[France Sarkozyste] Adlène, 24 ans, algérien, diplômé, CDI en poche, expulsable « Mon pays c’est la Terre

Publié le 23 décembre 2011 par Yes

Adlène a 24 ans et est algérien.

Adlène arrive en France en août 2009, et entre en septembre en première année de Master à l’Université d’Angers. Grâce à d’excellents résultats, il accède à un Master 2 “Marketing des services et revenue management”, très sélectif, toujours à l’Université d’Angers, en partenariat avec l’ESSCA (école internationale de commerce).

Cette formation est unique en France. Aucun autre établissement ne la propose, et seuls 20 étudiants par an ont la chance de pouvoir l’intégrer. C’est le cas d’Adlène, qui obtient brillamment son diplôme en août 2011, auréolé d’une mention “très bien” que justifie son 17 de moyenne.

Le talent d’Adlène se trouve en outre confirmé par le cabinet de conseils dans lequel il effectue son stage de fin d’études quand on lui propose d’intégrer l’entreprise en CDI à l’issue de son stage. Adlène n’hésite pas 2 secondes ; l’entreprise et le poste sont intéressants, et il y a des offres qui ne se refusent pas.

Tout semble donc sourire à Adlène alors qu’il s’en va en ce 25 août 2011 déposer à la Préfecture d’Angers une demande de changement de statut, puisque d’étudiant étranger il va devenir travailleur étranger.

Son dossier, transféré comme il se doit à la Direction du Travail du Maine et Loire, reçoit un avis favorable de cette institution (par téléphone, la fonctionnaire ira jusqu’à qualifier le dossier de “plus que parfait”), avis favorable notifié à la Préfecture le 15 octobre 2011.

Dans le dossier de changement de statut, l’Université d’Angers a souhaité attesté que la formation suivie par Adlène est unique en son genre, ce que confirment les 3 offres d’emploi qu’Adlène reçoit en moyenne par semaine tant sa spécialité est en pénurie.

Aujourd’hui pourtant, Adlène ne sourit plus.

Malgré toute sa réussite et toutes les opportunités qui s’offrent à lui, il a compris hier qu’il était potentiellement expulsable, quand la Préfecture lui a annoncé par téléphone le rejet de sa demande de changement de statut, au motif que sa rémunération (30 k€ annuel) ne serait pas suffisante. Pourtant, la Direction du Travail qui est l’institution compétente pour se prononcer sur le niveau de rémunération, a émis un avis favorable, et les 30 k€ sont bien au-delà du minimum légal exigé par la loi.

Oui, mais voilà, nous sommes dans une logique qui n’accorde ni délai ni trêve, une logique qui ne s’embarrasse pas du réalisme des motifs avancés, une logique où la politique du chiffre est la seule boussole qui guide le ministre en charge de ce sujet, M. GUÉANT, et qu’appliquent scrupuleusement et aveuglément les fonctionnaires qui lui sont rattachés.

Dans le même temps, l’employeur d’Adlène perd patience d’être indirectement embringué dans un tel imbroglio administratif, et Adlène doit bien avouer que la perturbation occasionnée ne lui permet pas d’être à 100% de ses capacités (tu m’étonnes).

Adlène n’est qu’un parmi d’autres. Son aventure singulière permet néanmoins de mieux mesurer les ravages concrets de cette politique si inhumaine du chiffre menée par le gouvernement sous l’impulsion du président, politique qui engendre une forte mobilisation, et dont même certains dans la majorité présidentielle commencent à se désolidariser (certes timidement).

Adlène a 24 ans et est algérien.

Adlène était un jeune homme volontaire, plein de promesses d’un avenir s’annonçant radieux.  Aujourd’hui, il s’attend à recevoir la confirmation écrite du rejet de sa demande, assortie d’une obligation de quitter le territoire.

Adlène ne sait comment faire face à cette machine aveugle et sourde. La moindre des choses que nous pouvons faire pour l’aider un tant soit peu, c’est de faire du bruit.

[Edit du 22/12/11 à 23:55] Depuis la publication du billet, les choses ont avancées. Adlène a eu des contacts avec la presse : il doit passer sur France Inter le 23/12 matin ; Mediapart veut faire une tribune sur son cas ; une autre journaliste envisage de le faire passer à la TV. Ce sont des signes encourageants, mais il n’est toujours pas sauver d’une potentielle expulsion. Entre temps, on a également appris que Claude Guéant a été convoqué à l’Elysée le 23/12 au matin, sans que l’on sache ce que cela augure : recul ou durcissement ? À suivre…

[Edit du 23/12/11 à 10:45] Adlène est passé aux infos de 9h sur France Inter, en regrettant notamment la rigidité de l’administration qui prétend pourtant traiter chaque dossier au cas par cas. Quand on voit le motif évoqué pour le rejet de la demande, on ne peut qu’en douter… À l’heure qu’il est, Adlène donne une interview à Ouest France. Corinne Lepage, présidente de Cap 21 et candidate à l’élection présidentielle est intervenue directement auprès de M. Guéant en faveur d’Adlène. On ne peut que la remercier et de cette implication et de sa promptitude à réagir. Son intervention est d’autant plus remarquable et louable que, de tous les autres politiques sollicités, en dehors de Sandrine Bélier d’EÉLV qui a relayé le cas d’Adlène sur Twitter, on peut dire qu’ils brillent par leur silence et leur absence. Il y a les paroles, et il y a les actes !

Adlène, 24 ans, algérien, diplômé, CDI en poche, expulsable « Mon pays c’est la Terre.