A quatre mois de l’élection présidentielle, chaque minute compte pour engranger de nouveaux soutiens à sa candidature – et il est évident que le soutien de pipoles très connus et appréciés compte double. Quelle force politique pourrait recruter le Père Noël ? C’est la question qu’a posée le think tank Variae à son groupe de travail « Fêtes de fin d’année », dont voici la réponse.
Le Père Noël est … centriste ?
Comme Bayrou, Villepin et autres Morin, il prétend faire la démonstration que tout le monde peut travailler ensemble autour d’une grande cause nationale, en l’occurrence, apporter des cadeaux aux enfants. Comme eux, il prétend qu’un homme seul peut faire l’unanimité autour de lui. Comme eux il est isolé et n’a plus de fidèles ni de garde rapproch … ah non, désolé, tout le monde adore le Père Noël. La comparaison s’arrête donc là.
Le Père Noël est … écologiste ?
Il vit dans le Grand Nord, au milieu de la Nature enneigée ; on le voit souvent avec des lunettes ; il est d’origine scandinave : c’est presque le cousin d’Eva Joly. Mieux encore, il a un bilan carbone qui se limite aux dégagements gazeux des rennes de son traineau. Oui MAIS justement : pourquoi un traineau individuel, et pas les transports en commun ? Et les rennes, comment supportent-ils cette horrible cadence de travail, sont-ils bien traités, ne meurent-ils pas à la tâche ? Enfin, summum de l’horreur, le Père Noël est peu regardant sur l’origine des jouets qu’il transporte, nourrissant les pulsions consuméristes des enfants avec le fruit du travail d’autres enfants, souvent en plastique toxique ou non recyclable. Exit l’hypothèse écologiste.
Le Père Noël est … de droite ?
A ce stade de la réflexion, Santa Claus pourrait bien être un UMPiste qui s’ignore. Il ne connaît visiblement pas les 35H, ni les restrictions contre le travail nocturne. On aimerait par ailleurs bien savoir qu’elle est la convention collective qui s’applique à son entreprise : les lutins ont-ils un délégué syndical ? Les histoires merveilleuses sur les ateliers du Père Noël, où l’on travaille dans la joie et la bonne humeur, rappellent terriblement la communication institutionnelle d’entreprises par ailleurs peu regardantes sur leurs conditions de travail. Petit Papa Noël, membre éminent du MEDEF ? Non, car comme dirait Milton Friedman, “There ain’t no such thing as a free lunch”. Or c’est bien ce mythe gauchiste de l’abondance et de la gratuité pour les citoyens que fait vivre le Père Noël, en distribuant des cadeaux à tous les enfants.
Le Père Noël est donc de gauche ?
Sa houppelande rouge, qu’il affiche éhontément tout autour de la planète, aurait dû nous le faire comprendre plus tôt ! Le Père Noël est le symbole de l’Etat-Providence, qui veille attentivement et généreusement au bien-être des populations. Sans que l’on ait besoin de rien faire, un jouet tombe dans la cheminée. Le summum de l’assistanat, le cauchemar de la droite populaire. L’identification à gauche serait donc tentante. Mais alors, comment expliquer qu’il fait de plus beaux cadeaux aux enfants riches qu’aux enfants pauvres, dans un esprit plus proche du bouclier fiscal que de la redistribution des richesses ?
Le Père Noël, un homme d’ouverture
Il faut se rendre à l’évidence, le visiteur nocturne du 24 décembre prend un malin plaisir à brouiller les pistes et n’est pas facilement assimilable à un camp en particulier. Le think tank Variae conseille donc de le garder en réserve : il pourra faire un très bon secrétaire d’Etat ou même ministre d’ouverture.
Romain Pigenel
Les autres notes et préconisations de l’agence d’idées Variae sont ici.