Il eut la tentation d’abandonner le Chemin. Rien de plus simple, un car passait chaque jour au village. Demain il le prendrait et rejoindrait une ville dotée d’un aéroport. Dans deux jours, trois au plus, il retrouverait son appartement, ses habitudes et la paix bienheureuse de l’oubli. On était le 23 décembre, il serait chez lui pour Noël, c’était un cadeau qui en valait bien un autre.
Au moment où sa décision à moitié prise, il se demandait sous quel prétexte l’annoncer à ses compagnons, ceux-ci entrèrent dans la chambre venant de l’ancienne abbatiale. Comme ils s’inquiétaient de son état physique, il les rassura d’un mot. Puis, pour éviter d’avoir à répondre à d’éventuelles questions sur la rencontre du matin, il sortit annonçant qu’à son tour, il allait visiter l’église.
Dehors la pluie avait cessé. Un très léger grésil la remplaçait qui tenait mal au sol mais qui voilait de blanc le chaume des pallozas. Tanguy remonta jusqu’au menton la fermeture de sa veste et s’engagea dans la rue qui monte à l’église Santa Maria la Real. Elle était déserte et, à l’exception d’un chien qui faisait sa promenade vespérale, il ne croisa aucun être vivant avant d’arriver sur la placette où se dresse le monument.