Par Jacques Garello
Sans doute les jouets de Noël sont-ils le symbole de la joie offerte aux enfants, des photos avec le Père Noël, du plaisir de la fête en famille, de la tradition ancestrale. Des choses qui comptent, assurément.
Pourtant, même s’il implique des heures de préparation, des dépenses exceptionnelles, des cris et des rires, le Noël des jouets ne peut faire oublier le Noël de la crèche.
Passer à côté du Noël de la crèche, c’est se priver d’une belle émotion, c’est ne pas saisir toute la beauté de la Fête de la Nativité. La crèche, c’est en effet l’espoir, c’est la sérénité, c’est l’amour. Et, en ces jours de décembre, plus que jamais nous avons besoin d’espoir, de sérénité et d’amour.
Noël est l’annonce d’un grand changement dans la vie des hommes. Quand le malheur nous atteint, quand le désespoir nous guette, quand le moral s’affaisse, Noël nous dit qu’une ère nouvelle va s’ouvrir. Dans ces temps de crise et de doute, la certitude d’un avenir meilleur fait chaud au cœur. Il ne peut en être autrement. Car, en dépit de toutes les chutes, de toutes les haines, de toutes les guerres, la paix règnera sur la terre, grâce aux hommes et aux femmes de bonne volonté. Il ne faut jamais désespérer du genre humain. Certes, son salut n’est pas collectif, mais il se trouve toujours assez de personnes de qualité et de foi pour remonter la pente. La crèche est l’étable de la promesse. La promesse sera tenue.
Au besoin d’espoir fait écho le besoin de sérénité. Laissons de côté les bruits de l’actualité, dont les médias nous rebattent les oreilles. Bien que nous soyons proches de décisions importantes à tous les niveaux, sachons prendre du recul, et faire la part du contingent et de l’éternel. Sachons nous arrêter un temps.
Il faut calmer les trépidations du quotidien, et se donner quelques jours pour revenir aux choses essentielles : ce que nous croyons, ceux que nous aimons. Nos valeurs, nos sentiments.
« Ce que nous croyons, ceux que nous aimons »
Nous roulons à une telle vitesse que nous ne savons plus regarder le paysage, nous sommes sur des rails entourés de murs sans relief, allant jusqu’à l’indifférence.
La crèche est au calme. Elle offre le spectacle d’une vie tranquille, au ralenti. On peut deviner le bruit de la meule du « rémoulaïre », on peut se reposer comme le berger sur son bâton, ou s’avancer lentement comme l’aveugle et son fils. Tous ces santons sont paisibles, reposés et reposants. Regardons-les, paisiblement : la sérénité nous envahira.
Ils sont si divers, tous ces personnages. La crèche de Noël c’est la rencontre entre des gens de toutes origines ; le bohémien, l’arlésienne, le vieux avec sa canne, le couple de jeunes mariés. Quelque chose les a attirés, en commun. Bientôt ils seront rejoints par des rois mages venus de tous les continents, de toutes les races. Devant la crèche il n’y a plus de différence, il y a simplement de la diversité. Car la crèche rappelle l’égalité en dignité de tous les êtres humains. Autour de la crèche les gens se rencontrent dans l’amour commun.
« Noël : aller vers les autres, avec les autres »
Il est bon à ce point de rappeler que Noël est une fête chrétienne, et que pour les Chrétiens le message de l’enfant Jésus qui deviendra le Christ Rédempteur est un message d’amour : « Aimez vous les uns les autres comme Je vous ai aimés ». Je ne pense pas blesser quiconque en faisant ce rappel. Car je crois que ce message ne saurait laisser indifférents ceux qui, sans croire en la Nativité ni au Christ, n’en portent pas moins dans leur cœur un élan spontané vers les autres, et savent reconnaître comme leurs frères et sœurs tous les hommes de tous les peuples. La personne humaine ne trouve-t-elle pas sa personnalité et son épanouissement dans la compréhension des autres ? Ne trouve-t-elle pas son bonheur dans l’harmonie ?
La crèche réunit des gens éclatés, séparés, isolés, pour former une vraie communauté d’amour. Hélas, elle nous amène aussi à avoir une pensée pour tous ceux qui en cette nuit de Noël auront le malheur d’être seuls, et d’en souffrir.
Beaucoup seront seuls parce qu’ils auront perdu familles et amis. Mais seront encore seuls ceux qui se sont eux-mêmes isolés, parce que les malheurs ou les échecs de leur vie les auront conduits à rejeter tout le monde. Puisse cette nuit de Noël briser les chaînes de la solitude.
Le Noël de la crèche nous offre ainsi l’occasion de prendre espoir, de retrouver la sérénité et de sceller la communauté dans l’amour.
J’espère pour vous, j’espère pour moi, que cette occasion sera pleinement vécue. Et si nous voyons la joie des enfants qui découvrent cadeaux et jouets devant la cheminée, prenons quelques heures, quelques minutes, pour nous arrêter ensuite devant la crèche, réelle ou imaginaire, qui nous dira que Noël est bien là.
Lorsque j’entends chanter Noël…
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