L'histoire: 1933. La crise fait rage aux Etats Unis: beaucoup de gens sont au chômage et la misère est partout. Le réalisateur Carl Denam, qui s'est fait licencier par son studio, veut réaliser son film et veut à tout prix Ann Darrow, une actrice au chômage et son scénariste fétiche, Jack Driscoll. Mais arrivés sur une île mystérieuse, Skrull Island, ils se font agresser par des indigènes. L'actrice se fait alors kidnapper et se retrouve face à un énorme gorille...
La critique d'Alice In Oliver:
Avec King Kong, Ernest B. Schoedack signe l'un des plus grands films de monstre de l'histoire du cinéma.
Indéniablement, King Kong reste une référence. Pourtant, ce n'est pas le premier film de genre puisqu'il s'inspire beaucoup du Monde Perdu, sorti en 1925.
D'ailleurs, le scénario de King Kong en reprend les plus grandes lignes: une expédition, une île inconnue, dominée par une créature géante et le retour à la grande ville (ici, New York).
Toutefois, avec King Kong, Ernest B. Schoedsack crée une nouvelle figure du cinéma fantastique. D'ailleurs, le film connaîtra deux remakes: une version de John Guillermin en 1976 et une autre de Peter Jackson en 2005.
A cela, s'ajouteront de nombreuses séquelles et dérivés: Le Colosse de Hong-Kong (une sorte de King Kong version asiatique), King Kong revient, King Kong 2 (la suite du remake de John Guillermin), Konga ou encore Yéti le géant d'un autre monde.
Ce premier King Kong remportera un vif succès à travers le monde. D'ailleurs, Ernest B. Schoedsack réalisera une suite la même année, Le Fils de King Kong, qui passera totalement inaperçue.
Avant toute chose, la version de 1933 reste un véritable défi technique. Plus de 90% du film est réalisé en stop motion (image par image), sans compter les compositions de plan, mélangeant acteurs réels et séquences animalières.
Le film dépassera largement son budget. Un véritable casse-tête pour le cinéaste ! Au-delà de ces différents aspects, le film nous transporte dans un voyage fantastique, à la découverte d'une île particulièrement austère.
A mon avis, c'est la partie la plus réussie du film. Sur place, nos héros découvrent un territoire hostile. Une des leurs est enlevée par un gorille géant.
Ernest B. Schoedsack insiste alors sur les émotions du primate. Certes, l'animal est particulièrement fort et agile (d'ailleurs, il terrassera un dinosaure), mais c'est aussi un être doué de sensibilité et d'humanité, en tout cas, plus attachant que les héros en place dans cette aventure.
Voilà une façon comme une autre de symboliser un monde en crise. Ce dernier aspect intervient dans la dernière partie du film, quand King Kong est exposé au yeux du monde. Sous les feux des projecteurs, le monstre devient fou furieux et totalement incontrôlable, détruisant tout sur son passage.
Ainsi, le film oppose la nature sauvage au monde moderne. L'état animal est rejeté par la nature humaine, semble nous dire Schoedsack.
Dans cette nouvelle jungle urbaine, King Kong finira par retrouver un semblant de réconfort à travers les yeux magnifiques de son ancienne prisonnière, telle la Belle et la Bête. Bref, un film indispensable et la meilleure version réalisée à ce jour.
Note: 18.5/20