Un an et demi après ma review du pilote, je profite de cette période de fêtes pour revenir sur une série qui est sans doute ma dramédie préférée actuellement en cours de diffusion ; même si elle est présentée comme une comédie, je n'ose la placer complètement dans ce genre. Reste que Rev. a été une des séries les plus attachantes de cet automne. Elle mérite donc bien de faire l'objet d'un bilan.
La diffusion de la saison 2 s'est achevée ce mardi. Elle avait été associée cet automne, par BBC2, à la dernière nouveauté, ni drôle, ni convaincante, de Ricky Gervais, Life's too short. C'est un épisode spécial Noël qui est venu la conclure ce 20 décembre, venant superbement parachever une saison de 7 épisodes. Mon attachement à Rev. me confirme une chose : je ne cherche pas des comédies pour rire. Un peu à la manière de The Café, Rev. se démarque par sa capacité à être touchante tout en capturant parfaitement certaines tranches de vie.
Rev. nous plonge dans une petite paroisse de l'Est de Londres, St Saviour, au sein de laquelle officie le révérend Adam Smallbone, lequel découvre la vie citadine après avoir longtemps officié dans le monde rural. Son quotidien se partage entre ses efforts constants pour dynamiser tant bien que mal une communauté paroissiale clairsemée et sa gestion de l'école privée locale rassemblant des élèves du quartier de toutes confessions. S'il n'est guère soutenu par un supérieur direct qui apparaît souvent plus semblable à un gestionnaire déshumanisé qu'à un homme d'église, Adam peut cependant trouver du réconfort auprès de son épouse, une avocate avec un caractère bien affirmé. De plus, gravite autour du révérend une galerie de personnages hauts en couleur, un assistant ambitieux, une paroissienne sur-impliquée ou encore un sans-abris marginal.
La grande force de Rev. réside incontestablement dans son humanité. Bénéficiant d'une écriture qui fait souvent preuve d'une rare justesse, la série n'a pas son pareil pour toucher le coeur du téléspectateur, réussissant le tour de force d'émouvoir sans jamais déprimer. En effet, si sa tonalité douce-amère, souvent un peu mélancolique, se teinte de doutes désillusionnés, elle offre pourtant trente minutes de véritable réconfort, pleines d'une chaleur communicative qui ne laisse jamais insensible. Tout en se classant dans le genre des comédies cléricales affectionnées par les Anglais, Rev. reste avant tout l'histoire d'un homme ordinaire, confronté aux soucis quotidiens d'une activité professionnelle loin d'être de tout repos dans la jungle londonienne. Le fait que le personnage principal soit un prêtre apporte une dimension supplémentaire à certains questionnements existentiels qu'il se pose, mais cela ne modifie en rien l'essence et le parti pris réaliste de la série. Une proximité se crée naturellement avec Adam, et c'est un des atouts qui assure la fidélité du téléspectateur.
S'inscrivant dans la continuité directe de ce que la première avait su peu à peu construire, la saison 2 de Rev. aura été une belle réussite. Parvenant à maintenir un équilibre aussi rare que précieux dans sa tonalité d'ensemble, oscillant entre passages légers et moments plus dramatiques, la série est devenue une des dramédies les plus abouties du petit écran. Toujours très humaine, elle ne manque pas de scènes marquantes. A ce titre, l'épisode 4, se concluant sur une scène magistrale et bouleversante, d'une sobriété parfaite, restera sans doute le plus impressionnant de la saison. Il est parfaitement représentatif de ce qui fait l'essence de cette fiction : car Rev. est une oeuvre à part, de celles qui sont capables, dans un même épisode, non seulement de faire rire, mais aussi d'émouvoir aux larmes le téléspectateur. C'est dans cette continuité que s'est d'ailleurs inscrit le Christmas special, avec une construction qui reflète vraiment l'âme de la série, entre pragmatisme désenchanté et petites réussites du quotidien.
Par ailleurs, Rev. exploite pleinement son cadre londonien, l'anonymat d'une grande ville mais aussi son rythme effrené demeurent d'ailleurs des thèmes récurrents. La réalisation sait mettre en valeur le choix citadin fait au départ ; et l'esthétique globale de la série a cette neutralité sobre qui souligne bien le réalisme de l'ensemble. Enfin, il faut vraiment saluer un casting qui respecte parfaitement l'ambiance de l'histoire, conduit par un Tom Hollander (Wives and Daughters, Cambridge Spies, The Company, Desperate Romantics) très convaincant, qui sait habilement jouer sur toute la palette des émotions.
Bilan : Dramédie foncièrement attachante, souvent touchante, Rev. est une chronique de vie quotidienne, sur laquelle flotte un parfum doux-amer caractéristique. Offrant trente minutes d'un réconfort bienvenu, elle fait preuve de beaucoup inspiration pour trouver le juste équilibre dans ses tons, capable de faire rire comme d'émouvoir aux larmes le téléspectateur. Offrant ainsi un mélange plein d'humanité, c'est une série sincère et authentique qui se suit vraiment avec plaisir et mérite que l'on s'y investisse.
NOTE : 7,5/10
Le générique :
Un extrait du premier épisode de la saison 2 :