Comme à chaque fois que je tourne la dernière page d’un livre qui m’a captivée, je me sens tout à coup vide et inutile. Voici donc la fin de la trilogie du samouraï qui m’a transportée en 1603 dans ce Japon médiéval des clans, des luttes pour le pouvoir suprême – le shogunat – après la récente victoire de Tokugawa Ieyazu, un homme à la bedaine proéminente, mais aux qualités de stratège et de rouerie non moins développées, qui assoit sa dynastie pour deux cent cinquante ans, jusqu’à l’Ere Meiji..
Toute la soldatesque ainsi qu’un groupe de ninjas se met à la recherche du rônin (idéogramme en haut) à travers les ruelles, les toits, les rivières d’Edo. Cette poursuite n’arrange pas Kaze dans la recherche de la petite fille recluse dans une maison de plaisirs spécialisée dans la fourniture de jeunes enfants.
Kaze a plus d’un tour dans son sac. Dans ce dernier épisode, il déploie des talents inattendus, découvre le kabuki, pratique le théâtre nô et finit en un combat épique contre un adversaire doté d’un superbe daito, sabre dont la lame est deux fois plus longue que « Coupe Mouche », le katana de notre jeune héros. Mission accomplie, Kaze pourra aller récupérer auprès du temple funéraire de sa Dame son wakizashi, le sabre court, gardien de son honneur de samouraï. Cependant, il compte encore de nombreux ennemis ayant juré sa perte. La trilogie aura-elle une suite ?
Un aspect intéressant de cette Trilogie du samouraï est de montrer le rapport à la mort. On meurt évidemment jeune dans cet univers de violence permanente. La préparation à l'acceptation de sa fin est une composante essentielle de la formation des guerriers. A fortiori, du quotidien de ceux qui n'en font pas partie – commerçants, paysans, artisans – dont le droit à la vie dépend du bon plaisir de la classe dominante.
Furutani insiste énormément sur le dégoût de la violence gratuite et la perception de laideur de la guerre qui animent son héros, mais qui tiennent essentiellement à la discipline personnelle acquise auprès de son sensei. De fait, Kaze préfère jouer de son esprit plutôt que de son arme (le combat sans sabre) pour contourner les obstacles qui se dressent devant lui ou défendre les gens du peuple qui le méritent. Nombre d'hommes d'épée rencontrés dans ces aventures n'ont pas les mêmes scrupules.
Menaces sur le shogun, polar de Dale Furutani traduit de l’américain par Katia Holmes, Collection 10/18 « Grands détectives » 252 p. 7,80€