les ghats de Bénarès au soleil matinal de ce Noël
En fin de matinée, une longue promenade tranquille, dans un doux et chaud soleil d’hiver sur les escaliers qui bordent le Gange sur des kilomètres et qui nous permet d’entrevoir deux jeunes femmes indiennes, visiblement touristes et qui se font plonger dans l’eau tout entière par leur mari, en riant de leur sari trempé, de jeunes hommes qui se font raser la tête par le barbier de service car il y a eu un décès dans la famille aujourd’hui et que c’est la tradition chez les brahmanes, même si certains jeunes hommes rechignent lorsque le degré de parenté est plus éloigné que celui de l’oncle paternel. Un petit toupet est laissé au somment du crâne, à l’endroit du dernier chakra, là où le fils aîné tapera sur le crâne du défunt pour libérer son âme.désolée pour le flou, j'ai un peu volé la photo du jeune en train de se faire raser la tête
Les vaches se retiennent de brouter les torchons qui pendent sur les cordes à linge mais les chiens n’hésitent pas à laisser leurs empreintes boueuses sur les draps de l’hôtel qui sont en train de sécher.
La rive droite du Gange tout au fond avec son grand banc de sable
en décembre c'est plutôt au soleil de midi qu'à l'aube que les gens prennent leur bain rituel
Je fais un petit détour au niveau du Khedar Ghat, je monte les escaliers qui ne font qu’amorcer tours et détours de ruelles minuscules où vrombissent les motos et où les présentoirs des marchands offrent fruits et légumes frais, où quelques pourceaux gris reniflent les ordures et se font éloigner du gros fromage qu’on presse et qui donnera de bons morceaux de « paneer » dans les petits pois ou les épinards, pour arriver enfin sur la route principale à Sonar Pura. Repérage, car il ne faudra pas manquer l’entrée de la ruelle pour le retour sur les quais du Gange où m’attend le groupe en train de faire des photos, et j’arrive à une superbe patisserie, Ksheer Shagar, visiblement très connue, un portier vous ouvre la porte, il y a du monde et même des « couloirs » comme à l’aéroport pour faire la queue. C’est l’une des quatre meilleures pâtisseries de Bénarès paraît-il. Pas d’hésitation, je demande un kilo de gourmandises variées, et le serveur me prépare une jolie boite de losanges colorées, de fruits secs au milieu de sorte de pâte d’amande, de dattes et de toutes sortes de couleurs de pâtes toutes faites à base de lait et de sucre, parfois de farine. Pour 4,50 euros le kilo, on peut se faire une bonne crise de foie pour pas cher. Mais non, même pas, le contenu magnifique de la boîte disparaîtra avant le coucher du soleil pour éviter la transformation en citrouille. Notre petite équipe et les étudiants en français de Vineeta mon amie indienne, même après un pique-nique extraordinaire préparé par les garçons, ne lésineront pas pour plonger la main dans la boite, de même que pour les papillotes en chocolat, pur produit lyonnais ne l’oublions pas !Mais avant cela il nous a fallu traverser le Gange en bateau, se faire arnaquer sur le prix de la traversée, même si je connais le prix indien, mais bon, c’est Noël… et traverser le grand banc de sable pour arriver à la lisière de la campagne, traverser quelques champs de blé nouvellement plantés et surtout bien arrosés, contourner ceux de lentilles déjà hautes, et admirer les belles plantations de fleurs et d’arbres que Vineeta a fait tout autour de sa nouvelle demeure toujours en mutation. Les étudiants préparent les légumes, font cuire les aubergines et les pommes de terre sous la cendre, à savoir sous les galettes de bouses de vache, excellent combustible qui donnent un goût incomparable à la cuisine indienne. Deux heures après, nous dégustons, tout en bavardant sur les traditions indiennes.
Le pot de lentilles (pas épicée)s mijotent sur les galettes de bouse,
de même qu'aubergines et pommes de terre. Un pique-nique indien.
Tabla et guitare indienne, un concert de grande qualité,
mais parfois difficilement accessible à nos oreilles plus habituées
à Mozart ou Beethoven