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Vicky et Olivier : prendre soin d’eux, prendre soin des autres

Publié le 30 octobre 2011 par Simplicitevolontaire

Posted in Témoignage

Nous sommes solidaires, emportés par la même planète, équipage d’un même navire. — Antoine de Saint-Exupéry

Hier j’ai rencontré un couple, Vicky et Olivier, au Hameau des Buis, et il faut absolument que je vous raconte comment ça s’est passé.

Le parcours

Déjà ils habitent dans une cabane, construite de leurs mains, ce qui n’est guère courant. Par contre du courant ils en ont, il vient de l’école d’à côté, c'est presque gratuit, et c’est même autorisé. C’est peut-être parce que cette école est alternative (pédagogie Montessori), et que in fine ils produisent de l’alternatif ?

En tout cas ça me paraît pas bien clair tout ça… Sans parler d’ampoule ou encore d’électricité, une école qui génère des alternatifs et qui produit beaucoup d’énergie, je ne suis pas sûr qu’elle fasse partie de notre Education Nationale. Par contre il paraît qu’en éducation pastorale ils se débrouillent, tu te rends comptes les enfants grandissent avec des chèvres et des poules ! Nous qui avons grandi à Paris, je trouve ça nettement moins exotique que les animaux du Zoo, quelque part.

Mais bon je te rassure, ce n’est pas la seule faune que l’on trouve par là. Dans ce coin d’Ardèche, ils ont aussi décidé de rassembler des vieux et des vieilles, c’était peut-être pour avoir la bonne moyenne d’âge avec les 60 enfants de 2 à 10 ans ? Bref, c’est un lieu in-ter-gé-né-ra-tion-nel. Intergénérationnel, moi j’ai compris que c’était un lieu où les vieux payent pour les enfants, où les adultes se mettent ensemble pour garder et éduquer les enfants, et où enfin les ados construisent pour les enfants. Mais attend une seconde là, ça, ça c’est l’inverse de chez nous !  Ici et partout ailleurs, c’est plutôt les vieux qui dépensent l’argent des plus jeunes (à travers le crédit), gaspillent leurs ressources, dérèglent leurs futurs écosystèmes !  Aller à contre-courant de l’histoire que l’on disait terminée, fallait oser.

Enfin bon, le plus bizarre, c’est quand même que Olivier et Vicky, pour revenir au sujet, ils travaillent depuis 4 ans sur le chantier de l'école, écologique forcément, participatif forcément (ah non ça c’est pas si courant que ça en fait…encore cette histoire d’électricité !), et tout ça bé-né-vo-le-ment !!

Comment ça ?, ils travaillent et en plus ils sont pas payés ? Et oui c’est ça la force d’un beau projet, ça permet de soulever des montagnes (bon ok ardéchoises…mais quand même : en vélo on les sent passer !). Mais bon, rien n’est perdu, les compétences en écoconstruction, apprises et acquises en posant des bottes de foin, est maintenant très recherchée, ça leur permet d’en vivre.

Et malgré tout ça, ils ne veulent même pas en faire un bizness. C’est franchement à désespérer de la Croissance Verte ! A force de vivre ici, ils ont surtout vu qu’un peu d’argent c’était suffisant, et à 1 000 € à deux et par mois, c’est royal. Ils vivent mieux que quand ils avaient une maison louée, deux boulots, une voiture, et surtout pas le temps de vivre. Résultat, Olivier fait quelques chantiers par ci par là lorsque les fonds baissent, et comme il le dit lui-même, il est moins stressé sur les questions d’argent.  Parfois il culpabilise un peu de ne pas être un bon chef de foyer responsable et sécuritaire, mais bon ça va il assume.

D’après eux, à partir de l’expérience du chantier participatif, c’est pas tellement la technique de la paille entre les murs qu’ils en retirent. Ce n’est pas non plus de l’argent du distributeur. C’est par contre une vraie et grande aventure humaine, où près de 2 000 bénévoles se sont succédés pendant 4 ans, tout ça pour construire un écolieu, et in fine garantir la pérennité de l’école alternative, encore elle. Bref, moi j’appelle ça « dépasser le passé » (et non du passé dépassé), eux ils appellent ça « construire le futur »… au fond c’est bien la même chose non ?

Analyse

L’histoire de Vicky et Olivier est intéressante à plus d’un titre.

Pas de fonds initiaux : on peut se libérer, même sans argent !

En février 2008, ils décident de tout plaquer, rendre la maison, acheter un camion (sans vouloir les vexer, c’est plutôt une grosse fourgonette…), l’aménager en mini-camping-car et… partir, tout simplement. Ils n’ont pas d’argent de côté particulièrement, juste l’envie de partir.

L’origine Péruvienne de Vicky a peut-être aidé, car petite elle a grandi avec pas grand-chose et donc se sent en confiance de ne pas posséder beaucoup, elle sait qu’ils s’en sortiront et elle est débrouillarde.

Pour prendre une décision, les motivations peuvent  être multiples

Vicky souhaite surtout partir pour se sentir plus légère en possédant moins d’objets.

A l’inverse, Olivier souhaite surtout partir pour ne plus être obligé de travailler pour un boulot qui ne  lui plaît pas (chauffeur de car scolaire).

Ils partagent le même objectif, mais pour différentes raisons.

Il faut du temps pour définir ses rêves, du courage pour les essayer…et un peu de chance pour les réussir

Vicky et Olivier ont longtemps expérimenté, vivant au jour le jour, mixant les petits boulots avec des périodes de chômage, faisant des « saisons » (récolte de fruits, vendanges…) et expérimentant l’importation et la revente d’artisanat Colombien, pour finalement se fixer dans un travail de conducteur de bus pour lui et d’aide maternelle pour elle pendant des années, de commencer un jardin et de réhabiliter un vieux four à pain. Mais cette ébauche de vie simple ne suffisait pas à leur bonheur, c’était encore trop de contraintes, notamment le travail, peu valorisant.

Il  a donc fallu prendre son courage à deux mains, et tenter le saut en avant. Partir de chez eux, donner tous les meubles, devenir libre. Malgré tout, ce saut n’est pas si périlleux qu’il n’y paraît, car si cela se passait mal ils pouvaient toujours revenir en arrière, retrouver une maison, des boulots +/- identiques aux précédents… donc c’était prendre un risque, mais un risque limité (comme toujours, en fait).

Il aura fallu aussi un peu de chance, car lorsqu’ils sont arrivés sur l’éco-chantier participatif, qui débutait, ils étaient loin de se douter de la suite des évènements. Il y a bien sûr eu des couacs, des moments difficiles, un apprentissage long et parfois douloureux de la vie en (grande) communauté, mais surtout ça a été un grand moment de partage qui ont ouvert les horizons. En plus de peu à peu adhérer complètement au projet, ils ont largement contribué aux bien-être de tous, ce qui a permis au chantier d’arriver à destination.

Maintenant, ils ne souhaitent pas vraiment rester sur-place, bien que beaucoup de leurs amis y vivent. Ils voient ces années comme une expérience, certes magnifique mais qui a aussi une fin. Sans trop encore avoir décidé (le chantier devrait terminer d’ici un an), ils voudraient peut-être créer leur propre projet… peut-être que cela impliquera là aussi des bénévoles, en tout ca on peut être sûrs qu’ils seront bien reçus.

 Et vous, qu'en pensez-vous ?


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