Nous rencontrons Omar à Bamako lors de nos premiers jours au Mali, nous le croisons une semaine plus tard à Mopti et une nouvelle fois à Ségou au hasard d’une rue ! Lors de cette dernière retrouvaille, je le mets au défi de rentrer chez lui à vélo. Il me répond avec un large sourire : « moi y a pas de problème, tranquille ! ». La plaisanterie se transforme en réalité lorsque je rencontre Kevin (merci encore!), un français en vadrouille, qui me prête un vélo pour qu’Omar fasse la route avec nous.
Quelques réparations plus tard, le vélo est prêt et notre nouveau compagnon découvre avec joie sa monture : un rockrider decathlon. Le rendez-vous de départ est fixé à demain matin 7h.
Omar arrive miraculeusement à l’heure et nous traversons une nouvelle fois le Niger en pinasse. Pas de réservoir sur celle-ci, un bidon le remplace. En guise de pompe, c’est le jeune chauffeur qui amorce l’aspiration puis maintient le bidon d’une main en hauteur pour que l’essence s’écoule correctement. De l’autre main, il dirige son embarcation et nous dépose sur l’autre rive.
La piste s’annonce difficile. Il faut suivre les bonnes traces pour ne pas planter ses roues dans le sable tout en essayant de rouler au maximum à l’ombre. La chaleur augmente de jour en jour, inexorablement. Omar améliore notre quotidien de cyclo-voyageur : nous découvrons que le fruit du baobab est une excellente sucrerie, nous buvons du bissap à chaque repas, nous pouvons enfin communiquer avec les gens que nous rencontrons et nous goutons à chacune des petites spécialités des villages que nous traversons !
La piste que nous avons choisie longe le Niger et n’est pas accessible en voiture ! Elle sinue entre les manguiers, baobabs et autres arbres de la brousse. Lors de nos arrêts dans les villages, les enfants s’approchent timidement de nous. Ils nous regardent avec de grands yeux ronds plein d’interrogations. Pour certain, nous sommes certainement leurs premiers toubabous. Le soir de notre premier campement à 3, entre deux jardins, des enfants s’assoient autour du feu. Des femmes me font visiter fièrement leurs jardins en m’offrant des épis de maïs et quelques légumes. Plus tard dans la soirée on nous proposera même des grenouilles pour le dîner ! Tout aurait pu être parfait si Omar, avec lequel je partage ma tente, ne ronflait pas autant...
Pendant la première journée de vélo, Omar fut notre pisteur. 100 mètres devant nous, il s’inquiétait de la bonne piste à prendre, nous trouvait les bons endroits pour faire des pauses, chantait gaiement. Le deuxième jour est plus difficile… Il découvre ce que veut dire le mot « courbature ».
Le dernier jour de vélo de tout notre périple, c’est à mon tour d’être à la traine… Je n’ai plus d’énergie. Chaque tour de pédale est un effort épuisant. La piste défoncée n’arrange pas mon inefficacité et j’ai l’impression que mon vélo pèse 100 kilos. Je m’arrête pour vérifier que je n’ai pas un frein bloqué ou 20 kilos de pierres dans une sacoche mais… rien de tout ça ! A midi, nous retrouvons le goudron et avec lui la ville de Koulikoro : ville commerciale et politique importante du Mali. Je reprends mon énergie dans une petite gargote avec un bon pat de riz (pour changer). Une dernière ligne droite de 60 kilomètres et nous sommes de retour à Bamako, après 1000km de vélo en un mois !