« J'écris, et ce que j'écris ne mène nulle part. Les mots sont pauvres, blancs, transparents. Peut-être qu'ils sont une silencieuse irradiation du vide. Mais c'est ainsi que je m'approche du dieu inconnu. »
Le Livre de l'ignorance, Antonio Ramos Rosa
« Ce que j'écris dépend de cette relation ténue à quelqu'un d'invisible qui attend et supplie. » (ibid)
Antonio Ramos Rosa a écrit « le dieu nu(l) »...
Il a aussi écrit « le livre de l'ignorance »...
L'état de poésie serait-il un état d'ignorance ? Une agnosie ?
Dans son « vestibule »... oui je le crois...
« J'écris là où la parole n'a pas encore été délivrée
entre l'eau et le désir
par la langue du vent » (La Parole)
Ramos Rosa écrit depuis un centre vide, de lumière et d'ombre. Depuis un regard originel, au coeur d'une nature paisiblement sauvage et originaire. Planté au milieu, moins comme une plante que comme une pierre aiguisée, avec un corps granitique, presque adamique, primordial mais sans la pénétration encore plénière du souffle pneumatique... Vie nue, purement minéral mais qui s'étonne et s'interroge... L'actuel nihilisme pourrait-il s'avérer plus révélateur qu'un espace sursaturé de cet ambivalent sacré sacrificiel, de ce camouflage permanent... ? Le désert minéral comme espace plus vivant, enfin... Une pleine saisie du désengagement aride, enfin, mais infiniment, imperceptiblement, fécond...
« Tous les mots s'éclairent
au feu sûr du corps dévêtu
tous les mots restent nus
dans ton ombre ardente. » (Le papier, la table, le soleil, la plume)