L'argument du Tueur est on ne peut plus simple, et le développement idem : se sachant poursuivi par un tueur à gages, un financier décide de lui demander un sursis de quelques jours, le temps de mettre un peu d'ordre avant de se livrer et de se faire buter en toute tranquillité. De cet étrange pacte naît un film un peu torve, qui oublie bizarrement de parler de la mort, préférant se concentrer sur l'anecdote et la solitude de ses quelques protagonistes. L'ambiance? Bah. Anger n'a apparemment rien d'un grand metteur en scène, et le milieu de son film ressemble davantage à un long moment d'attente qu'à un plongeon dans une noirceur délicieusement léthargique. Heureusement, les acteurs répondent présents. Gilbert Melki est impeccable, mais c'est un pléonasme ; quant à Grégoire Colin, il sort enfin de ses éternelles postures d'acteur doué mais trop sale con pour être appréciable. C'est le duel à distance entre ces deux hommes qui maintient Le tueur sur ses rails un peu fragiles.
Puis les langues se délient, la situation aussi, et Anger dévoile ses véritables intentions. Non, Le tueur n'est définitivement pas un film d'ambiance, ni même un polar, mais simplement un petit drame faussement retors qui joue sur de maigres idées de scénario. Du minimalisme au vide, il n'y a qu'un pas, qu'Anger ne franchit heureusement pas. Il s'en faut quand même de peu, et l'on espère que son deuxième long-métrage tiendra davantage au corps et ne se contentera pas de tabler sur un faux mystère vaguement intrigant mais pas du tout satisfaisant.
5/10