Pérou : Marcahuamachuco, futur équivalent touristique du Machu Picchu ?

Publié le 26 décembre 2011 par Rene Lanouille

Un joyau archéologique en voie de réhabilitation Tout ce secteur est l’objet d’études depuis le début du 20ème siècle, mais est cependant bien loin d’avoir livré tous ses secrets. Les édifices de Marcahuamachuco auraient été construits approximativement entre l’an 350 et l’an 400, par une civilisation encore inconnue aujourd’hui ! A 3700 mètres d’altitude, plusieurs groupes d’édifices s’étendent sur environ 240 hectares, certains mesurant jusqu’à 15 mètres. En octobre 2010, de nouvelles recherches avaient permis de mettre à jour des bâtiments en pierre supplémentaires : « des galeries, une place carrée et des habitations, ressemblant à un centre urbain avec un sanctuaire religieux. Le tout fortifié, avec un fort en pierre sur le plateau afin de prévenir les invasions », a déclaré à l’ AFP Cristian Vizconde, archéologue en chef du gouvernement. Selon lui, il s’agit là du « plus important centre pré-inca des Andes, avec sa propre langue, le culli (langue qui a complètement disparu au 20ème siècle), avec leurs dieux et des bâtiments archéologiques péruviens invisibles ailleurs dans le pays ».

Contemporain de la civilisation wari dans le sud péruvien, Marcahuamachuco a pour les experts rayonné sur le nord du pays et également sur l’Equateur actuel. Son nom vient de la langue quechua et signifie « peuple des hommes au bonnet de faucon » (marka : peuple ; huaman : faucon ; tchouko : bonnet).
Malgré les récentes découvertes, le site demeure bien énigmatique ; certains mystères subsistent, comme la cause du départ des habitants, vers 1200 après JC. Quand les incas passèrent par là deux siècles plus tard, ils ne trouvèrent que quelques bergers sur cet emplacement.

Le pillage des lieux par des locaux depuis des siècles n’aide pas à les décrypter : il s’agit d’un véritable fléau contre lequel les autorités locales entendent bien lutter aujourd’hui. Car le site n’a jamais bénéficié de véritable projet de conservation par le passé. Et il peut dorénavant compter sur le soutien du Global Heritage Fund (GHF), une ONG en charge de la défense du patrimoine des pays en développement. Une aide scientifique est prévue afin d’étudier et de protéger l’endroit ; le but premier étant bien entendu l’inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, ce qui apporterait clairement une seconde vie à Marcahuamachuco et assurerait des revenus touristiques à la ville de Huamachuco (ville la plus proche). « J’ai vu des endroits très impressionnants dans ma vie, et celui-là en fait partie », a confié le brittanique John Hurd, consultant pour le GHF. Cristian Vizconde a pour sa part déclaré que l’aide technique de l’ONG sera précieuse, notamment pour analyser quelques rares restes humains…

Marcahuamachuco a été divisé en 4 groupes distincts : El Castillo, Las Monjas, Los Corrales et Cerro Viejo. Il dispose d’innombrables atouts malgré le travail qu’il reste à accomplir pour le faire sortir de l’oubli et le mettre en valeur. Il a toutes les chances de figurer un jour au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, s’il parvient à démontrer son intérêt historique et culturel : il deviendrait ainsi le 12ème site péruvien inscrit à l’UNESCO, le dernier inscrit étant Caral (la plus ancienne cité des Amériques, vieille de 5000 ans) !

Voir Marcahuamachuco concurrencer le Machu Picchu en terme d’afflux touristique est un rêve pour beaucoup et Luis Alberto Rebaza, maire de Huamachuco, y croit et voit cela comme une grande opportunité. Cela permettrait par ailleurs de désengorger l’affluence vers le Machu Picchu (qui risque une surexploitation) et de diversifier l’offre touristique archéologique du pays. Il faut rappeler que le Pérou a de grandes ambitions touristiques pour la décénnie à venir !


Aurelie Falleau