Deux petits bijoux et diverses choses

Par Mauss

Dans un esprit de professionnalisme rare, avec une conscience altruiste comme il se doit, test ce déjeuner de vins qui vont connaître un destin glorieux ce soir et demain.

Deux 2009 méritant les honneurs d'honnêtes tables.

DEUX VINS ENTHOUSIASMANTS - 2009
   Un VDP
  Un pinot noir d'une grande finesse
  Quelle honte qu'il y ait si peu de crus du beaujolais de ce calibre !  On sait qu'en dehors de la Bourgogne, le pinot noir a quelques difficultés à permettre l'émergence de crus associant avec noblesse finesse, complexité, élégance. Si les italiens sont trop souvent un peu lourd sur ce cépage (Marchesi Pancrazi entre autres), si les américains développent une richesse solaire écartant les belles subtilités rencontrées dans les meilleurs côtes de nuits, l'Allemagne s'inscrit au premier rang international derrière nos grands et premiers crus bourguignons.Nous avons déjà évoqué ici à plusieurs reprises les crus de Monsieur Huber, plus récemment ceux de Martin Wassmer (très remarquable dégustateur à la dernière session du GJE) ainsi que les vins de la maison Becker, au Palatinat qui cultive 70 % de ses vignes en terre française, dans l'Alsace voisine !Lors de notre dernier périple en Germanie, Franck Schönleber nous a vanté (et vendu) quelques flacons d'un producteur qu'il nous recommandait chaudement : Monsieur Adeneuer. Effectivement, voilà un Spätburgunder de belle facture, associant dans une superbe harmonie, élégance et finesse, sans aucune lourdeur. Un vin propre. Un vin facile sans que cela comporte une seule once de simplicité. Si on cherche un défaut, ce serait sur le fruit qu'on souhaiterait plus expressif et sur une finale un peu plus longue.Il est certain qu'en dégustation à l'aveugle - ce que nous ferons l'an prochain - il n'arrivera pas dernier. Euphémisme. Le Clos de la Roilette que m'a fait découvrir Nicolas Herbin est plus que délicieux. Bon, c'est vrai, le déguster aussi jeune est quasi criminel, mais même dans cet âge bambino, il nous offre avec une joyeuseté clochemerlesque, une palette et une densité peu commune. On n'ose pas vous dire le prix, tant on atteint ici des sommets dans le RQP. J'ai le souvenir d'un vigneron à l'oeil malicieux, nous parlant de ses crus avec une simplicité et une modestie rare, mais en ayant parfaitement conscience qu'il travaillait une terre plus que digne qu'il devait respecter avant toutes choses.  Résultat des courses : comme il y a là-bas d'autres noms en majesté comme Bouland, Burgaud, Château du Moulin à Vent, Duperray, Eric Janin, Michel et Cédric Chignard, Jean-Louis Dutraive, Jean-Paul Brun, Marie-Elodie Zighera et quelques autres, et que vous dégusterez un géant poulet à la crème chez Emile Job (à Montmerle) sagement précédé d'une belle douzaine de cuisses de grenouilles (lits à l'étage), c'est le moment ou jamais de vous planifier un voyage dans ces villages aux pierres d'or, à un moment où le touriste n'est pas envahissant et où le vigneron peut vous recevoir correctement.  Cela m'amène - va savoir pourquoi, Charles ! - à vous montrer un très beau Nicolas de Stael, généreusement prêté sans façon par la famille Malingue qui tient galerie dans le 8ème, pour le dîner de fin d'année de notre Club parisien où quelques topettes furent associées à des mets d'excellence préparés par le chef Fréchon, le tout accompagné par deux moments musicaux de notre ami Dautricourt qui mériterait le droit de jouer le stradivarius "Fombrauge".    Les footballeurs (1952) ©Galerie Malingue  Vins servis lors de cette soirée parisienne : géants : Rayas, Dominus, le Prälat et le Dönnhoff On ne le dira jamais assez : le véritable amateur de bacchus peut avoir autant de plaisirs, d'émotions, avec un sublime Grillet ou Pape-Clément qu'avec un cru du beaujolais ou un spätburgunder allemand. Quelle chance avons nous de pouvoir encaver ainsi, pour de futures agapes conviviales, des vins qui ne sont pas forcément des destructeurs de tirelire.  Bon : c'est sûr que Rayas et Dominus ne sont pas à la portée de toutes les bourses : mais si vous avez la chance de tomber dessus, n'hésitez pas ! Il nous arrive quand même, parfois, d'avoir des dépenses moins valorisantes, non ?  Le truc du jour : une belle cuillère d'huile d'olive (uniquement italienne, sûr!) à jeun avant le réveillon : ça aide au schmilblick des transports alimentaires :-)