Une Séparation // De Asghar Farhadi. Avec Leila Hatami et Peyman Moadi.
Les iraniens aussi peuvent faire de l'excellent cinéma. Il est vrai que je suis très rarement aller voir de ce côté là des films. Souvent frileux par le côté culturel de ces pays, dont le cinéma
peut surement avoir des barrières. Chez nous il n'y a aucune limite au cinéma au final, alors que dans des pays comme l'Iran, il y en a. Du coup, j'ai eu peur. Sauf que Une Séparation apparait
comme un joli film, surprenant, intimiste et surtout social. Car les questions que pose ce film peuvent paraître suffisamment dérangeantes au fond. Il n'y a pas que des questions sur la condition
de la femme, la condition humain, il y a aussi une réflexion plus poussée sur l'amour dans son pays, ou encore comment arriver à s'en sortir dans un monde tel que celui dans lequel on vit de nos
jours. Les rêves d'une femme et la première scène du film sont excellents, on plonge directement dans ce réalisme déconcertant et dérangeant. Jusqu'à la fin du film quand la jeune fille va devoir
faire un choix. Il y a pas mal de trucs que Une Séparation arrive à mettre en lumière sans se prendre la tête. Bien au contraire, il le fait avec beaucoup de simplicité et de décontraction.
Lorsque sa femme le quitte, Nader engage une aide-soignante pour s'occuper de son père malade. Il ignore alors que la jeune femme est enceinte et a accepté ce travail sans l'accord de son
mari, un homme psychologiquement instable…
L'histoire en elle même n'est pas vraiment des plus originales. En effet, on est livré avec une galerie de personnages passionnants qui ont un lourd passé et qui tente de recoller les morceaux
tant bien que mal. Du début à la fin, ce film apparaît comme un récit, avec une narration très fluide et pourtant le film dure tout de même deux heures mais je n'ai pas pris le temps de
m'ennuyer. Bien au contraire. Au delà de l'histoire générale de ce film, tirant sur le drame beaucoup plus que sur le côté cocasse de certaines scènes, il y a une réflexion logique sur la
société, les valeurs de la famille, du couple et même de la personne qui sont soulevées avec beaucoup de philosophie. Mais plus que ça, le film apparaît également comme intimiste, nous présentant
ses personnages dans un univers cloitré la plupart du temps et évitant la démultiplication des lieux. Ce qui rend l'ensemble d'autant plus efficace. Et puis il y a cette plongée dans la société
iranienne de nos jours, ce film est à la fois réaliste car il présente le tout sans concession mais également moderne ce qui permet de ne pas rendre le propos désuet.
Du côté du cast, je ne connais pas du tout les acteurs et actrices mais le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils sont bons. Bien sélections, et surtout bien associés (ce qui était sûrement le
plus difficile à faire). Du côté de la réalisation, Asghar Farhadi tente des choses, et même si c'est des exerciez qui ne sont pas toujours très en adéquation avec ce que je recherche avec ce
genre de film, je trouve que sa caméra se positionne plutôt sympathique, et qu'elle ne nous fait ment pas. Et c'est peut être ce qu'il y avait de plus important dans Une Séparation, ne pas
mentir. Bref, au final, voilà un film grandement sympathique qui m'a bien ravi et surtout qui prouve que le cinéma ne s'arrête pas du tout aux grands pays occidentaux de ce monde, et qu'il peut
naître des petites perles de ce genre un peu de partout dans le monde. Rassuré par le fait que Une Séparation n'est pas là pour racoler, je trouve que ce film réussi pleinement son objectif.
Note : 8.5/10. En bref, Une Séparation difficile mais bien écrite, soignée, et réaliste posant les bonnes questions dans un Iran plus réaliste que jamais.