On en a tous entendu parler, surtout pour ses effets sur la santé. Je n'aborderai pas ce sujet sur le plan de la petite santé personnelle égoïste, car il y a plein d'autres raisons bien plus graves d'éviter l'huile de palme.
Parce que son coût de production est très faible, l'huile de palme connait une croissance exponentielle. La culture du palmier a huile demande donc de plus en plus de terre exploitables, et les terres convenant à sa culture ne se trouvent pas n'importe où, mais en Malaisie et Indonésie, d'où provient déjà 80% de la production mondiale d'huile de palme, et cela implique de détruire la forêt tropicale.
Voici la progression de la culture du palmier à huile sur les iles indonésiennes de Bornéo et Sumatra, depuis 1950.
Les conséquences de cette déforestation sont terribles, en terme de biodiversité, de pollution de eaux, et de rejet de gaz à effets de serre.
La destruction des écosystèmes menace directement les orang-outangs, dont il n'existe que deux foyers au monde, à Sumatra et à Bornéo. Répercussions également sur les populations indigènes, qui comme les orang-outangs n'ont plus les moyens de continuer à vivre et à se nourrir dans la forêt...
Les forêts détruites, elles ne peuvent plus assurer leur rôle de poumon planétaire, les palmiers étant des plantes et non des arbres, ils ne peuvent absorber autant de co² que les arbres. De plus, la déforestation entraine un surcroit de co² (défrichage par le feu). C'est ainsi que l'Indonésie est troisième plus gros pollueur mondial, juste derrière les Etats Unis et la Chine...
En outre, quand une parcelle de forêt tropicale est rasée, le bois est vendu soit comme pâte à papier, soit comme bois exotique, dont la France est le principal importateur européen et qui provient à 39% de coupes illégales.
RSPO, la solution ?
Alors, pour redorer son blason, on a créé une table ronde sur l'huile de palme durable (en anglais RSPO) qui délivre la certification CSPO (Certified Sustainable Palm Oil, huile de palme certifiée durable). Les compagnies RSPO ne peuvent pas s'implanter dans des zones de forêt primaire (=forêt vierge=jamais touchée par l'homme). Or à l'époque de Suharto, 90% des forêts de Bornéo ont été attribuées à des compagnies forestières et minières et ne sont donc plus des forêts primaires. Les forêts primaires restantes sont celles d'altitudes, où le palmier à huile ne peut pousser... De plus, pour bénéficier de la certification, les compagnies RSPO ne peuvent pas s'installer dans des zones où la biodiversité est trop élevée, pour ne pas la détruire. Des compagnies moins scrupuleuses 'ont pas cette obligation et s'emparent des concessions laissées par les RSPO...
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Et la bio ?
Principalement produite en Colombie, elle se retrouve notamment sous les label Max Havelaar, Ecocert. L'huile de palme bio est au coeur d'une polémique depuis que 123 familles qui vivaient sur des terres non exploitées ont été expulsées pour attribuer ces terres à la compagnie exploitant l'huile de palme bio.
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Depuis 2008, la première fois où nous nous sommes rendu à Bornéo, nous avons complètement éliminé l'huile de palme dans notre consommation alimentaire. Elle est présente sous différentes appellations, en ingrédient principal ou en additif également. Lorsque figure la mention "huile végétale", je n'achète pas le produit, car je suis pour la transparence totale, en outre cette mention vague cache de manière quasi systématique la présence d'huile de palme.
Voici le blog d'Adrien qui a décidé de mener l' expérience de vivre sans huile de palme pendant une année. Son initiative me donne envie d'aller plus loin. J'aime beaucoup sa phrase : "je ne veux plus être spectateur, mais acteur". Car oui nous avons tous ce pouvoir...