Et voilà : le Conseil d'Etat vient de lever (le 23 décembre) le dernier obstacle juridique - une action en justice de la part de propriétaires peu satisfaits de ce qui a été fait en 2006 - en annulant le recours qu'ils avaient déposé.
Pan sur les doigts au premier qui dira que soudainement les caves de ces sages messieurs ont connu quelques mouvements discrets :-)
Hubert de Boüard, la cheville ouvrière du règlement de ce nouveau
classement a ainsi une épine en moins dans ses chausses. Il en reste
d'autres qui risquent de s'activer ± douloureusement. Mais bon, de
bonnes vibram permettent de relativiser tout cela. :-)
Quelles sont ces autres épines ? Les postulants à ce
nouveau classement restent inquiets devant les procédures complexes pas
vraiment explicitées à ce jour, prévues pour les dégustations des
échantillons (dix millésimes) prélevés dans les propriétés ces derniers
mois. D'abord : pourquoi la dégustation compte t'elle pour 50 % dans un
cas et seulement 30 % dans l'autre ? Deux poids, deux mesures ? Sur
quelles bases ? Juridiquement contestable ?
Certes, il y aura un organisme professionnel qui devra contrôler tout cela. Certes, les tasteurs retenus pour ces dégustations semblent de premier ordre, quand bien même ils ne sont pas toujours familiers avec les subtilités des crus bordelais. Certes, ce sera à l'aveugle, mais quid de l'ordre de service, quid des contrôles de température, d'une éventuelle décantation ? Toujours les mêmes verres et les mêmes équipes de dégustateurs ? Quel outil statistique sera utilisé ? La méthode de Bernard Burtschy qui a fait largement ses preuves ? On sait qu'il n'y a rien de plus fragile qu'une dégustation comparative et là encore les séries qui seront décidées vont jouer un rôle capital, quoiqu'on en dise.
Cela va t'il déboucher sur de nouvelles actions en justice par quelques propriétaires qui ne seront pas satisfaits des procédures ou des résultats ? Depuis Asterix, on sait qu'en Gaule, on a toujours quelques rebelles :-)
En fait, comme ce fut le cas en 1855, le véritable classement, non-dit, est celui de la valeur financière du vin. Finalement, peu d'amateurs disposent des justes informations sur ces classements qui servent fondamentalement à valoriser dans des catégories spécifiques, les valeurs des terres lors des ventes ou successions.
A part les premiers qui, en rive gauche, ont réussi à s'ériger en marques n'ayant plus un besoin excessif de notations parkériennes ou autres (ils sont au-dessus), on constate que dans les 4 niveaux inférieurs, on a des différences de valorisation pas forcément en harmonie avec le rang historique. Confer Pontet-Canet ou Lynch-Bages.
Bref, on va attendre tout cela,
laissant l'angoisse des résultats aux propriétaires, nous contentant de
déguster, boire, commenter, sans donner trop d'importance à ces
classements dont le but premier, rappelons le, est majoritairement de
hiérarchiser la valeur des terres. Le marché fait le prix, pas le classement.