Saint-Nazaire: retour sur une promesse de Sarkozy

Publié le 25 décembre 2011 par Letombe

Vous souvenez-vous de ce retour triomphal sur les Chantiers de Saint-Nazaire, en juillet 2010 ? Nicolas Sarkozy était là, au milieu des ouvriers casqués. On devinait quelques gardes du corps, une estrade lui avait été glissée sous les pieds pour qu'il domine un peu l'assistance. Deux caméras d'Elysée.fr filmaient ce moment mémorable. Quelques mois plus tard, il était de retour: « Je n'accepterai jamais la disparition des chantiers de l'Atlantique. Jamais. » Comme si ces chantiers en avaient remplacé d'autres, ceux de Gandrange où les agitations du candidat-président n'empêchèrent ps la fermeture du site.
La France a perdu 400.000 emplois industriels depuis mai 2007.
Juillet 2010
Le 23 juillet 2010, Nicolas Sarkozy avait une grande nouvelle: la Russie avait commandé quatre navires Mistral aux chantiers STX. L'information fit frémir ses partenaires de l'OTAN. Aucun Etat membre de l'alliance atlantique ne s'était risqué à céder un tel matériel militaire à la Russie de Poutine.
Mais Sarkozy voulait triompher quand même. En novembre 2008, l'Etat avait pris une participation minoritaire dans les chantiers. Et le Monarque ne voulait pas qu'on l'oublie. « Lorsque je suis venu en 2008, c'est très simple, y avait plus une commande. Personne ne voulait croire en l'avenir des chantiers.» Mais, «Si on ferme un chantier, la mémoire industrielle, la mémoire ouvrière, le savoir faire ouvrier, c'est mort.» Ah! Le savoir-faire ouvrier loué par le Président des Riches... Quelle ironie !
Heureusement, il était là. Il serait le sauveur des chantiers de Saint-Nazaire: «Dans notre pays, on ne croit plus aux mots, on croit aux décisions. Je vous avais dit que nous le ferions, on l'a fait.» Il l'a fait ! Il était revenu avec une grosse commande.
On comprit plus tard que la commande n'était pas ferme. Il fallut encore 5 mois de négociations, pour découvrir ensuite que les autorités françaises avaient concédé un joli transfert de technologie. Les Russes avouèrent qu'ils espéraient combler leur retard.
Décembre 2011
Il y a tout juste un an, le 25 décembre 2010, l'Elysée claironnait à nouveau: le contrat,  historique » était enfin conclu, les Russes venaient de le confirmer aux autorités françaises. En janvier dernier, Sarkozy était donc de retour à Saint-Nazaire : « mille deux cents emplois seront garantis pendant quatre ans par ce chantier.» Personne ne releva la supercherie. A Saint-Nazaire, les chantiers employaient encore 4.600 salariés (contre 12.000 il y a 10 ans). « J'ai vu des doutes sur les visages et j'ai entendu des critiques. Aujourd'hui, c'est signé ! »
Le 22 décembre dernier, l'armateur Viking Ocean Cruises confirmait une commande de deux navires de croisière haut de gamme. Pas un commentaire à l'Elysée. Nicolas Sarkozy n'y était pour rien. Cette annonce fut surtout l'occasion de mesurer l'ampleur des chimères racontées l'an dernier par notre Monarque.
En juillet dernier, 6 mois à peine après les fanfaronnades de Nicolas Sarkozy, la direction des chantiers STX France à Saint-Nazaire avait annoncé 2.386 jours de chômage partiel sur les quatre derniers mois de l'année « faute de charge de travail suffisante ». Le 15 décembre dernier, le site Mer et Marine expliquait: « La découpe de la première tôle du M33 est intervenue il y a quelques semaines et, pour minimiser le creux de charge attendu l'an prochain, son sistership va voir sa construction débuter dès le premier trimestre 2012, alors qu'une année devait normalement séparer les deux BPC ».
Les syndicats s'inquiétaient également du poids de la sous-traitance étrangère. Mercredi 21 décembre, quelques heures avant l'annonce de cette commande suédoise, les représentants du personnel de STX, rejoints par des sous-traitants locaux, manifestaient leur grogne. L'envoyé spécial de Ouest France témoignait: « Les salariés d'ISS, partenaire de longue date des Chantiers, étaient les plus nombreux. Ils n'ont pas été retenus par STX pour un marché de nettoyage sur le navire Europa 2, le « H » de son nom de construction, réalisé pour l'armateur allemand Hapag Lloyd.»
Et oui, la « mirifique » commande de navires par la Russie, si elle était évidemment bienvenue, n'avait donné que quelques mois de répit aux chantiers de l'Atlantique. Et la nouvelle commande de Viking River Cruises arrive presque trop tard, confiait le directeur général de STX.
Mais cela, Nicolas Sarkozy ne voulait pas en entendre parler.
La gestion de la crise des chantiers navals de Saint-Nazaire illustre à merveille l'action industrielle de Nicolas Sarkozy: une survente agitée, puis aucun suivi.

Sarkofrance

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