon enfance. Lorsque j’étais au lycée, une amie m’a replongé de plus belle dans ce monde en me prêtant Détective Conan, je lisais les Sailor Moon à La Maison de la Presse et les quelques sous que me donnait ma mère m’ont permis de m’acheter mes premiers City Hunter, Orange Road, Ranma 1/2 et ma toute première VHS de Moldiver (dont j’étais très fier ! ^^). Alors que j’étais parti à Aix-en-Provence pour mes études, j’ai vu au cinéma « Princesse Mononoke » et « Perfect Blue » qui m’ont complètement scotché. En parallèle, des amis m’ont fait découvrir le Fansub.
Ma vie en dehors de la fac’ était consacrée aux cartes Magic et aux mangas ! C’est à cette époque que je découvre le site d’Animeka dans lequel je me suis beaucoup investi. J’ai commencé à participer à des « conventions » plus ou moins grandes (parfois plus intéressantes que la Japan Expo), ces salons spécialisés qui étaient « La Mecque » des passionnés comme moi... bref, tout un univers à découvrir. Des années plus tard, je quitte l’univers captivant de l’urbanisme et de la cartographie pour me lancer dans celui du manga. Je trouve alors du travail auprès d’un grossiste en manga, je m’occupe de la logistique, de la préparation des commandes et de la vente sur les salons. A côté, j’écris le projet « Rêve de Manga », je le peaufine, etc… Après 1 an et demi de réflexion et de travail, je me lance dans la recherche de locaux commerciaux, je prends mes rendez-vous pour créer mon entreprise. Huit mois plus tard, « Rêve de Manga » ouvre ses portes.
C’est comme ça qu’un géographe est peu à peu devenu libraire !
Y : Allez, une question classique pour que l’on sache ce que t’as sous le capot… Quels sont ton manga, ton anime/film et ton jeu vidéo favori ? Une personnalité japonaise que tu aimes ?
N : Il m’est difficile de répondre à cette question, il y a énormément de titres que j’ai adorés ! J’ai beau être conscient que les animes restent généralement « moins bons » que les mangas, j’ai quand même ma petite préférence pour les animes. C’est d’ailleurs pour cela que je tiens à conserver dans mon magasin un rayon DVD, même s’il est très difficile à rentabiliser. J’ai une préférence pour le genre « tranche de vie » cependant j’aime aussi bien le shojo que le shonen, le seinen, ou autre. Bien sûr j’ai également mes réticences, on ne me fera jamais lire un Shin Angel (ni un Viewfinder), ni un Gantz… Ce que je préfère, c’est Mushishi, Spice & Wolf, Air TV, l’Odyssée de Kino, City Hunter, School Rumble, Golden Boy, Genshiken, NHK Ni Yokoso, REC, les films du Studio Ghibli, les films de Makoto Shinkai, Escaflowne, Bokura Ga Ita, Saikano, Black Lagoon, Gunslinger Girl, Otaku no Video… pour ce qui est des animes.
Yotsuba, G.T.O., Larme Ultime, Sous un Rayon de Soleil, Midori Days, At Laz Meridian, La Cité Saturne, Fushigi Yugi, et plein d’autres choses encore en manga.
Je n’ai pas de Jeu Vidéo favori, car je n’y joue jamais, mais quand j’étais plus jeune j’ai beaucoup aimé les Donkey Kong, les Zelda, les Mario Bros (et notamment Mario Kart), quelques jeux de courses comme V Rallye ou Gran Turismo, …et Worms ! Mais bon, mes connaissances en terme de jeux vidéos sont vraiment rase-moquette, globalement ce n’est pas trop mon truc.
Une personnalité japonaise que j’aime, sans trop faire dans l’originalité, ce serait Hayao Miyazaki, car il m’a fait rêver avec ses Mononoke, Chihiro, Totoro, Porco Rosso et compagnie !
Y : En l’espace d’un an, penses-tu avoir réussi à capter un noyau dur de client ? T’es-tu fait des amis, des connaissances intéressantes avec qui partager ta passion ?
"J’ai opté pour un concept avec un espace de détente car je souhaitais que Rêve de Manga soit un lieu convivial"
N : Oui, il y a maintenant des clients qui viennent régulièrement au magasin. Certains sont devenus des amis, et d’autres ne font que passer mais cela fait toujours plaisir de les voir. Par contre, d’une année scolaire à l’autre, les têtes changent, ce ne sont plus les mêmes personnes qui viennent, du coup je ne sais pas si on peut vraiment parler de « noyau dur ».
D’ailleurs, une chose dont je suis fier, c’est que parmi les amis que je me suis fait ici, il y a aussi des gens qui ne sont pas spécialement fans de manga… et cela me fait plaisir parce que d’une certaine manière ca prouve qu’ils ne viennent pas ici simplement pour les mangas, mais aussi pour l’ambiance. Le bouche-à-oreille a très bien fonctionné ! J’ai opté pour un concept avec un espace de détente car je souhaitais que Rêve de Manga soit un lieu convivial… alors certes c’est parfois un peu kikoo-lol (ca arrive), certes mon espace-détente – ‘Manga Café’ n’est absolument pas rentable, mais quelque part c’est quand même une réussite car les gens viennent ici pour passer du bon temps, et non pas simplement pour acheter les dernières nouveautés. Donc sur l’aspect « noyau dur », je suis un peu mitigé, mais ce qui est sûr c’est que je me suis fait beaucoup d’amis et de connaissances intéressantes, ca oui !
Et puis l'air de rien, je vends suffisamment pour que le magasin tienne !
Y : Je n’ai pas la sensation d’avoir affaire à un vendeur quand je viens chez toi, je vois le passionné avant tout et c’est ce qui fait, à mes yeux, la force de ta boutique : l’absence d’un objectif de vente remplacé par les conseils d’un vrai fondu du manga. Selon toi, qu’est ce qui te distingue des autres boutiques ?
"J’ai envie de partager ma passion pour les animes et les mangas, donc autant que possible, je conseille les titres qui m’ont passionné"
N : Merci beaucoup pour le compliment ! Disons que j’ai l’intention d’être le plus honnête possible... Il y a des titres en magasin qui – à mes yeux – sont d’authentiques croûtes et si on me demande ce que j’en pense, je pisserai dessus avec plaisir ! Ce n’est pas que je n’ai pas d’objectif de vente, bien au contraire, il faut que je vende pour pouvoir espérer maintenir le magasin ouvert… …c’est simplement que je ne pourrai jamais défendre les mérites d’une série si moi-même je ne lui trouve aucune qualité !
Entendons-nous bien, si je m’amuse à conseiller l’anime de Samurai Deeper Kyo ou le manga de Twilight, et que je tombe par miracle sur celui qui veut bien tenter cette fabuleuse expérience (LOL), je peux être sûr que ce client là ne reviendra jamais ! Un client qui se sent escroqué est un client qui ne reviendra plus, je n’ai donc aucun intérêt à tenter l’entourloupe. En plus de ça, j’ai envie de partager ma passion pour les animes et les mangas, donc autant que possible, je conseille les titres qui m’ont passionné, c’est logique.
Y : Tu es partenaire avec l’Aoï Sora Cosplay, tu participes aux conventions, sur les murs des éditeurs, tu distribues le « Zero yen Media » magazine, tu as même fait un discours sur le manga à la bibliothéque Mejanes d’Aix-en-Provence… Comment expliques-tu cette réactivité ? Est-ce important pour toi de « jouer sur tous les fronts » ?
N: C’est important, et c’est même vital !
En fait je ne joue pas sur tous les fronts, il y a encore beaucoup d’idées à travailler ! (organiser des jeux-concours, proposer des évènements dans l’espace-détente, faire venir des auteurs en dédicace, créer un forum de discussion, etc…). Rêve de Manga est complètement absent des blogs et finalement, je communique essentiellement sur FaceBook et sur certains sites web comme Animeka, Manga-News, Manga Sanctuary, Nautiljon et AMV-France par exemple.
Il n’y a pas vraiment de site web pour Rêve de Manga, celui qui existe n’est pas mis à jour, j’ai du mal à intervenir dessus, et je ne fais pas de vente en ligne. En fait je joue surtout sur la proximité avec les gens, ce qui est d’ailleurs logique puisque la Librairie est avant tout un commerce de proximité et qu’en plus le magasin marche beaucoup grâce au bouche-à-oreille. Rêve de Manga est également présent sur les salons, car je connais par cœur ce monde là.
C’est vrai aussi que j’essaie de diversifier mes actions. Par exemple, tous les mercredi soir nous organisons dans l’arrière-boutique les soirées Jeu de Go avec l’association Aix & Go. Mais bon…, à mon sens, tout cela reste encore un peu trop fébrile.
"En fait je joue surtout sur la proximité avec les gens"
Disons que Rêve de Manga reste une petite librairie, elle n’est pas aussi connue que ses concurrents, donc si je veux me faire une place dans le milieu, il faut que je me bouge. Ce n’est pas toujours rentable, mais ca permet de maintenir l’existence de Rêve de Manga dans l’esprit des gens. Si on m’oublie, je disparais.
A propos de partenariats, de conférences et de salons, j'animerai probablement une petite conférence sur le manga à la médiathèque d'Aubagne au mois de février (en partenariat avec l’Aoi Sora Cosplay), et il est maintenant quasiment acté qu’il y aura un stand Rêve de Manga (en partenariat avec l’éditeur Amilova.com) à la Japan Expo Sud, début mars !
Y : Comment vis-tu au quotidien la hausse constante des prix des éditeurs ? Est-ce dur pour toi ? Comment fais-tu pour t’en sortir ?
N : Alors ça… c’est à chaque fois le coup de barre. Tous les 1er janvier on y a droit… et parfois on y a droit aussi pendant le courant de l’année.
Avant toute chose, je voudrais rappeler un lieu commun : Le prix du Livre est fixé par l’Editeur, et non pas par le Libraire. Le prix du livre en France est donc partout le même quand le livre est neuf, quelque soit l’endroit où il est vendu. Autrement dit, quand un éditeur décide que son manga devra être vendu en France à 6.95€, il sera vendu PARTOUT en France à ce prix là : dans une Librairie, dans une grande surface comme Carrefour, FNAC, Leclerc..., sur internet, etc. (si le livre est neuf, bien entendu).
"Pour moi c’est de l’escroquerie. Les prix augmentent, mais la qualité d’édition ne suit pas."
De temps en temps, on le trouve à 6.60€ au lieu de 6.95€ car il est possible d’appliquer une remise de 5% sur le livre, mais cette remise si elle a lieu doit être de 5%, ni plus ni moins. De plus, certains éditeurs impriment le prix sur le livre, souvent à côté du Code Barre. Et si entre temps l’éditeur a augmenté son prix de vente, le prix indiqué sur le livre est caduque… Du coup, lorsqu’on achète un Video Girl Ai chez Tonkam avec un prix indiqué à 5€ mais qu’on le vend à 6.95€, le libraire se fait injurier… mais il n’y peut rien, le prix sera bel et bien à 6.95€ puisque c’est Tonkam qui l’a décidé, et pour les quasi-2 euros d’écart, demandez-donc à Tonkam ce qui peut bien le justifier… (moi en tout cas je n’en sais rien, et j’en garde une réelle amertume). Voilà pour ce qui est de l’aspect ‘juridique’, si j’ose dire…
Pour en revenir à la question initiale, surtout n’imaginez pas que les libraires sont contents quand les prix augmentent ! Bien au contraire ! Si le prix augmente, le client qui achetait 10 livres n’en achètera plus que 9 (voire . Donc finalement il dépensera moins. Donc le libraire vendra moins.
En plus de ça, j’ai toujours mal au cœur de vendre des mangas Tonkam ou Delcourt à 6.95€ (oups… je voulais dire : 6.99€ à partir du 1er janvier 2012…) alors qu’ils sont minuscules, que la qualité d’édition ne me satisfait pas, et qu’ils sont en plus blindés de publicités à la fin de chaque tome histoire d’ajouter quelques pages en plus et donner au livre une fausse impression d’épaisseur.
Pour moi c’est de l’escroquerie. Les prix augmentent, mais la qualité d’édition ne suit pas. En plus de ça, chaque mois les offices sont pollués par une quantité de nouveaux titres qu’il faut commander si on veut offrir de la « diversité », mais qui ne se vendront peut-être pas et qui – en plus – ne sont pas tous intéressants. C’est comme ça qu’on se retrouve avec 17 sorties en janvier, rien que pour l’éditeur Tonkam (c’est énorme !), avec 10 titres sur 17 qui sont des volumes 1, des volumes 2 ou des volumes 3. Pareil pour Soleil, tous leurs titres qui sortiront en janvier seront des volumes 1, 2 ou 3.
Et ca, l’air de rien, je le vis mal parce que je sais que ce n’est pas en noyant le marché avec de nouveaux titres qu’on vendra plus, on va simplement proposer davantage de titres sans véritable intérêt, et les gens finiront tôt ou tard par se lasser (et ils auront en plus la désagréable impression d’être complètement largués, ce qui se comprend tout à fait !). Sans compter que pour une librairie comme la mienne, s’il y a plus de titres qui sortent et si en plus les prix ont augmenté, cela implique que je dois prévoir une trésorerie encore plus importante, et ce n’est pas toujours possible.
L’année dernière, les prix des mangas Tonkam et Delcourt ont connu une augmentation que je trouve scandaleuse, Kana et Glénat ont également augmenté leurs tarifs, et cette situation, combinée au fait que les mois de février et de mars ont été particulièrement mauvais, a failli me mener à la banqueroute. Heureusement, pour m’en sortir, j’ai misé sur le manga d’occasion : vu que les prix augmentent, je cherche à proposer au maximum des mangas d’occasion (qui sont généralement vendus autour de 4€) : les clients en achètent davantage car ils sont beaucoup moins chers, cela permet parfois de retrouver de vieilles séries qui ont généralement disparu des rayons de la Librairie (Nora, Devil Devil…), et en plus pour moi les marges sont plus intéressantes.
"Pour m’en sortir, j’ai misé sur le manga d’occasion : les clients en achètent davantage car ils sont beaucoup moins chers"
Y : songes-tu à vendre sur le net ? A quand un forum Rêve de manga ?
N : Vendre sur le net ne m’intéresse pas pour l’instant. La concurrence est trop forte, et je n’aurai pas le temps suffisant pour m’en occuper (et pour m’occuper en plus du Service Après Vente). De toute façon, avant même de commencer à vendre sur le net, il y a déjà beaucoup de travail à faire pour améliorer le site internet lui-même. L’idée du forum me plaît bien, et j’ai déjà administré un forum en phpBB (il y a longtemps…) mais là encore il faut trouver le temps de s’y mettre, et tant qu’à faire autant faire les choses bien,… bref, c’est compliqué…
Y : comment as-tu vécu la déferlante de Nyan Cat qui a envahie notre communauté ?
N : OMG ! quelle horreur… alors CA… si ce n’est pas un truc bien kikoo-lol, il faudra qu’on m’explique !
Y : Je te laisse 5 lignes pour convaincre nos lecteurs d’acheter la série Yotsuba. Vas-y, donne tout ce que tu as.
N: Ahahah, la question piège ! Ok, l’exercice est difficile, mais on va tenter le coup Alors avant tout, il faut savoir que Yotsuba, c’est de la tranche-de-vie… pas de superpouvoirs et d’ennemis superpuissants (quoique… à bien y réfléchir… ), pas de gros guns qui dégomment des zombies et qui balancent des boyaux partout sur les murs, juste un pistolet à eau qui réveille papa quand il dort ! Yotsuba c’est une petite fille de 6 ans qui débarque avec son père dans un quartier résidentiel, et qui va y vivre tout un tas de petites aventures à son échelle, avec toute la curiosité, la naïveté et surtout l’enthousiasme d’une enfant de son âge.
Ce manga est avant tout humoristique, et franchement c’est une vraie pépite ! De tous les mangas que j’ai pu lire depuis 25 ans, c’est celui que je plébiscite le plus car je pense qu’on ne peut pas trouver plus dépaysant et plus apaisant que Yotsuba ! Autant vous le dire de suite : découvrir Yotsuba, c’est comme trouver un trèfle à 4 feuilles dans son jardin : ca procure le même émerveillement !
Y : On peut compter sur toi pour la prochaine Japan Expo Sud qui se déroulera au Parc Chanot du 2 au 4 Mars 2012 ?
N : eh bien ma foi… c’est bien probable, oui ! J’étais absolument « contre » au départ, parce que prendre un stand à la Japan Expo c’est la ruine pour une petite Librairie comme la mienne, mais il se trouve que l’éditeur Amilova.com m’a proposé de partager un stand avec lui, et Amilova est un éditeur que j’apprécie, il a une approche très originale que j’ai envie de soutenir (je vous invite également à y jeter un coup d’œil), donc ça a changé la donne… Affaire à suivre !
Y : Sois cool, raconte nous une anecdote marrante !
N: Des anecdotes il en arrive un peu tous les jours ! En voilà une qui me vient en tête : une fille d’environ 11-12 ans entre dans le magasin avec son père. Le père est un peu perdu, visiblement les mangas ce n’est pas trop son truc. La petite, par contre, est très enthousiaste ! Elle passe devant le comptoir, puis jette un coup d’œil furtif sur le rayon Tonkam, et là, TAC ! le bouquin qui tue ! « Papa, papa, regarde, y’a Ichigo 100% ! Ichigo 100% c’est trop bien, c’est un garçon un jour, il voit la petite culotte d’une fille, c’est une culotte avec des fraises dessus ! et il tombe amoureux et après il veut retrouver c’est qui la fille ! C’est trop bien, papa ! ». Heu… …Je vous laisse imaginer la tête qu’a fait le père lorsque sa gamine lui a sorti ca… ! xD
Tiens j’y pense, j’en ai une autre : c’était l’année dernière, le propriétaire de la Galérie d'Art juste en façe vient me voir et me dit : "y'a une nana qui m'a laissé ses grolles [de grandes bottes style gothique]... avec le lot de petites gothiques qui passent chez toi, je suppose qu'il y en a bien une qui les voudra....". Effectivement, j'ai du les garder 2 jours, tout au plus !
Y : le manwhua de Twilight… Il ne se vend pas hein ? Rassure-nous !
N : Ben… disons que lorsqu’on n’en propose pas dans un magasin, fatalement…… Donc non, rassure-toi, il ne se vend pas ! Il se vend probablement à la FNAC, mais en tout cas pas ici !
Y : Pour finir, as-tu des conseils à prodiguer pour ceux qui envisageraient d’ouvrir boutique ?
"Il ne faut pas se lancer aveuglément dans ce domaine là, et prévoir au minimum 70000 euros pour se lancer, sachant que la rentabilité est très faible !"
N : Ahahah C’est un beau projet ! Mais il faut avoir les reins solides ! Il ne faut pas se lancer aveuglément dans ce domaine là, et prévoir au minimum 70000 euros pour se lancer, sachant que la rentabilité est très faible ! Il faut aussi avoir une santé du tonnerre, être prêt à y consacrer beaucoup d’heures de travail. C’est malheureux à dire mais c’est un travail qu’on fait un peu pour la gloire (et surtout pour le plaisir !), ce n’est pas avec une librairie qu’on deviendra les rois du pétrole ! Cela dit, si un tel projet se concrétise, surtout ne faites pas cavalier seul, alliez vous avec les autres libraires (l’entraide marche beaucoup mieux que si on se tire dans les pattes), faites-vous connaître, et soyez à l’écoute de ce que recherche le client (n’allez pas conseiller Yotsuba à un fan inconditionnel de Naruto, c’est peine perdue…).
Un grand merci à toi ! Nous pouvons donc nous rendre compte que vivre de sa passion a de nombreux avantages, cependant il faut s'armer de courage: libraire, c'est un métier en or, certes, mais l'or vous ne le verrez jamais partir que dans les caisses de l'Etat. L'augmentation de la TVA, la démarque connue et inconnue, le téléchargement d'anime et de manga tuent le commerce de passionnés comme Nicolas Noell. J'espère que cette interview vous aura un peu ouvert les yeux sur les difficultés de ce très beau métier ! Alors tous ensemble, achetons chez eux !
Quelques liens
Le site web de Rêve de manga
Le groupe "Rêve de Manga