Joyeux Noël aux patients atteints d'hémophilie B, titre le New England Journal of Medicine. Selon cet essai clinique, publié dans l'édition du 10 décembre du NEJM, un seul traitement par thérapie génique développée par des chercheurs britanniques, vient de faire ses preuves en permettant de réduire les symptômes et le besoin de facteur de coagulation chez des adultes atteints d'hémophilie B. Ce sont les premiers résultats positifs obtenus par thérapie génétique et ils ont également été présentés à 53e réunion annuelle de l'American Society of Hematology à San Diego.
Ces chercheurs du St. Jude Children's Research Hospital et de l'University College London ont mené cet essai sur six patients atteints du trouble sanguin héréditaire, qui ont tous été traités à l'Hôpital Royal Free de Londres sous la direction du Pr. Edward GD Tuddenham, un pionnier dans le domaine de la coagulation sanguine et co-auteur de l'étude.
"Cette thérapie va pouvoir changer la vie des patients atteints d'Hémophilie B et c'est aussi un jalon important pour la thérapie génique. Il pourrait avoir des ramifications pour le traitement de l'hémophilie A, des troubles hépatiques et de maladies chroniques comme la fibrose kystique», explique le Pr. Amit Nathwani professeur à l'Institut UCL Cancer, au Royal Free Hospital et au Département Transfusion et transplantations du NHS.
Les efforts précédents pour traiter les symptômes de l'hémophilie B en introduisant une copie correcte du gène déficient avaient été infructueux : L'hémophilie B est causée par la mutation d'un gène nécessaire à la fabrication d'une protéine, appelée facteur IX, essentielle pour la coagulation sanguine normale. Le gène est porté par le chromosome X. L'hémophilie B est une maladie presque exclusivement des hommes. Environ 1/30.000 individus héritent de cette mutation. Dans environ 60% des cas, l'hémophilie est une maladie grave entraînant des épisodes de saignements fréquents et graves.
L'étude actuelle a utilisé un adénovirus comme vecteur pour délivrer le gène du facteur IX avec le matériel génétique supplémentaire dans le foie du patient. Cet adénovirus appartient à une famille de virus qui cible les cellules du foie mais ne cause pas de maladie chez les humains. Les participants à l'étude n'ont reçu aucun immunosuppresseur avant la thérapie génique. Chaque patient a reçu une perfusion d'une heure de vecteur dans une veine du bras. Deux patients ont été traités avec des doses croissantes du vecteur. Après le traitement, les taux de facteur IX ont augmenté chez les 6 patients partant de moins de 1% du niveau normal avant la thérapie génique pour atteindre 2 à 12% après la thérapie. Le taux de facteur IX a le plus augmenté chez les deux volontaires ayant reçu la plus forte dose du vecteur. Après le traitement, les niveaux de protéine variaient de 3 à 12 %. Après avoir subi la thérapie, 4 des participants de l'étude ont cessé de recevoir des injections de protéines pour prévenir les épisodes hémorragiques et n'ont plus eu d'hémorragie spontanée. Plusieurs ont aussi participé à des marathons ou à d'autres activités, ce qui leur était impossible avant la thérapie génique.
Les chercheurs précisent que même de modestes augmentations ont le potentiel de considérablement améliorer la qualité de vie du patient et réduire les épisodes de saignement.
Source:St. Jude Children's Research Hospital et UCL « Gene therapy achieves early success against hereditary bleeding disorder” et NEJM “Adenovirus-Associated Virus Vector–Mediated Gene Transfer in Hemophilia B” December 10, 2011 (10.1056/NEJMoa1108046)
Autres actualitéssur l'Hémophilie