Guillaume Dufay - O gemma lux : l'art de la transcendance

Ce disque est paru sur le premier semestre de cette année. Les lecteurs fidèle du blog se sont peut-être demandés comment je n'ai pas pu chroniquer un enregistrement de l'ensemble Huelgas dès sa sortIe...

Paul Van Nevel aborde cette fois un répertoire encore plus ancien et, selon moi, de façon autrement plus fascinante que, par exemple, l'ensemble italien Cantica Symphonia (cf. note du 18 juin 2007 sur le Quadrivium de Guillaume Dufay).

Le texture sonore, la qualité des voix n'ont rien à voir. Paul Van Nevel nous fait pénétrer les mystères de l'isorythmie, des méandres de l'Ars Nova de façon quasi-hypnotique.

Les 13 motets proposés ici nous saisissent dès les toutes premières mesures par leur caractère étrange, transcendant. L'écriture savante de Guillaume Dufy nous est révélée ici de façon très prenante. On sent très bien cette jonction qui s'opère entre la musique médiévale et les compositions des futurs maîtres de la musique polyphonique de la Renaissance, notamment les franco-flamands.

Comme le fait Philippe Herreweghe avec le Collegium Vocal de Gand, Paul Van Nevel opte pour un ensemble de 10 chanteurs. L'accompagnement des flûtes, sacqueboutes (trombonnes anciens) et violes apportent cette coloration médiévale particulièrement enivrante.

Chacun de ces motets prend par moment des envolées divines, élancées par les voix de sopranos.

La magie qui opère ici consiste à nous faire ignorer que la structure de ces motets consiste en la répétition d'une même formule rythmique (période rythmique) de deux à huit fois selon les motets.

La qualité de l'enregistrement est remarquable.

L'ensemble Huelgas confirme ici à quel point il surpasse nombre d'autres formations dans la lecture du répertoire de musique ancienne, notamment la musique sacrée.

O gemma lux - Ensemble Huelgas - Direction Paul Van Nevel - label Harmonia Mundi.

Coup de coeur du poisson rêveur.