La critique de Claude :
Philby réhabilité?
Depuis quelques années, on tend à présenter Robert Littell comme le père de son fils Jonathan, auteur d un inoubliable roman analysant le nazisme de l’intérieur (les Bienveillantes). C’est faire peu de cas de cet excellent auteur, de romans d’espionnage mais pas seulement, puisqu’il nous a donne un émouvant récit du martyre du poète russe Ossip Mandelstam et de sa femme (L’hirondelle avant l’orage).Le voilà revenu à sa spécialité, avec cette vie de Kim Philby, le maître espion - au fait : anglais ? Soviétique? - qui a agité les esprits au siècle dernier - le XXème, bien sur -. Nombre de témoins racontent, certains du fond des geôles de la Loubianka, et dessinent un personnage si complexe que nul ne sait, à la fin, si c était un agent de Moscou à Londres, ou un agent de Londres à Moscou. Double jeu, subtilité, trahison et perversion traversent cette œuvre qui nous conduit des riches pelouses de Cambridge au Karl Marx Hof de Vienne assiégé, en passant par le front de Teruel, ou notre héros n’est pas loin de laisser sa vie.
Ce roman d’aventure mérite votre attention : vous passerez un bon moment.
Portrait de l'espion en jeune homme, roman de Robert Littell, traduit de l’américain par Cécile Arnaud, aux éditions Baker Street, 325 pages, 21 €