Appelons les choses par leur nom : rêves peut-être… mais pas réveillons ! par Blandine Vié.#
Avec la fin de l’année, revient le rituel de ce qu’on appelle… les réveillons. Mais que signifie ce mot, au juste ?
Pour en mesurer tout le sens, il faut revenir aux habitudes paysannes de naguère, lorsque la France était majoritairement agricole, le repas de midi encore un dîner… et non un déjeuner, et le repas du soir un souper… et non un dîner. Ce souper se prenait relativement de bonne heure car on se couchait tôt, à la fois pour suivre la lumière du jour et parce que le matin, on partait aux champs à l’aube.
Le 24 décembre, comme il fallait attendre que sonne l’heure de la messe de minuit, on ne pouvait se coucher et on organisait une veillée avec les parents, les voisins, les amis. Pour occuper le temps, on mangeait — maigre bien sûr, puisque c’était avant la messe — mais comme c’était jour de fête, on soignait particulièrement ce repas, notamment en multipliant les choses offertes. C’est pourquoi le souper de veille s’appelait « grand souper » ou
« gros souper ». Il n’y a plus guère qu’en Provence que la tradition soit encore pérenne. Puis on allait à la messe et, au retour, au lieu de se mettre au lit, on s’organisait pour une nouvelle veillée : la re-veillée ! On mangeait gras cette fois, et en mettant au menu des mets sortant de l’ordinaire, ceux qu’on ne pouvait s’offrir tout au long de l’année. C’est ce second repas qui a donné son nom au réveillon. Avec un cortège de plats qui, à force de revenir ce jour-là, devinrent traditionnels.
Le terme « réveillonner » est donc impropre à Noël en dehors du contexte religieux qui fait de ce repas festif un diptyque. Même si l’on festoie à nouveau le 25 décembre ! Quant au repas de la Saint-Sylvestre, l’appeler
« réveillon » est — et a toujours été — totalement incongru puisqu’il ne s’agit pas d’une ré-veillée.
Alors, puisque nos fêtes changent… changeons-en la terminologie !