Propos gourmands et diserts sur Val d’Isère par Patrick Faus.#
Célébrissime station de la Savoie sur laquelle il est difficile d’ajouter des informations qui ne seraient pas déjà vues, connues, ou entendues concernant par ailleurs son magnifique domaine skiable entre 1 850 et 2 560 mètres d’altitude. Il y a tout ce qu’il faut pour le skieur obsessionnel, le fêtard invétéré, le sportif concentré, l’amateur éclairé mais aussi, oh surprise, quelques auberges pour les gourmands qui souhaitent avant tout se réchauffer au contact de bonnes nourritures terrestres, même d’altitude. On connaît le problème pour bien se nourrir en stations : soit à des prix frisant le ridicule sinon l’obscène avec une guerre des chefs parisiens comme à Courchevel ou à l’autre extrême la fausse simplicité montagnarde à coup de raclettes, fondues et autres turlupinades alpines. Choisis ton camp, camarade… Et à Val d’Isère on le peut sans trop de danger.
Boulangerie-Pâtisserie Chevallot
Patrick Chevallot est l’incontournable star de la station dont la boutique trône dans la rue principale et qui attire le passant par l’odeur alléchée des gaufres à l’ancienne qu’il cuit devant sa porte.
Déjà irrésistibles mais de plus exceptionnellement délicieuses à déguster en continuant son chemin ou au salon de thé. Sucre glace indispensable mais rien d’autre… On ne plaisante pas ! Bonne incitation à rentrer et aller musarder dans les rayons où les pains font sérieux dans le légèrement surcuit et les pâtisseries de bonne facture classique travaillées impeccablement comme il se doit lorsqu’un Meilleur Ouvrier de France dirige la maison.L’Adroit
73150 Val d’Isère
Tél : 04 79 06 16 09
www.chevallot.com
La Fruitière
Il faut prendre le téléphérique pour y monte, mais ça vaut d’abord le coup d’œil et surtout le déplacement. Un lieu incroyable comme seule une station de sports d’hiver ou éventuellement un restaurant de plage à Ibiza peuvent en produire. Bar VIP, DJ en plein air qui font se secouer les gros russes descendant des pistes en les arrosant de champagne pour faire riche, lounge paisible et surtout, encore une surprise, un restaurant tout à fait excellent dans l’ancienne fruitière (fromagerie coopérative) où l’on déguste d’ailleurs les meilleurs et rares fromages régionaux issus des petits producteurs de bleus et de tommes. On y mange en terrasse au pied des pistes avec une vue magnifique ou plus au calme à l’intérieur. En cuisine, il y a du beau monde dont le chef Franck Mischler alsacien pur jus et héritier de la fameuse Auberge du Cheval Blanc à Lembach, longtemps un des grands deux étoiles Michelin alsacien. L’accueil est impeccable dans la décontraction efficace et la carte est fortement appétissante mêlant les classiques montagnards avec une certaine sophistication sans entrer dans une préciosité fort mal venue en ces lieux de bacchanales enneigées… Autre surprise : la carte des vins est totalement incroyable tant par le choix que la rigueur et la palette de la sélection. Des séances de dégustation dans les anciennes caves d’affinage sont régulièrement organisées en complément de la dégustation des fromages. À ne pas manquer ! Quelques plats : Joues de bœuf et gratin dauphinois, copieuse, goûteuse, crémeuse ; Velouté de châtaignes, superbe ; Saucisses Diot artisanale en potée, sans commentaires sinon trop d’éloges nuisent ; Paris-Brest redoutable et Tarte aux myrtilles de montagne, bien dense.. Une cuisine haute en couleurs, en saveurs et presque au sommet dans un classicisme réchauffant à ces altitudes. Le succès est au rendez-vous tous les jours (réservation indispensable), de belles attablées ne font pas semblant de manger et l’on n’est pas là pour chipoter. Vous rajoutez un sommelier connaisseur sans ostentation, une équipe à fond la forme et vous avez un mélange des genres totalement réussi. Pour notre plus grand plaisir. La Daille73150 Val d’Isère
Tél : 04 79 06 07 17
www.lafoliedouce.com
Ouvert tous les jours de 12h à 15h30
Fermeture vers la mi-mai
Carte : 45 € environ
Et à quelques kilomètres de là…
Le Monal
Un hôtel-restaurant typique de la région : 120 ans d’histoire familiale vous regarde, solide sur ses fondations, sans ostentation inutile, on va à l’essentiel à savoir dormir confortablement au chaud, bien se nourrir pour repartir d’attaque le lendemain, et surtout faire un tour au caveau. C’est le petit coin « presque » secret d’Yves Marmottan, son propriétaire et néanmoins amateur de bonnes bouteilles qu’il sélectionne avec amour depuis quelques lustres. Maintenant, il les fait goûter car il aime les plaisirs partagés. Champagnes, vins de la majorité des régions de France et belle sélection de la région savoyarde (Chignin-Bergeron, Apremonts,…) qui vont à merveille avec les quelques jambons superbement présentés sur un tranchoir dont un beau San Daniele en provenance directe du Frioul. Un bar, des tabourets, un patron formidable de gentillesse au milieu des bouteilles bien rangées qui méritent d’être dérangées, le temps s’écoule paisiblement et les fromages vont bien aussi avec les vins… La montagne, ça vous gagne.Le Monal
Route de Val d’Isère
73640 Sainte-Foy-la-Tarentaise
Tél : 04 79 06 90 07
[email protected]
www.le-monal.com
Chez Mérie
Attention : institution Tarentaise faisant l’unanimité dans toutes les vallées alentour. Normal : tous les ingrédients sont en place pour provoquer un affect sans failles et une empathie sans détours. Un village protégé, classé même, où déplacer une pierre est considéré comme une atteinte à l’Histoire du lieu, du coup vu de l’extérieur une rusticité bringuebalante des maisons et des « rues » et à l’intérieur un confort d’une modernité tout à fait actuelle où le m2 s’arrache cher. On se joue donc ici, avec application et sérieux, la comédie du temps qui ne passe pas et du monde qui ne bouge plus. On devrait imposer le port des sabots en bois avant de pénétrer dans le village !
73640 Sainte-Foy-Tarentaise
Tél : 04 79 06 90 16
[email protected]
Uniquement sur réservation
Fermé le dimanche soir
Carte : 50 € environ
Il y a une auberge/restaurant, tenue par deux sœurs non jumelles mais héritières de cette rustique demeure depuis on ne sait plus. À l’image du village, l’extérieur de la bâtisse fleure bon l’original alors que l’intérieur est proche du montagnard chic. Les deux dames sont âgées, dignes, travailleuses inlassables, et déterminées à perpétrer la maison. L’une en cuisine, l’autre en salle. Pratiquement personne d’autre. Sur les fourneaux, il y a des grandes poêles noires emplies de légumes qui popotent, des coquelles avec des gigots, ça sent bon, et enfin ça sent le vrai.